Dans l’ombre du Kremlin.

Je me méfie toujours des livres fraîchement parus, ces œuvres que la rumeur critique, souvent complaisante, encense ou démolit sans recul. Trop de bruit, trop d’échos parasites. J’attends que le temps fasse son œuvre, qu’il trie, qu’il efface ou qu’il consacre.

À propos du livre d’Alexandre Moatti : Un certain M. Fabre – Valéry, Gide, Aragon et les autres…

Le retour d’un certain M. Fabre

À propos du livre d’Alexandre Moatti : Un certain M. Fabre – Valéry, Gide, Aragon et les autres… Éditions HD.

Lucien Fabre.
Un nom qu’on croit inventé. Et pourtant.
Goncourté, publié chez Gallimard, ami de Valéry, en délicatesse avec Einstein, flingué par Gide, haï par Aragon, courtisé par Blum, puis… effacé. Rayé des mémoires. Un de ces météores de la IIIe République qui brillent dans tous les sens avant de se consumer sans bruit.

Alexandre Moatti en fait un livre rare : ni biographie, ni panégyrique, mais une quête fraternelle. Le récit d’un homme d’aujourd’hui qui suit la trace d’un homme d’hier, par empathie plus que par nostalgie. Ce n’est pas une réhabilitation, c’est une conversation.

Benjamin à la plage.

Me 23.07.2025

Il passe tous les jours devant ma cabane. Vers quinze heures.
Trente ans peut-être. Blond. Le visage doux.
Il dit « Bonjour » sans insister. Toujours avec la même jeune fille. Discrète. Ils se ressemblent.
Il tire une petite remorque. Parasols, chaises, serviettes.
Et tout ce qu’il faut pour pêcher.
Sur la plage, ils s’installent un peu à l’écart.
Ils se baignent. Moins que les autres.
Lui, il prend un masque et un tuba. Il part loin, chercher des appâts.
Elle l’attend.
Puis lui caresse les cheveux.
Il rêve.
Quand la plage se vide, il plante ses cannes dans le sable. Lentement.
Seul.
Parfois il prend deux dorades. Trois, rarement plus.
Ce soir-là, le ciel était rose, lavé de bleu.
Benjamin ne bougeait presque pas.
Ses gestes épousaient le murmure des vagues.
Il respirait avec la mer.
C’était le dernier souffle du jour.

Articles récents