À ce stade du débat, devenu national, sur la création d’un président délégué pour les régions – loi dite, par dérision, Alary -, deux hypothèses sont à envisager. Soit le projet est enterré, c’est le souhait de Sébastien Denaja, député de la 7ème circonscription de l’Hérault et coresponsable du groupe socialiste à l’Assemblée sur le premier volet de la réforme territoriale qui, lucidement, s’explique: « les postes de vice-présidents suffisent à assurer la diversité territoriale… Le groupe socialiste n’a jamais évoqué un tel projet… Nous aurons d’autres priorités à la rentrée.». Ou bien, comme le précise innocemment le cabinet de Vallini, en charge de cette réforme territoriale désormais vidée de sa substance native: « le président délégué sera surtout là pour représenter le président dans les démarches protocolaires. On est dans le symbolique. »
À lire et/ ou entendre les propos tenus par les « leaders » de gauche et de droite du Languedoc-Roussillon durant cette pré-campagne des régionales, on ne peut pas ne pas être « frappé » par une convergence surprenante, avec des nuances certes, sur le thème « Montpellier va se faire dépouiller par Toulouse ». J’insiste: Montpellier seulement. Comme si l’élargissement des frontières administratives à Midi-Pyrénées et la désignation de Toulouse comme capitale de la future grande région, en « déclassant » administrativement Montpellier, allait entraîner les autres composantes territoriales, hors la métropole montpelliéraine dans le déclin. ( voir aussi mon billet du 1/08/2015 : ici )
Philippe Martin n’est pas n’importe qui en LRMP. L’ancien ministre de l’Écologie, préside le Département du Gers; et même s’il s’est vu souffler la conquête de la future présidence du Conseil Régional de la grande région par Carole Delga, il mène campagne pour elle, et justifie l’accord PS/PRG toujours contesté par nombre d’élus et de militants de son parti, et non des moindres. C’est donc avec le plus grand intérêt que j’ai pris connaissance de l’interview exclusive qu’il vient de donner à Midi-Pyrénées Politiques. Quelle déception! Creux… Rien en effet que de vagues considérations politiciennes de très faible intensité intellectuelle.
Le 19 juillet, rendant compte de la délibération votée par le conseil Régional du Languedoc-Roussillon contre le choix fait par le gouvernement de donner à Toulouse le statut de capitale régionale, j’écrivais ceci:
« On se demande, à l’entendre (Damien Alary), s’il est toujours le premier vice-président annoncé de Carole Delga, dans l’hypothèse, très compromise aujourd’hui, où elle serait élue à la tête de la future grande région. À moins qu’il anticipe une reprise des négociations et un accord avec le PRG, qui l’enverrait dans les marges du pouvoir, à la troisième ou quatrième place, pour le plus grand profit de madame Pinel et de Didier Codorniou … Ce qui n’est pas à exclure – voir mon billet sur le sujet. Par cet acte et le soutien des autres élus socialistes, le message ainsi clairement adressé à Solférino serait une fin de non-recevoir. Bref, il souffle comme un vent de panique dans les rangs du PS. Et, chaque jour qui passe, ses concurrents de gauche lui prennent des parts de marché. Un, en particulier, qui n’a pourtant pas encore livré bataille, ni levé d’armée: Philippe Saurel, le Président de la métropole de Montpellier. Mais l’Art de la guerre, n’est-il pas, selon Sun Tzu, de soumettre l’ennemi sans combat… »
Le 27, donc, lors d’une conférence de presse commune, Messieurs Cambadélis et Baylet annoncent s’être mis enfin d’accord sur les points suivants, en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées: Alary sacrifié et relégué à la troisième place, affublé d’un titre honorifique de Président Délégué, et Codorniou exfiltré ou pas dans le 34 (1) comme tête de liste?, à la quatrième, derrières le binôme de tête Carole Delga/Sylvia Pinel. Le scénario que j’avais envisagé, ou à peu près… J’attends maintenant avec impatience les réactions de Damien Alary, qui disait tantôt:
« Il en est hors de question. J’irai au bout du binôme que je forme avec Carole Delga. Je reste dans ce tandem. Je suis favorable à un accord avec le PRG. Mais il ne faut pas un accord à n’importe quel prix. Ce serait une faute politique grave et inacceptable pour le Languedoc-Roussillon »
Et de la tête de liste désignée par les militants socialistes du 34, Hussein Bourgi qui, je crois savoir, était aux premières loges de cette négociation. Ses troupes départementales doivent apprécier!
Philippe Saurel, lui, a réagi illico en annonçant dans la foulée et devant le boulevard électoral qui lui est, de fait, offert:
« Je présenterai des têtes de listes départementales fin août ».
Un dernier sondage donnait 22% au PS et 16% aux Verts et Front de Gauche réunis, et 9% à Philippe Saurel sur son seul nom. Dans cette configuration, Carole Delga, tête de liste du PS, même avec l’apport du PRG est clairement minoritaire à gauche. Autre question, que proposer à la liste Onesta, Front de Gauche réunis, au second tour, les postes clefs au sein de l’exécutif étant déjà répartis entre PS et PRG. Compte tenu du rapport des forces gauche/droite, aujourd’hui, et de l’organisation de campagne des « partis » de feu la gauche-plurielle, la clef de cette élection, dans toutes les hypothèses, sera entre les mains du président de la métropole de Montpellier. Pour une présidence de la Région à gauche … ou à droite.
(1) La tête de liste du PRG dans le 34 devrait être Virginie Rozière… (mis à jour à 13heures 50)
Le Conseil régional du Languedoc-Roussillon s’est prononcé contre le projet de décret qui fixe Toulouse comme « chef-lieu provisoire » de la nouvelle grande Région, ce vendredi 24 juillet. A l’exception de l’opposition de droite (« Les républicains ») et de l’Union centriste qui n’ont pas souhaité « prendre part au vote », des élus divers gauche François Delacroix et Robert Navarro qui se sont abstenus, l’assemblée régionale a émis un « avis défavorable » sur proposition du président socialiste Damien Alary. Un Damien Alary, pourtant encore numéro 2 de la liste socialiste conduite par la « toulousaine » Carole Delga.