Jaume Cabré reçoit un prix des Vendanges Littéraires de Rivesaltes les samedi 4 et dimanche 5 octobre. Avec Confiteor, l’écrivain catalan plonge aux racines du mal qui a marqué l’histoire du XXe siècle. Rencontre. Entretien avec Serge Bonnery.
Quelle était votre intention au moment où vous avez commencé l’écriture de Confiteor ?
Dans « La révolte des élites et la trahison de la démocratie », publié en 1995, Christopher Lasch – C’est le dernier ouvrage du sociologue et historien américain – écrit ceci:
La démocratie demande un échange vigoureux d’idées et d’opinions. Comme la propriété, les idées doivent être distribuées aussi largement que possible. Pourtant, bon nombre des « gens de bien », selon l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes, ont toujours été sceptiques quant à la capacité des citoyens ordinaires à saisir des problèmes complexes et à produire des jugements critiques. (…) Le journalisme a été façonné par des réserves assez semblables sur les facultés de raisonnement des femmes et des hommes ordinaires. (…) Ce qui nous rappelle que c’est le débat lui-même, et le débat seul, qui donne naissance au désir d’informations utilisables. En l’absence d’échange démocratique, la plupart des gens n’ont aucun stimulant pour les pousser à maîtriser le savoir qui ferait d’eux des citoyens capables. (…) Une fois que l’on a déclaré que savoir et idéologie étaient équivalents, il n’est plus nécessaire de débattre avec vos adversaires sur un terrain intellectuel ou d’entrer dans leur manière de voir. Il suffit de les diaboliser comme étant eurocentriques, racistes, sexistes, homophobes – autrement dit, politiquement suspect. (…)
En ce dimanche soir, j’ouvre mon « Jardin d’Epicure », d’Anatole France. Au hasard des pages, comme à mon habitude, je note trois de ses observations et les dépose ici. En viatique d’un voyage hebdomadaire où elles éclaireront de leurs feux les mœurs de certains de nos coreligionnaires. Les nôtres, aussi…
J’ai trouvé chez des savants la candeur des enfants, et l’on voit tous les jours des ignorants qui se croient l’axe du monde. Hélas! chacun de nous se voit le centre de l’univers. C’est la commune illusion. Le balayeur de la rue n’y échappe pas. Elle lui vient de ses yeux dont les regards, arrondissant autour de lui la voûte céleste, le mettent au beau milieu du ciel et de la terre. Peut-être cette erreur est-elle un peu ébranlée chez celui qui a beaucoup médité. L’humilité rare chez les doctes, l’est encore plus chez les ignares.
L’intolérance est de tous les temps. Il n’est point de religion qui n’ait eu ses fanatiques. Nous sommes tous enclins à l’adoration. Tout nous semble excellent dans ce que nous aimons, et cela nous fâche quand on nous montre le défaut de nos idoles. Les hommes ont grand peine à mettre un peu de critique dans les sources de leurs croyances et dans l’origine de leur foi. Aussi bien, si l’on regardait trop aux principes, on ne croirait jamais.
Cet homme aura toujours la foule pour lui. Il est sûr de lui comme de l’univers. C’est ce qui plaît à la foule; elle demande des affirmations et non des preuves. Les preuves la troublent et l’embarrassent. Elle est simple et ne comprend que la simplicité. Il ne faut lui dire ni comment ni de quelle manière, mais seulement oui ou non.
Elle est allée dans sa chambre. Elle est revenue. Elle tenait un disque. Marcel Amont. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]
Déjeuner à l’Auberge des Jacobins. Nous y avons nos habitudes. Vanessa est à l’accueil. André est en cuisine. Ils sont jeunes. Ils sont sympathiques. La cuisine est simple. Les prix sont […]
Hier matin, boulevard Gambetta. M… Avec lui, c’est comme ouvrir une radio. Toujours la même musique : ce qui casse, ce qui brûle, ce qui rate. Le reste, ce qui fonctionne, ce qui tient encore debout, […]
Il était assis là, droit comme il pouvait encore l’être. Une doudoune, un souffle un peu court, les gestes comptés. Sur ses genoux, un petit chien. Léger. Silencieux. Les yeux tournés vers la porte, […]