Chronique de Narbonne: Hommage à Hercule Birat « poète narbonnais » !

IMG_1043Parmi les personnalités du monde des arts et des lettres qui vécurent à Narbonne, il en est une à qui je rends un hommage bien involontaire tous les matins en passant  devant sa maison natale de la rue de l’Ancien Courrier pour aller dans celle au rez-de-chaussée de laquelle se trouve la boutique d’Adeline, ma boulangère .

Facebook ! « C’est mieux que rien , dans cette solitude foisonnante où s’use laborieusement notre dérisoire temps de vie. »

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Pour qui connait Gil Jouanard, sa présence sur Facebook était tout simplement impensable. Et pourtant il y est, et  nous invite à aimer sur sa page Schubert, Jacques Douai, Fréhel…, que nous aimons. Il y écrit aussi, de temps à autre, de petites et subtiles  réflexions comme celle-ci, datée d’hier, je crois:

« Les réseaux sociaux ont en commun une ambiguïté en ce qui concerne la motivation de ceux qui y insèrent leur ego. Certains en usent pour se désenclaver dans cette humanité qui les ignore ou les isole. D’autres y trouvent ou croient y trouver l’occasion d’exprimer des idées qu’ils estiment être singulières ou qu’ils supposent partagées par ceux qui incidemment les partagent. Un certain nombre les utilisent comme on le fait des pages publicitaires d’un journal et y annoncent qu’ils vont faire, ou ont fait, ceci ou cela, publié tel livre, participé à tel événement ou à telle exposition. On en voit qui y recherchent l’âme sœur (ou le corps accueillant et disponible). Il y a ceux qui veulent intervenir sans frais mais de façon péremptoire dans les affaires du monde ou les événements circonstanciels dont « on parle » passagèrement. Quelques écrivains rentrés ou avortés les confondent avec un espace éditorial. On peut aussi y délivrer son instinct ludique (je confesse que je suis couramment de ceux-là). Un lied de Schubert, intitulé « Die Post », résume une attente, jamais satisfaite : celle de la lettre qui va tout changer et nous signifier qu’on est aimé, voire même que non existe. Facebook est moins pathétique car, plus trivialement, intimement ouvert à tous les vents. Mais si l’on sait lire et écouter, c’est bien un cri identitaire qui s’exprime au fond d’une bouteille confiée au hasard des flots d’anodins bavardages. En gros, disons que c’est mieux que rien, dans cette solitude foisonnante où s’use laborieusement notre dérisoire temps de vie. »

À cette réflexion de Gil, François Bon apporte ce petit commentaire: « oui, bon, on peut aussi dire que c’est la même fonction qu’aller au bistrot et le même plaisir, sauf qu’on choisit ailleurs que géographiquement les copains avec qui on y va ?! » et celui ci encore: « et puis les empêcheurs d’amitié on peut toujours les dégager discrètement, ce qui n’est pas possible dans la vie réelle ». Bien vu !

NB: Le site de François Bon le tiers livre est (ici)

Chronique de Narbonne ! Des murs comme des poèmes…

Narbonne.Coeur-de-ville.Quartier-de-Bourg.

Narbonne.Coeur-de-ville.Quartier-de-Bourg.

Les murs n’ont pas d’oreilles. Marqués par  le génie et la folie des hommes, les observer  toutefois permet d’en saisir l’esprit. Mais combien de peurs, de peines et de joies à jamais tues  aussi ? La  beauté de leurs lignes fait parfois oublier des traces de sang quand un pauvre muret révèle des trésors de sagesse.  Finit-on jamais d’en percer les mystères ?  Comme dans l’esprit d’un homme, chaque porte franchie débouche sur une autre. La dernière se perd dans la nuit des temps.  Le soir venu, les murs s’effacent. Restent leurs yeux carrés, qui brillent comme des étoiles. Des ombres les traversent ; puis une lampe s’éteint. Le silence tombe… Les murs de  ma ville, pour certains, sont couverts de poèmes. Qui prendra le temps de les voir comme on ouvre une porte, comme on lit un poème ?…

 

Entre identité et appartenance !

