Valls et Taubira: la corrida parfaite !

 

 

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Je terminais mon dernier billet sur la  » drôle de guerre Hollande Valls  » sur cet avertissement :  » Attention à la corne gauche, Manuel, elle pourrait être fatale! …  » Eh bien nous y voilà ! Deuxième faena face à Taubira, au centre de l’arène et sur le flanc le plus sensible de la culture de gauche: la justice et la justice pénale en particulier. Devenue l’icône du Boboland avec le mariage pour tous, en bel animal politique elle  pousse son avantage en visant la cuisse droite de son gouvernement – son gouvernement en effet puisqu’elle déclare qu’elle ne  » supporte pas d’avoir un patron  » . L’officiel, Ayrault jouant, il est vrai, au moniteur de centre aéré à l’Elysée tandis qu’ Hollande lambine avec titine à la Lanterne ! Pendant ce temps, dans l’arène médiatique, à la sombra , fusent des  » Olé! Suerte Manuel ! « , Ciotti et ses amis agitent leurs mouchoirs et réclament des oreilles ; al sol ,  la caste de la dame est louée par le syndicat de la magistrature, qui s’indigne et affiche  sur son mur un nouveau con ; des  » paso doble  » retentissent, des anti corrida crient , la grâce et la mort  du toro et du torero sont exigées par tous et pour tous, la fin du combat et l’interdiction de ces jeux aussi … En vain sonnent les trompettes ! Montebourg, encorné à la cuisse gauche, a passé son tour; désormais c’est Manuel qui tient l’épée; et fait valser à droite !

Valls Hollande : drôle de guerre !

 

 

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Drôle de guerre que celle opposant Valls et Hollande. Un classique de la cinquième: Pompidou et le Général, Giscard et Chirac, Mitterrand et Rocard, Nicolas et Jacques, quelle histoire ! Au tour donc de Manuel et François. Quand le Président termine sa tournée de premier ministre à la Lanterne, son premier flic bat les estrades médiatiques et peaufine son profil de  » présidentiable « . Du Sarko, pur jus !  Hier encore sur le port du foulard islamique dans l’enseignement supérieur. Sa collègue Fioraso – il paraît qu’elle s’occupe des universités – considère-t-elle que le port du voile ne pose aucun problème, que Manuel, lui, benoîtement observe :  » il y a des situations qui mériteraient d’avoir plus de cohérence : dans les universités, c’est possible, dans les IUT, c’est interdit… ». L’autre jour, c’est à Taubira – son meilleur agent électoral – qu’il s’en prenait en soutenant son commissaire de Dreux excédé par le parquet de la dame. Sur le flanc droit de ce gouvernement de gauche, il installe dans l’opinion,  » mano a mano « , une  présidence en creux : la sienne! En déroulant la prose de Buisson, sans le dire mais en le sachant : la sécurité, la laïcité, la lutte contre le communautarisme…Il fait feu de tout bois ! À l’inverse de mes collègues, murmure-t-il à l’oreille des médias, pas question de lanterner pendant ces vacances … On comprend que Sarko l’ait voulu dans son équipe ! Même ambition, même volonté et même habileté dans sa stratégie de communication. Du bel art ! Le public, qu’il torée en s’appuyant sur les faiblesses d’Hollande et l’inexistence de l’UMP, s’enthousiasme :  » Olé!  » Mais attention à la corne gauche, elle pourrait être fatale…Comme toujours au moment de l’estocade! Suerte Manuel !

Hollande ou la géographie du pire.

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La phrase la plus stupide de la semaine est sortie de la bouche de notre  « Moi Président François » lors d’un déplacement à Auch. Catégorique, comme un prof à l’ancienne,     il a osé déclarer que « La politique du territoire, la politique de la ville, elle concerne tout l’espace français ». Passons vite sur la grammaire, elle est celle des guignols de l’info, mais la géographie !… Car à le suivre, en effet, la ville recouvrant tout notre territoire, sa politique s’appliquerait aussi en Terre Adélie !… Et pourquoi donc n’irait-il pas y signer, comme dans la capitale du foie gras , un emploi franc ? Décidément, après la Macédonie et le salut au peuple chinois offert à ses hôtes japonais, il serait peut être temps de lui offrir  un GPS. Napoléon disait que la politique d’un Etat était dans sa géographie, la géographie d’Hollande, elle, est dans sa politique. On s’y perd !… 

L’intégrisme du « politiquement ricanant » !

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Alain Finkielkraut, a cette vertu de chasser tous les conformismes de notre  époque. Le politiquement correct est son terrain de prédilection. Mais aussi ce qu’il appelle le « politiquement ricanant ». Vous savez, ces Guillon et consorts, dont la fonction première est de rameuter sur les tranches horaires les plus rentables le maximum d’auditeurs afin de les gaver d’infos et de pub. Eh bien ce matin ! je tombe sur un extrait de l’essai de François l’Yvonnet  » Homo comicus ou l’intégrisme de la rigolade «  , qui dit parfaitement ce que je ne saurais mieux dire. Le voici

La France, entre peurs et vanités !

 

 

 

 

 

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Pourquoi donc ne pas se contenter de reprendre ici cette partie d’un texte publié hier dans  » le Monde.fr  » ? Le style de son auteur est aussi élégant qu’est claire sa pensée sur la France, ses peurs et ses vanités…

 

 » Celle-ci ( l’Union Européenne ) doit se renforcer, mais elle ne sera pas une France agrandie, et nous devons chercher avec modestie ce qui nous rapproche, nos capacités complémentaires et nos limites communes, avant de nous flatter de nos différences.

Nous sommes sans doute moins différents des autres Européens que nous ne l’imaginons, mais parce que ce que nous sommes aujourd’hui ne correspond pas à un passé que nous idéalisons, nous paraissons parfois hésiter entre la rhétorique arrogante de la grandeur et les jérémiades du déclin. Or, pour changer, pour définir ce que nous voulons devenir, il faut d’abord nous réconcilier avec ce que nous sommes. Nous tombons trop souvent dans un défaitisme incompréhensible pour un observateur extérieur. Même si la permanente insatisfaction française nous aide parfois à rebondir, elle peut devenir destructrice quand elle devient déni de réalité.

Aujourd’hui, pour paraphraser Churchill, la France ne doit craindre que ses propres peurs, qui l’empêchent de voir le monde tel qu’il est, riche d’opportunités nouvelles avant d’être source de menaces. Elle doit définir des ambitions et un modèle de société à la mesure de ses moyens, qui sont substantiels mais pas illimités. Elle ne doit pas avoir honte de regarder ses voisins et même parfois de les imiter ; elle doit avoir le courage de faire avec eux des choix difficiles, sans prétendre qu’elle peut tout faire, et surtout pas toute seule. Sans arrogance ni défaitisme, pensons un peu plus à la manière dont nous allons peser sur un monde dont nous ne sommes plus le centre mais que nous avons les moyens d’influencer, en définissant avec nos partenaires européens un projet commun. « 

 

Jean-Marie Guéhenno (Ancien président de la Commission du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Professeur à l’université Columbia (New York))