Le libéralisme est-il de gauche?



Extraits d’un article de l’excellente agence intellectuelle Telos signé par les deux auteurs de l’ouvrage en vignette.

Leur argument :  » ce sont les objectifs traditionnellement chers aux partis de gauche européens – comme la protection des plus faibles ou le refus de trop grandes inégalités et des privilèges – qui doivent les amener à adopter des politiques pro-marché. Ce qui a souvent été la norme depuis les années 1960, comme une forte réglementation, la protection des statuts, un secteur public très développé qui ne bénéficie pas aux plus pauvres mais aux plus connectés et impose de lourds prélèvements, des universités qui produisent la médiocrité au nom du principe d’égalitarisme (alors que les très riches se débrouillent d’une manière ou d’une autre pour obtenir une bonne éducation), tout cela n’est pas seulement inefficace, mais socialement injuste. »

Un exemple:  » En Italie, en Espagne et en France, ce marché ( du travail ) est fractionné. Les jeunes sont embauchés avec des contrats à durée déterminée (CDD) qui n’offrent guère de protections et peu de perspectives. Quand le contrat expire, ou en France au terme du deuxième CDD, l’employeur refuse bien souvent de le renouveler, pour ne pas risquer d’avoir à convertir des embauches temporaires en emplois permanents, avec des salariés devenant d’un seul coup très difficiles à licencier. Les réformes qui élimineraient cette dualité en donnant plus de flexibilité à l’ensemble du marché, tout en conjuguant cette flexibilité avec une protection sociale appropriée, non seulement réduiraient le chômage, mais surtout bénéficieraient à ceux qui sont vraiment pauvres et aux jeunes entrant sur le marché. Voilà typiquement l’exemple d’une politique pro-marché qui favorise les plus pauvres. »

Une conclusion :  » les mécanismes politiques peuvent varier d’un pays à l’autre, mais le fond de l’histoire est que les « insiders » – protégés ou initiés – bloquent les réformes.Bien entendu, ils ne peuvent justifier leur opposition aux réformes simplement parce qu’elles nuisent à leurs intérêts. Ils ont besoin de la rhétorique de la défense des plus pauvres et des plus faibles, ou en France de la  grève par procuration « . 

Et des initiatives politiques récentes qui prouvent que les « lignes » bougent:celle, entre autres, de JM Bockel avec la création de son nouveau parti Gauche Moderne http://www.lagauchemoderne.org/

Que le spectacle commence…

La jeune-vieille garde gaullo-communiste mobilise ses troupes. A l’Université contre l’autonomie, synonyme de diversité et donc d’inégalités. A la SNCF pour les régimes spéciaux, synonymes de particularités et donc de droits acquis. Comme on le voit, les luttes convergent ! Nos étudiants en socio-psycho-arts plastiques veulent une seule université nationale, de type coréen ( du Nord, évidemment ! ) et nos cheminots-traminos-gaziers plusieurs régimes de retraites, pour conserver leurs privilèges ( qui n’en sont pas,naturellement! ). Le tout sur le dos de l’ensemble des autres salariés et des contribuables considérés comme de braves et inépuisables vaches à lait. Cette manipulation a bien marché en 1995. En 2007, gare! C’est Marx qui disait que l’histoire ne se reproduit jamais de la même manière, sinon sous la forme d’une farce.Que le spectacle commence…Vite!

Le cri des CCI.

Les CCI du Languedoc-Roussillon ne brillent pas par leur esprit d’initiative. Leur réaction unanimement défavorable aux préconisations de la commission Attali pour relancer la croissance en témoigne. Comme les cheminots pour leur régime très spécial de retraite, elles crient le droit à l’exceptionnalité de leurs entreprises. Pour l’essentiel celles du petit commerce, dont tout le monde connait le goût du risque et de l’innovation… Il suffit d’ailleurs, pour s’en convaincre et en mesurer l’amplitude, de regarder le trombinoscope et le CV des présidents consulaires régionaux : assureur ici, marchand de mobilier de bureau à Montpellier, de vêtements à Béziers, entrepeneur à la retraite à Carcassonne… Des profils qui, assurément, ne prédisposent pas ces faux représentants de la libre concurrence et du vrai social-corporatisme à partager les analyses et les propositions du très social-libéral J. Attali. Comme par exemple le renforcement de la concurrence et la libéralisation de l’activité dans la distribution et le commerce ou bien l’Instauration de la libre entrée dans le commerce de détails et l’hôtellerie. A certains égards,on se croirait en 1789 quand les libéraux de l’époque s’efforçaient de faire tomber les barrières de toute sorte entravant le développement du marché. Ce qui nous en distingue? L’inutilité de faire tomber des têtes…Ou bien alors au seul plan symbolique, peut-être!

Le « virus » d’Orange.

Quel c… ce Mariani! Et quelle désolante Assemblée.Voter ainsi l’ amendement de ce député du Vaucluse légitimant la pratique de tests ADN pour des candidats à des regroupements familiaux originaires de pays où n’existent pas de registres d’état civil fiables, un amendement aussi inutile au plan pratique que dangereux au plan symbolique, et nous voilà embarqués dans  » un débat  » à la française où se mêlent, dans un vacarme médiatique inouï, préjugés moraux, manipulations idéologiques et basses manoeuvres politiciennes. Q’une majorité ait permis à cet icône de la droite la plus conservatrice de réussir son coup, me laisse encore pantois. Décidemment, Sarko a plus à craindre de ce genre d’individus que de la gauche en général et de la sienne en particulier. En attendant, il y a des jours comme aujourd’hui où je ne suis pas très fier d’être français…

C’est quand le bonheur…

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Chassez les automobilistes du centre ville et vous verrez arriver de nouveaux prédateurs. De l’espèce bistrotière surtout. Sympathiques au demeurant mais particulièrement voraces en trottoirs, places et voies fermés à la circulation motorisée à quatre roues, ils prolifèrent pendant la saison chaude dans les cœurs de nos villes méditerranéennes. Cœurs de ville qui, le jour, ressemblent à des champs de sièges et de tables dont la fantaisie des formes et des couleurs n’a d’égale que la  désespérante monotonie de leur esthétique de bazar et qui, à la fin de la nuit, se muent en de hideuses petites montagnes aux formes les plus baroques. A cette « extension horyzontale du domaine de la canette », s’ajoute la débilité sonore, et expansive, de leurs prétendus concerts qui vous envoient dans les oreilles, malgré des vitrages isolants surpuissants, et dans un rayon de plus de 300 mètres, des âneries beuglées du style « c’est quand le bonheurrrr… c’est quand…. »  sur un rythme composé de deux ou trois accords appris dans des revues à un euro. L’avenir des centres villes classés serait-il désormais lié à celui de la profession cafetière ? Il ne resterait plus alors d’autre choix, pour les résidents, que de se transformer en figurants  d’un spectacle permanent qu’elle orchestrerait ou de quitter ce qui ne ressemblerait plus qu’à un parc touristique urbain. Utopie ? Pas sur! Guy Debord ne nous a-t-il pas enseigné que : «Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images.»