Une fin de journée d’été sur la plage, à Gruissan…

 

Hier en fin d’après midi, quand le soleil perd de sa superbe et les vacanciers  quittent la plage. À quelques jets de parasols, un homme et une femme face à la mer,  assis sur des fauteuils en toile plastifiée. Elle, plus haute perchée, à l’abri d’une visière à « l’américaine », plongée dans ses « mots fléchés » ; lui, presque au ras du sol, la tête et le haut de son corps sous une serviette informe et décolorée.

Au domaine de La Rochelierre, on cultive aussi un art français de la vie…

     

Le domaine de la Rochelierre est situé au coeur du village de Fitou, entre mer et Corbières. J’y étais mercredi soir, répondant à l’invitation d’un ami. Si je connais son propriétaire : Jean Marie Fabre, j’ignorais précisément où se trouvaient le caveau de dégustation de ses vins et sa terrasse. Un magnifique ensemble architectural  où notre hôte  et sa femme nous ont reçu dans un ensemble parfait associant une gamme exceptionnelle de leurs vins, aux cochonnailles, fromages et glaces de leurs amis Xavier et Céline. Deux guitaristes de talent (Les Fill in Guitar) ajoutaient à la douceur de la nuit un jeu d’une subtilité rare dans ce genre de circonstance. Au loin, basse et « rousse », immense et pleine, la lune, elle aussi généreuse, éclairait un fond de « tableau » sur lequel des trains de nuit traçaient à intervalles irréguliers  de vifs et fuyants éclats lumineux. Comme en offrande à la grand-mère de Jean Marie, décédée quelque heures avant le début de cette soirée. À l’occasion d’une « dispute » sur les réseaux sociaux, je défendais contre les néo-puritains de notre époque, les vertus et les valeurs d’un art français de la vie. Un art de la composition où se  mêlent harmonieusement gastronomie, vins et culture — et patrimoine : celui d’un terroir et d’une famille. Émilie et Jean Marie Fabre ont à l’évidence ce don… Et ce soir là fut un véritable bonheur !

     

Illustrations : @domainedelarochelierre

Une soirée au Café de la Paix, à Gruissan…

   

   

C’est un café à l’ancienne en plein coeur du village. Son intérieur est celui d’un bateau. Sobre. Comme ceux qui naviguent au loin. Sa terrasse, à angle droit, s’étend sur les trottoirs de la place du maréchal Joffre. Elle ouvre sur la rue de la République, en face, et sur la Grande Rue, côté droit, qui mène, d’un trait, à l’église, située au pied de la tour Barberousse. Rue Espert, à une dizaine de mètres environ, on trouve son « concurrent » : le Joffre. Un condensé symbolique de la grande histoire…

Deux heures loin du bruit et du désordre « mondain »…

Hier matin, longue marche de la passerelle entre Deux Villes jusqu’à l’écluse de Raonel. Deux heures d’efforts physiques et de quiétude morale. Ou plutôt de distance intellectuelle avec le bruit et le désordre « mondain ».

Scène de la vie narbonnaise : un café chez E…

9h 30 chez E… Je m’installe dans un coin de la salle, face au comptoir, et commande un café – la spécialité de la maison ! Seul à ma table, l’autre déserte, j’occupe tout  ce petit espace avec un léger sentiment de béatitude – à 8h 30, j’étais dans le fauteuil d’un dentiste ! Arrive un couple de « retraités ». Ils s’installent à ma droite. Lui sur la banquette, elle sur une chaise. Les effluves agressifs d’un parfum bon marché cassent aussitôt les goûteux arômes des graines ici torréfiées, plombent son apaisante ambiance.

« Lui », manifestement taiseux, se tait. « Elle », indubitablement bavarde, commente un journal  : « Aujourd’hui en France » ! On dirait qu’elle parle dans un  vieux micro déréglé. Les aigus montent et descendent sur un rythme syncopé. Un véritable supplice !

« Ils ont joué à huis clos. Tu as vu ? Ça veut dire quoi… La femme qui a mis  le feu. Tu as vu ? Ça veut dire quoi… Le petit-fils d’Alain Delon. Tu as vu ça ? C’est  son fils… Il l’a eu à quel âge son fils Alain ? Tu as vu ça ?… La banque, elle bloque la carte…  èèèhhh ! Tu as vu ?… C’est ça qu’ils sont allés voir… èèèhhh !… J’aime pas rester assise. Ça ne m’intéresse pas… èèèhhh ! C’est calme ici… Tu as vu ça ? èèèhhh ! »  Lui  : « Oui, c’est calme… »

Je sors à cet instant précis. Quel ciel ! Quelle beauté ! Les amandiers sont certainement en fleurs…

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