Ma première pensée a été de lui en coller une.
Ve 21.9.2024
« Putainng ! Vous voulez vous suicider ? Vous pouvez pas me laisser passer, nom de Dieu… Putainng ! »
Au volant de sa décapotable blanche, toit ouvert, à l’arrêt devant le passage piéton sur lequel j’étais largement engagé, cet homme, levant les bras au ciel, m’apostrophait. Face à lui, à portée de baffe, j’ai donc pu m’attarder un moment sur son visage bouffi, ses cheveux filasse, ses pectoraux avachis et sa bedaine gonflée à fleur de volant. Tout indiquait chez lui le rond-de-cuir veule et satisfait. Ma première pensée fut de lui en coller une. Une pensée seulement ; une pensée souvenir en quelque sorte. Juste le temps de repasser très vite des images de mes vingt ans. Curieux tout de même cet instinct ou ce trait de caractère qui, malgré son affûtage par l’éducation, notammen, ne manque jamais, en certaines circonstances, de s’exprimer. À l’état brut, si je puis dire. Finalement, cette scène n’aura duré qu’une minute ; peut-être deux. Je souriais et ne voyais plus cet individu. Je l’ai quitté en le laissant planté sur la chaussée. Il avait calé au démarrage…
Un rayon de soleil dans l’affairement quotidien.
Chambre 211, des couloirs et des miroirs on en trouve partout ailleurs.
Colette…
Di.25.8.2024
Colette.
Au moment de la quitter, ce soir encore, je l’ai embrassée en glissant mon cou sous ses narines. Elle aime les fragrances de lavande vanillée qui s’en dégagent. Et j’aime l’entendre dire alors, le souffle court, les yeux clos mais vivants : « tu sens bon ». Son visage alors timidement s’éclaire.
Il est 18 h30 et dans quelques minutes un aide-soignant ponctuel et méthodique lui apportera un insipide plateau-repas. Elle n’en prendra, servie par sa fille, qu’un petit bol de soupe de carottes ; puis elle avalera ses médicaments concassés et mélangés dans une cuillerée de compote. Comme tous les soirs depuis le 21 juin…