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« L’un des principaux effets pervers générés par le phénomène du communautarisme, très en vogue par les temps qui courent, c’est de confondre en un amalgame confus identité et appartenance. L’identité, c’est, pour faire simple, « qui je suis » ; l’appartenance la noie dans les eaux troubles d’une ambiguïté. Cette ambiguïté repose sur l’idée que l’on peut avoir, par esprit simplificateur, paresse mentale ou absence totale ou relative d’autonomie de pensée, de « faire partie » d’un ensemble qui nous englobe et finalement nous « définit » (en nous éludant pourtant de façon insolente). Prenons un cas pour nous faire mieux comprendre. Ce sera le mien car j’en maîtrise les coordonnées spatio-temporelles et n’en parle pas au hasard, mais en connaissance de cause et avec une objective subjectivité. Je suis né à (et en) Avignon. Bon : je suis donc présumé comtadin ou si l’on préfère, de façon plus élargie, provençal. Mais ma mère était Lozérienne issue de Lozériens probablement depuis le Néolithique, voire même depuis l’Aurignacien. Quant à mon père, fringant Celto-ligure ardéchois, d’origine huguenote quoique farouchement athée, il vient d’un très ancien métissage entre Ligures récurrents et Celtes dominants. Il avait de fait la prestance des Salyens dont se méfièrent avec raison les Massaliotes et que surent amadouer les Romains pragmatiques. Alors, quoique natif du Comtat Venaissin autrefois papal et tiraillé entre l’imaginaire d’Henri Bosco et le laconisme éphésien de René Char, suis-je plutôt Celto-ibéro-ligure, quasi bougnat, et finalement plus proche de Pascal, de Pourrat et de Vialatte (qui ne se ressemblent en rien eux-mêmes entre eux…) ? Ce serait assurément compter sans le fait que mon enfance fut nomade et cosmopolite et que, peu avant d’entrer dans la trouble confusion de la préadolescence, soit à onze ans, je fus plongé dans un bain de lourde germanité semi-rurale et post-polémologique. Je m’y noyai à demi et n’en ressorti qu’imbibé à jamais de romantisme récurrent.Si bien que, élevé par moi-même, à ma seule guise et au gré de mes intuitions, je fus non pas un Provençal ou un péri-auvergnat hercynien, mais un patchwork culturel schubertien, un contemplatif « objectal » chardinien et, ma foi, disons les choses, un inclassable radical, virevoltant de Marin Marais et François Couperin à Franz Schubert, dit Petit Champignon, et du maître absolu des natures still life au subtil paysagiste brumeux balto-saxon amateur de solitaires contemplatifs. Et ma verve plumitive (ou désormais informatique) ne manque jamais une occasion d’attester les effets induits de cet étrange et irrationnel mélange. Je suis donc un patchwork : telle est mon identité : je n’appartiens à rien ni à personne, sauf à tous ceux qui, d’ici de là, m’ont forgé une âme complexe, contradictoire, mais aussi espiègle et gourmande. Je vous en souhaite de même et vous m’agréerez d’autant plus que vous serez des miens, des nôtres, c’est-à-dire de ceux qui ne sont de nulle part et n’appartiennent à rien d’artificiel (une nation, un peuple, une religion, ainsi de suite…) ni à cet autre artifice : une conviction inébranlable, une foi indélébile, citoyens de partout et de n’importe où, en quête d’un seul Graal (mais bien réel et aisément atteignable) : la beauté, la grâce, qui n’a rien à faire avec les dieux ou avec Le Dieu, mais avec ces deux prodiges : la vie et vous-même en personne, doté d’une identité unique et irremplaçable. »

Entre identité et appartenance, de Gil Jouanard :

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