Yves Jeuland. Le Président de la Région Languedoc-Roussillon et sa Vérité.

     

   

Le réalisateur Yves Jeuland a filmé Georges Frêche pendant sa campagne régionale de septembre 2009 à mars 2010: son dernier combat électoral. Un documentaire admirable, fascinant.

Une leçon sur une des façons de concevoir et de vivre la politique qui tient toute dans ce postulat frêchien énoncé devant ses étudiants : « Les électeurs sont des cons. » Précepte que son directeur de cabinet Frédéric Bort lui rappelle avec la fougue du courtisan (un dircab n’ayant d’autre fonction que de renvoyer à son patron l’image qu’il se fait de lui-même): « Il faut mentir, sortir des chiffres avec de l’aplomb, dire que vous avez fait le double, etc. C’est ça qui compte, c’est l’essentiel. En période électorale, n’importe quoi peut se dire et peut être accrédité de la même manière, alors même que c’est faux. »

Le joug de la transparence.

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La semaine passée aura donc été celle de WikiLeaks. Cette machine à « révélations » prétendument planétaires mais exclusivement américaines qui fait trembler les « puissants » de ce monde. La méthode est, il est vrai, novatrice. Elle fait les beaux jours d’une presse « sérieuse », qui légitime le vol de documents au nom  transparence. Le citoyen doit tout savoir, absolument tout, de ce qui se dit, se fait, se pense, se rêve, se trame partout où des puissances, des pouvoirs locaux, micro-locaux, d’États, ou d’entreprises prétendent agir au nom d’un « intérêt général ». Non pas en Chine, en Iran et dans les dictatures de toutes sortes ! Non, non! Trop compliqué et trop dangereux. Mais ici même, dans nos sociétés démocratiques présentées comme les seules responsables de tous les maux subis par l’humanité entière. De l’Histoire en direct en quelque sorte ! Où tout le monde devrait pouvoir écouter tout le monde, la méthode important peu. Au point qu’on se demande au nom de quels principes les journalistes eux-mêmes, qui légitiment et tirent profit de ces pratiques, devraient s’indigner d’être mis sur écoute ou de constater le vol de leurs ordinateurs et de leurs poubelles. Dans une société où les règles de responsabilité, de confidentialité et d’auto censure ne sont plus considérées comme devant réguler et modérer les rapports entre les hommes et les institutions, tout est en effet permis. Hier, un valet de chambre enregistrait les conversations de Madame Bettencourt.Tous les jours des PV d’auditions sont publiés dès la sortie de témoins du bureau d’un juge. Aujourd’hui, on balance des mémos diplomatiques… Demain, c’est le journaliste du  » Courrier des Corbières  » qui sera suivi par Google ; et après-demain on viendra fouiller dans mon courrier et celui du voisin. Sur Internet ou dans nos boîtes aux lettres. Enfin transparents! Et sous le joug permanent et inquisitorial de tous.

La société du divertissement.

 

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Depuis quelques semaines, on observe, sans vraiment s’y intéresser plus que de raison, la petite et vaine agitation politico-médiatique produite par l’annonce, aujourd’hui réalisée, d’un imminent remaniement ministériel. Trop tard, trop long, Borloo contre Fillon, Fillon contre Borloo… Bref, les commentaires ont plu et continueront à tomber encore pendant quelques temps. Inutiles et farfelus. Personne n’ayant voulu relever que Nicolas avait pourtant annoncé qu’il remanierait après la réforme des retraites. Ce qu’il a fait. Et qu’il continuerait sur la même voie. Ce qu’il vient de faire en renommant le premier ministre sortant. Tout, dans cette affaire, le fond comme la forme ressortit donc du non-évènement. Une sorte de vide politicien. Du rien néanmoins transformé par l’industrie médiatique, la vanité de quelques uns  et l’ennui de beaucoup en divertissement. Qui les occupe tous entiers et les dérobe à eux mêmes…

Question d’identité, suite.

 

 

 

J’avais promis à mon ami blogueur P-H Thoreux de poursuivre notre discussion sur l’identité française ( voir billet en lien ). Voici ma lecture de l’article de Finkielkraut à l’origine de cet échange :

En conclusion de son texte : « Etre français par la littérature. », Alain Finkielkraut (A.F) nous dit : « Je ne veux pas me détourner des urgences du présent, mais je ne vois pas comment une politique digne de ce nom, c’est-à-dire une politique qui soit souci du monde, pourrait faire l’économie de la culture et s’affranchir du passé. » 

Loin donc de tout repli frileux et nostalgique sur une France et des français du passé mythifiés dans leur amour et leur fierté qui ne seraient plus, A.F nous invite au contraire à penser un présent où la culture et l’histoire de ce pays font l’objet d’un déni systématique  d’existence, quand elles ne sont pas étroitement bornées au seul horizon historique de 1789.

Trop lourdes, trop difficiles et demandant trop de temps, la culture et sa langue, comme l’histoire, sont devenues, en effet, des obstacles, dans l’esprit de nos élites modernes, à l’intégration (ne parlons pas d’assimilation, terme devenu infâme) de populations venues d’autres horizons culturels comme de celles résidant en France depuis quelques générations, d’ailleurs…

Etre français, se résument donc, pour ces esprits, à la possession d’un « titre » garantissant l’accès à des droits juridiques, politiques et sociaux. Et sans aucune autre « contrepartie » que la participation aux dépenses communes par l’impôt (exonérée ou pas). Une conception essentiellement juridico-politique qui, à la limite, place tout individu habitant notre planète, et pour peu qu’il adhère, ne serait ce que formellement, à nos valeurs constitutionnelles, en situation de se revendiquer « français ».

Une « francité » qui, de fait, promeut un « être » a-historique et a-culturel, délesté de toute référence à cette dimension spirituelle (conceptuellement difficile à cerner, j’en conviens) dans laquelle se trouve fondue une histoire et sa projection dans l’avenir, une langue et sa capacité d’énonciation, une culture et sa faculté d’adaptation. Et qui, comme le note Koz, dans un de ses billets, « ramène l’identité nationale à quelques grands principes, certes louables, mais si généraux et communément partagés qu’ils sont évidemment impuissants à caractériser une quelconque identité française  ». Avec, conséquemment, comme seul statut d’appartenance celui de client, de consommateur et de créancier d’un Etat-Providence désincarné.

Un Etat-Providence désincarné ne disposant cependant plus, en outre, des ressources économique, financières et militaires qui lui permettraient de peser dans les débats internationaux et de mobiliser ses ressortissants  autour de  ses seuls attributs de la puissance .

Dans ce contexte, comme les autres nations européennes, la France et les français n’ont d’autres choix, s’ils veulent survivre dans le monde à venir, que de transcender leur vieille identité pour la fondre dans ce qui fait l’identité européenne. Et, au-delà, « d’être fier de ce qui fait l’essence de la civilisation occidentale. »

 Les derniers débats sur « la charte européenne des droits fondamentaux » ne me rendant pas, hélas, très optimiste…

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