Moments de vie : Emballez, c’est vendu.

Moments de vie : Emballez, c’est vendu.

À la recherche d’un cadeau pour Milo. Six ans aujourd’hui.

Dans l’espace Enfant de Cultura, des montagnes de livres et de jeux sur les dinosaures. Milo en a plein le garage de ses parents. Des gros, des petits. À roulettes, sur pattes. Avec des queues de toutes tailles. Longues, courtes. Lisses ou bardées d’éperons. J’avais juré de ne pas en rajouter. Peine perdue. Il en veut encore.

Éclats de mémoire.

Le grand café n’est plus. Il en reste un morceau, côté Robine. Le 89. Un Australien, ancien du Racing, tient la maison. Le reste, celui de l’angle, s’est fait boulangerie-pâtisserie. Devant, la terrasse. Nous y étions encore hier. Nous aimons prendre, régulièrement, de grands cafés crème.

Transfuge !

Transfuge !

Serge Griggio m’a offert le dernier livre de Gilles Moraton : « Transfuge » (Maurice Nadeau, 2025) .

Il savait qu’il me toucherait. Nos origines identiques : prolos du sud, familles espagnoles trempées de communisme, ascension rude vers les livres. Narbonnais aussi. Mais plus jeune : 66 ans.

Moments de vie : N’oubliez pas !

J’aime ce nom. Rue du Bois Roland. Il sonne juste.

Je la prends souvent. Pour marcher. Pour respirer.

Des maisons basses. Des murs pâles. Des jardins serrés contre la rue.

Devant l’une, les belles de nuit débordent. Fleurs, graines.

Petites perles noires tombées sur le trottoir.

J’en ramasse. J’en sèmerai autour de ma cabane.

« Pardon Monsieur ! »

Voix claire. Une femme âgée dans un fauteuil roulant. Un homme la pousse.

Le bras droit immobile. Les yeux, vivants.

Elle me sourit. On s’excuse ensemble.

Plus loin, une maison bleue.

Le portail, les persiennes, les fleurs. Tout bleu.

Je touche les branches. Fines. Fraîches.

« Pardon Monsieur ! »

Encore elle. Même sourire.

— Je cherchais des graines.

— Il n’en fait pas, dit-elle. Mais je peux vous faire des boutures.

Un pot. Oui.

Elle ouvre son portail.

— N’oubliez pas.

Je promets. Le vent se lève.

Les fleurs bougent. Le bleu tremble un peu.

Et je me dis qu’il suffit d’un geste offert

pour que la vie reparte.

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