Deux ouvrages écrits par des narbonnais soucieux du patrimoine, de sa valorisation et de sa découverte par le plus grand nombre: résidents permanents ou de passage, sont désormais disponibles dans les librairies du centre ville de Narbonne. D’un genre très différent, ils ont le mérite de sortir du cadre restreint des livres érudits destinés à un cercle très étroit d’initiés et du tout-venant des brochures – et cartes – touristiques distribuées dans les principaux lieux visités de la cité.
Serait-ce le début d’une vraie politique de valorisation, sur la longue durée de ce mandat municipal, et de ceux qui suivront, indépendamment de leur « couleur » politique, de l’ensemble patrimonial constitué par la cathédrale Saint-Just Saint-Pasteur, la cour Saint-Eutrope, le Jardin de l’Archevêché et l’ancien palais des Archevêques? Un ensemble longtemps négligé dans l’histoire de cette ville, au point qu’il peine encore à devenir sa carte de visite. Comme le note Chantal Alibert dans son « Histoire d’un regard patrimonial et touristique : l’exemple de Narbonne (XVIe-XXe siècles) » , chez Privat: « Nîmes a sa Maison carrée, Béziers sa cathédrale, Carcassonne sa Cité, Perpignan son Castillet. En revanche aucune image patrimoniale forte n’est spontanément associée à l’évocation de Narbonne. »
Comme tout territoire, Narbonne n’est pas entièrement lisse et homogène. Au contraire, c’est un agrégat de quartiers, d’ îlots qui ont leur histoire, leur style ainsi que leurs frontières invisibles. Promenez-vous par exemple rue Cabirol, puis bifurquez sur la place Cassaignol : vous avez traversé un espace très bref et vous voilà dans un changement total d’ambiance visuelle et sonore. Il y a comme bio-diversité appliquée à la Ville, où ce ne sont plus les espèces mais les espaces qui apparaissent, se développent, et où d’autres sont menacés ou en voie d’extinction.
La dernière fois que je l’ai croisé, c’était sur la place Verdun. Il revenait des Halles, je sortais de chez Adeline, notre boulangère. Peut-être s’y rendait-il ! Souvent nous nous y retrouvions, en fin de matinée. Malgré son grand âge, 96 ans, sa haute et puissante stature en occupait tout l’espace, déjà très restreint. Et son « bonjour », grave et profond, donnait au lieu et au temps toute leur épaisseur. Cet homme, je ne le reverrai plus.
Ces deux notions n’ont pas de définition universelle, mais appliquées à une ville, le charme est du côté de la subtilité : les ambiances, les couleurs, ce qui possède un caractère de proximité et échappe à la symétrie, à la répétition.
La beauté s’accommode très bien du charme, mais elle suppose un plus, une puissance, que ce soit celle d’un monument, ou d’une vue perspective. Elle produit des images mémorables et gagne trois étoiles au guide Michelin.