La fin des journaux!

 

Bernard Poulet et Vincent Giret annoncent, dans la dernière livraison de la revue « Le Débat », la fin des journaux et de la presse d’information, du moins sur support papier. Leurs arguments ! Le modèle économique qui associait information et publicité est « cassé », comme en témoigne, par exemple, la chute des ressources publicitaires des grands quotidiens. Ce qui traduit en réalité une baisse continue de la consommation d’informations, laquelle vaudrait également pour les « JT ». Une baisse nullement compensée par les journaux papier gratuits qui, au contraire, contribuent fortement à la concurrence faite aux producteurs d’information marchands.

La solution, pour financer la fabrication de l’information par des rédactions professionnelles onéreuses, réside-t-elle dans la constitution de grands groupes multimédias (sites web, TV, radios…). Pas sur, nous expliquent Poulet et Giret ! Outre le fait que l’information elle-même y occupe une place de plus en plus secondaire, ces grands groupes sont soumis en effet à des exigences de rentabilité  que les entreprises d’information ne sont pas capables de satisfaire.

Comment nos auteurs voient-ils donc l’avenir ? Expansion de la gratuité dans les années qui viennent et disparition plus ou moins rapide du papier au profit du tout virtuel ou du papier électronique, résistance des magazines papier spécialisés…Ne peut-on pas imaginer aussi que se développent sur l’Internet de nouveaux outils d’information de qualité, mais pas nécessairement moins exigeants. La véritable question étant de se demander comment peut se former une « opinion publique » dans un contexte de dispersion et de fragmentation de l’offre d’information ?

Bernard Poulet, Vincent Giret, « La fin des journaux », Le Débat, n° 148, janvier-février 2008.

Questions à Georges Frêche et à Midi Libre.

Dans cette interview vidéo, en répondant à la dernière question, Georges Frêche (G.F) nous dit qu’il   » a pris  » un Languedoc Roussillon placé au 23ème rang des régions françaises (faux: il y en a 26, et le classement en question ne concerne que les 22 régions métropolitaines), qu’il est à présent ( nous sommes en 2008!) au 12ème rang (toujours faux : voir ci-dessous)  et qu’il entend l’amener au 4ème (en prenant quel critère? Si c’est l’un des deux premiers, c’est tout simplement absurde).Et la presse régionale, toujours aussi nulle en ces matières, de reprendre ses propos comme paroles d’évangile.

Quant est-il donc exactement.

Constatons d’abord que le critère utilisé, pour le premier classement, est le PIB/habitant, et celui du second le PIB,  l’année de référence étant 2002 (source INSEE).C’est à dire une année où G.F, n’était bien sur pas aux affaires. Et que disent précisément les chiffres de cette période ? En premier lieu, que le PIB du Languedoc-Roussillon, qui représente 3 % de la richesse nationale  situe le Languedoc-Roussillon au 11e rang des régions métropolitaines. Que si l’on prend en compte le PIB par emploi, la région améliore légèrement son rang, passant à la 10e place. Enfin, qu’au niveau du PIB par habitant, la situation se dégrade sous la double influence de la faiblesse du taux d’activité et du nombre élevé de chômeurs plaçant le Languedoc-Roussillon à l’avant-dernière place des régions métropolitaines, juste avant la Corse. Eurostat, en livrant les derniers chiffres disponibles, ceux de 2005, nous apprend même que la Corse nous passe devant pour le PIB/habitant et que nous gagnons une place pour le PIB…

La manipulation est, si je puis dire, limpide et grossière : G.F prend le PIB/habitant de 2002 pour débuter son raisonnement (21ème rang et non 23ème en réalité) et charger son prédécesseur, puis il enchaîne par le PIB de la même année 2002 (11ème rang et non 12ème)  pour illustrer l’extraordinaire performance de sa gestion depuis… 2006!!! Une comparaison avec des indicateurs différents, d’une même année et sur plusieurs années (?!!), s’appuyant sur des stats, au mieux de 2005.CQFD.

Voilà comment la presse est utilisée comme un des vecteurs du plan de communication du président de la Région, concourrant ainsi à la désinformation de ses lecteurs. Autre hypothèse, les journalistes ne font pas leur travail par paresse, « jemenfoutisme », trop de stress, ou incompétence. Peu importe après tout, le résultat est le même. Qui s’en soucie? Personne.

Le Languedoc-Roussillon et le « syndrome belge ».

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Entre 1990 et 2004, le revenu déclaré des Français a augmenté de 28 %. Parmi les départements où la progression a été la plus forte, 50 % d’amélioration du revenu, ceux du Languedoc-Roussillon, qui étaient les plus mal lotis ou les moins productifs au départ. Au contraire, à 20 %, l’Ile-de-France, région la plus riche, est au-dessous de la moyenne alors que sa contribution au produit intérieur brut (PIB) du pays a augmenté. Cherchez l’erreur !

Le libéralisme est-il de gauche?



Extraits d’un article de l’excellente agence intellectuelle Telos signé par les deux auteurs de l’ouvrage en vignette.

Leur argument :  » ce sont les objectifs traditionnellement chers aux partis de gauche européens – comme la protection des plus faibles ou le refus de trop grandes inégalités et des privilèges – qui doivent les amener à adopter des politiques pro-marché. Ce qui a souvent été la norme depuis les années 1960, comme une forte réglementation, la protection des statuts, un secteur public très développé qui ne bénéficie pas aux plus pauvres mais aux plus connectés et impose de lourds prélèvements, des universités qui produisent la médiocrité au nom du principe d’égalitarisme (alors que les très riches se débrouillent d’une manière ou d’une autre pour obtenir une bonne éducation), tout cela n’est pas seulement inefficace, mais socialement injuste. »

Un exemple:  » En Italie, en Espagne et en France, ce marché ( du travail ) est fractionné. Les jeunes sont embauchés avec des contrats à durée déterminée (CDD) qui n’offrent guère de protections et peu de perspectives. Quand le contrat expire, ou en France au terme du deuxième CDD, l’employeur refuse bien souvent de le renouveler, pour ne pas risquer d’avoir à convertir des embauches temporaires en emplois permanents, avec des salariés devenant d’un seul coup très difficiles à licencier. Les réformes qui élimineraient cette dualité en donnant plus de flexibilité à l’ensemble du marché, tout en conjuguant cette flexibilité avec une protection sociale appropriée, non seulement réduiraient le chômage, mais surtout bénéficieraient à ceux qui sont vraiment pauvres et aux jeunes entrant sur le marché. Voilà typiquement l’exemple d’une politique pro-marché qui favorise les plus pauvres. »

Une conclusion :  » les mécanismes politiques peuvent varier d’un pays à l’autre, mais le fond de l’histoire est que les « insiders » – protégés ou initiés – bloquent les réformes.Bien entendu, ils ne peuvent justifier leur opposition aux réformes simplement parce qu’elles nuisent à leurs intérêts. Ils ont besoin de la rhétorique de la défense des plus pauvres et des plus faibles, ou en France de la  grève par procuration « . 

Et des initiatives politiques récentes qui prouvent que les « lignes » bougent:celle, entre autres, de JM Bockel avec la création de son nouveau parti Gauche Moderne http://www.lagauchemoderne.org/