Contre-Regards

par Michel SANTO

Gloire et statufication, des maladies qui ne se diagnostiquent qu’après le trépas …

 

 

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Les statuaires et les fondeurs ont un bel avenir en Languedoc-Roussillon! Après les  » amis fidèles  » du défunt maire de Montpellier, qui statufièrent Georges Frêche comme cela se fait encore dans des pays de tradition bolchévique,  ceux du  passé maire de Narbonne, Hubert Mouly, en mal de culte mémoriel eux aussi , viennent de commander un  » bronze «  dont on ignore encore s’il sera de tête ou en pied. Je sais le goût des habitants de cette région pour la pompe, le pathos et le cérémonial, mais n’imaginais pas que certains parmi les plus impliqués dans la vie de la cité iraient jusqu’à promouvoir cette sorte d’idolâtrie  municipale et politique, dont je vois bien l’usage trivialement électoral qui peut en être fait – dans les mois qui viennent, notamment .  Si on ajoute à cela, qui est déjà beaucoup trop, l’esprit de chapelle  toujours présent dans le coeur des hommes, le risque est en effet bien grand de voir les places de nos villes et les parvis de nos salles polyvalentes se couvrir de  » marbres « , monuments, figurines et autres allégories de métal en mémoire de feux nos premiers magistrats. S’il  fallait faire la preuve que la gloire et la statufication sont les seules maladies de l’homme qui ne se diagnostiquent qu’après le trépas, certains de ces zélés commanditaires ne s’y prendraient pas autrement. Pour leur repos et le nôtre, qu’on laisse donc en paix des hommes qui ne demandent plus d’autres gloires que celle de leurs âmes; du moins pour ceux qui l’ espéraient de leur vivant …

Le coq hollandois est dans la mare !

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Ah, il a bonne mine – la comparaison est de circonstance – notre chef des armées ! Il voulait illico presto bombarder Assad  , il  concéde, via Manuel Valls –  encore lui , décidément !!! –  que la France ne peut y aller seule. Le refus du Parlement britannique d’intervenir en Syrie et la défausse surprise de Barack Obama viennent coup sur coup – si on peut dire encore – de saper une posture d’autant plus interventionniste et guerrière sur le front syrien  qu’il joue la prudence et le compromis sur le front national. La France se retrouve donc seule, obligée de suivre la cadence d’Obama, avec un exécutif qui refuse de demander un vote au Parlement, comme l’ont fait ses alliés. Un comble! Le monde a l’envers pour une gauche qui a toujours revendiqué, lorsqu’elle était dans l’opposition, l’approbation de la représentation nationale avant les interventions extérieures. A commencer par François Hollande sur l’Irak en 2003 ! On pense aussi à la tête ( en a – t – il une au moins ? ) de ce pauvre Désir qui,  hier , dénonçait «  l’esprit munichois de l’UMP   » au motif qu’elle réclamait – à contre emploi elle aussi – le vote de l’Assemblée , lisant Claude Bartolone, le président de l’Assemblée, dans le JDD. Pas  très emballé par cette lecture gaullienne des institutions, le Claude ! Comme la présidente de la commission de la Défense, Patricia Adam, qui en rajoute une couche elle aussi en souhaitant un vote du Parlement , « à titre personnel » cependant, tient elle à préciser, prudente. Que dire enfin, mon cher Harlem, de Placé et des Verts, qui en veulent aussi de ce vote parlementaire ? Munichois ? Quel pataquès tout de même! Hollande voulait présenter à la terre entière une image churchilienne si peu conforme à sa nature et le voilà tout seul, désarmé, prisonnier du Congrès américain, et, de surcroit, en pleine crise politique. Eh oui François, on ne sort de l’ambigüité qu’à ses dépens ! Comme un coq laché en pleine mare qui veut jouer au petit canard !

La leçon d’Obama et Cameron !

 

 

 

 

 

 

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La gauche s’est toujours pensé comme la seule légitime héritière de la République des Droits de l’Homme et de son histoire. Pour elle, le monde doit encore être éclairé par sa ville lumière, nouvelle Rome prédestinée  par  l’Histoire à régenter l’humanité entière. Un évangile régulièrement servi par nos élites politiques , intellectuelles et médiatiques pour qui la France n’a pas a s’adapter a l’évolution du monde puisque le monde doit au contraire s’en inspirer. Et comme on ne  » se pose  » qu’en s’opposant, nos contre modèles habituels : les  Etats-Unis et l’Angleterre – les symboles mêmes d’un système économique et politique honni – font l’objet de critiques permanentes . Deux grands pays qui viennent pourtant de faire encore la démonstration de leur grande culture démocratique. Ne viennent-ils pas en effet de demander a leur  » représentation nationale  » de se prononcer sur une éventuelle intervention militaire en Syrie.  Hollande, lui, refuse de le faire: ce sera sa décision. Pas question de la partager et ce faisant de la légitimer sur un incontestable socle démocratique. Vrai Daladier sur le front intérieur, le voilà en faux Bonaparte sur la scène internationale… sous protection américaine cependant. L’histoire, en ce début du mois de septembre 2013, retiendra donc que notre pays,     par la voix de son seul Président, aura donné au monde une image bien peu conforme à la haute et exemplaire idée qu’elle se fait de la démocratie, et d’elle même …. Elle retiendra aussi qu’Obama et Cameron auront donné à Hollande une belle leçon de démocratie…

Pour Hollande, le front social semble plus risqué que le front syrien !…

 

 

 

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Si M. Ayrault peut espérer éviter une levée de boucliers générale à l’automne, il est cependant certain que sa réforme du financement des  » retraites » ne sera pas durablement bouclée cet hiver encore. Comme les précédentes! D’abord parce qu’elle est fondée sur des hypothèses notoirement carfelues :une croissance annuelle de 1,6 % d’ici à 2020 et un niveau de chomâge de long terme à 4,5 % de la population active ( on peut rêver ! ) ; ensuite parce qu’elle ne traite que d’un tiers seulement du problème global du financement des retraites. Comme toujours, en effet , l’impasse est faite sur le déficit du régime des fonctionnaires et des régimes spéciaux (8 milliards d’euros au moins ), qui continuera donc à creuser celui de l’Etat; impasse a laquelle il faut ajouter celle des régimes de retraites complémentaires (de l’ordre de 5 milliards à l’horizon 2020), qui est renvoyée aux partenaires sociaux, priés de s’en débrouiller  . Peu d’équité donc et rien de durable comme claironné dans tous les médias. A ce propos, de clairon, la posture  de notre chef des armées ne craint pas le ridicule: à l’entendre en effet  il disposerait des moyens et des armées d’Obama  !  À mettre ainsi en relation les postures affichées sur le front social et le front syrien, on se dit que, pour notre exécutif ,  le premier semble autrement plus risqué que le second. Et que les coups de menton guerriers d’Hollande masquent mal son peu de courage politique quand il s’agit de mener la guerre pour retrouver de la croissance et de l’emploi…