Les loups dans la rue!

Dans le Monde, une dame, philosophe de son état, s’interroge gravement :  » Quel est le crime de Jean-Marc Rouillan? «   Sa réponse: non pas le meurtre de Georges Besse et son absence de regret mais  » … d’être cohérent avec lui-même. Et, là, tout le monde est bien embêté, à gauche surtout, parce qu’il devient le miroir de nos hypocrisies et de nos petits arrangements avec nos utopies. » En clair: la gauche réformiste est incohérente et hypocrite. Elle a troqué ses idéaux contre de petits accomodemments et s’est révélé incapable de construire  » un espace politique qui prenne en compte nos aspirations au bonheur, à la reconnaissance et à la justice. » Que ça!  Vient enfin la menace que je voyais poindre dans mon billet d’hier et qui s’exprime ouvertement aujourd’hui dans le quotidien de nos élites:  » Nous vivons à une époque où le capitalisme a atteint son maximum de violence. La crise financière exige des têtes, des coupables à désigner à la vindicte populaire. C’est fait, on peut même dire qu’il y a consensus sur le nom des coupables. Mais, attention, nous pourrions prendre M. Sarkozy au mot, et aller attendre Carlos Ghosn à la sortie de l’usine pour lui demander des comptes. »  Le message est limpide: ne nous trompons pas de bouc émissaire , Jean Marc Rouillan ne doit pas être celui de notre  » propre impuissance « , car en lui s’incarne la pureté et la noblesse de nos idéaux trahis. Feu donc sur celui qui semble faire consensus: ce Carlos Ghosn au nom exotique et imprononçable! Les loups sont déjà dans les colonnes du Monde. A quand dans les rues?

Le refoulé du Crédit Lyonnais.

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Il  serait quand même temps de rappeler un certain nombre de vérités à tous ces professionnels de la bonne conscience sociale et politique satisfaite de ses bonnes intentions et oublieuse de ses turpitudes. Ainsi à propos du Resolution Loans Trust (RTC), qui va reprendre les crédits douteux des établissements financiers aux Etats-Unis, ne manque-t-on pas d’ironiser à gauche en rappelant ( ils feraient mieux de se taire ) que Busch agit comme Mitterand l’avait fait en créant un Consortium de Réalisation (CDR) pour éviter la faillite du Crédit Lyonnais. Et de préciser– sans réfléchir – « c’est la nationalisation des pertes après la privatisation des profits ! » Comme si les pertes d’ une banque nationalisée française devaient être payées par quelqu’un d’autre que le contribuable! Avec cependant une différence notable  » …Fannie Mae et Freddy Mac ont été renationalisés par un Etat libéral APRES une crise systémique, alors que le CDR a été établi par un Etat socialiste pour défaire les investissements hasardeux propres d’un Crédit Lyonnais déjà nationalisé. Il était piloté par un membre de la Noblesse d’Etat lui aussi socialiste… Des deux côtés, pas plus de contrôle ! Caste d’Etat ou caste libérale, même résutats.  »  ( Cf le blog Fugue et Fouge, lire aussi le reste de l’article,épatant!… ) Sauf que, pour contrer la libérale on peut recourir à L’Etat alors que pour la première, nichée au coeur même de l’Etat central, entre caste et copinage elle déconsidère l’Etat et la politique . Cela dit, les dirigeants du Crédit Lyonnais de l’époque ont écopé d’une amende de 53 000 euros !!!, le directeur du Trésor dirige la BCE et les ministres des Finances font toujours carrière. Une conception très française de la morale dans  les affaires dès lors qu’elles sont entre les mains d’une côterie dont les bonnes intentions sociales l’absolvent de tout crime ou délit. Aux Etats-Unis, aujourd’hui, le FBI enquête…

Démocrate et républicain à la fois…

Un article paru dans le Monde qui sort du brouhaha quotidien sur la crise financière américaine. Extraits:

 » L ‘Amérique croit fondamentalement à son capitalisme.Les citoyens américains pensent cependant que celui-ci a désormais besoin de plus de régulation et que l’absence de contrôle des institutions financières a mené à la crise. 62% partagent cet avis selon un sondage du Los Angeles Times. Les citoyens soutiennent le plan du gouvernement pour sauver Wall Street et les institutions financières aux deux tiers environ, soit au-delà des frontières partisanes (enquêtes du Pew Research Center ou de CNN) « 

 » Structurellement » comme disent les sondeurs américains, l’opinion penche en faveur des idées démocrates, dans le sens où la crise actuelle renforce l’idée du besoin de régulation. Mais « pratiquement », les citoyens américains refusent de payer ce plan avec leurs impôts, toutes tendances confondues. En ce sens ils restent attachés au « tax-cut » versant républicain »

« 
Il n’est pas sûr que le discours dramatique sur l’économie soit une bonne chose outre-Atlantique. C’est une posture tactique. Mais cela ne correspond pas à l’état d’esprit profond des habitants. Les Américains restent des optimistes invétérés lorsqu’il s’agit de la confiance en leur pays. Ils le montrent aujourd’hui dans le domaine de l’économie« 

A l’exception de la première et deux dernières phrases, il aurait pu être écrit sur la France.

La leçon de Freddie et de Fanny.

Tous les médias et leurs chroniqueurs économiques se gaussent de la nationalisation de fait de Freddie Mac et Fanny Mae par  » l’administration Busch  » qui serait, au pays de  » l’ultra libéralisme « , la manifestation d’une  » divine surprise  » anti-libérale ou une ruse de la raison prouvant la nécessité d’un Etat interventionniste et salvateur. Mais, ce que ne nous disent pas les mêmes, c’est que Fanny et Freddie étaient des créatures hybrides créées de toutes pièces par l’Etat et légalement tenues de s’occuper exclusivement de refinancement de prêts immobiliers sous contrôle de l’État fédéral, en contrepartie d’avantages fiscaux. Etablissements qui, bien qu’étant officiellement privés, été considérés, du fait de leur tutelle publique et de leur rôle social ( augmenter le taux de propriétaires de logement parmi les populations à faible revenu, et notamment les minorités ) comme bénéficiant d’une garantie implicite du Trésor américain ! Contrairement à ce que prétend la vulgate médiatique, la chute de ces deux institutions est plus un constat de faillite de ce type de régulation que celui d’un marché ultralibéralisé. Marché sans régulation étatique qui n’existe que dans les fantasmes idéologiques des ultra-libéraux et des commentateurs politiques et économiques français. De nouvelles règles d’intervention sur les marchés financiers sont donc, à l’évidence et urgemment à mettre en place. Et pas seulement aux USA.

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