Contre-Regards

par Michel SANTO

L’Arc Latin « claque »!

Tous les jours ou presque, un individu bourre ma boîte aux lettres de réclames parmi lesquelles, aujourd’hui, entre « Leader Price : du bon et du moins cher, on sait faire » et  « Aldi vous informe », la maigrichonne  « Perspectives », qui se présente comme le  « Bulletin d’information du Conseil général de l’Aude. ». En règle générale, le tout va à la poubelle, celle réservée aux papiers et magazines. Mais aujourd’hui une pensée m’a retenu : « c’est une partie de tes impôts, Michel, que tu envoies au centre de trie : une ressource que tu traites en vulgaire déchet… » Aussi, la conscience-citoyenne en éveil, j’y suis allé voir dans « Perspectives » ! Pour y lire deux pages consacrées à « l’Aude dans l’Arc Latin » et  y constater qu’elle y était «  invisible », l’Aude en question. Et que l’  « l’usine à gaz » qu’était « l’Arc » n’avait d’autre intérêt, en réalité, que de valoriser ses élus et de « claquer » nos impôts. On imagine facilement, en effet, tout le bénéfice qu’ils en retirent à colloquer ainsi de Palerme à Séville en passant par Mende et Carcassonne sans autres débouchés que de se réunir à nouveau pour relancer la machine à palabres. Voyages aller-retour où  les dépenses engagées sont englouties dans l’immense « gueule noire » des vanités politiciennes comme ce « bulletin » le sera demain par la broyeuse à papier. Avec une différence cependant pour ce dernier: il peut-être,lui,utilement recyclé…

Chronique de Narbonne: Nouveau Narbonne se meurt !?

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Didier Mouly : «Je ne veux pas m’asseoir à une table où l’on parle de politique. En revanche, si on parle de défense des Narbonnais, d’expansion de la ville, alors là, je serai présent et avec moi Nouveau Narbonne». Un point de vue qui m’a tout l’air d’une ligne politique… Mais une ligne politique qui me paraît définitivement obsolète. Et qu’un Michel Moynier, même vainqueur aux dernières municipales avec l’estampille « Nouveau Narbonne » , aurait de toute façon, sur la durée, sérieusement amendée pour ne pas dire relâchée. Pour deux raisons simples.

Jacques Chirac se tait, Charles Pasqua flingue

Une fois n’est pas coutume, je reprends ici le titre et les premiers paragraphes du dernier article de Philippe Bilger publié dans son blog, sans autre commentaire que mon admiration pour son style…
« 
Souvent bien plus passionnants que les procès eux-mêmes, leur périphérie, leur contexte éclairent davantage sur les personnalités en cause, permettent d’analyser au mieux leurs réactions et ne sont pas loin, sur un plan plus large, de mettre en évidence la relation qu’elles entretiennent avec la démocratie et ses institutions.

Ainsi, pour Jacques Chirac et Charles Pasqua. Le premier a été renvoyé, avec d’autres, devant le tribunal correctionnel de Paris pour détournement de fonds publics et abus de confiance par Xavière Siméoni, le magistrat instructeur. On ignore encore à ce jour si le Parquet va interjeter ou non appel de cette ordonnance. Le second a été condamné pour trafic d’influence dans l’affaire de l’Angolagate à une peine de trois ans d’emprisonnement dont deux avec sursis et à 100 000 euros d’amende. Il a relevé appel de ce jugement.

Il me semble abusif de tirer de la procédure concernant Jacques Chirac la conclusion que la suppression du juge d’instruction serait une catastrophe (Le Monde, Le Parisien). Elle ne démontre que la nécessité, dans l’espace judiciaire, de magistrats exemplaires, compétents et libres. Ce n’est pas l’instruction qui gagne, c’est Xavière Siméoni dont par ailleurs j’ai apprécié la manière courtoise, discrète et pourtant sans complaisance dont elle a su traiter notre ancien président de la République. Demain, si le juge d’instruction venait à disparaître de notre procédure pénale, nous ne serions pas en deuil avec l’émergence d’un Parquet authentiquement indépendant, ce qui n’est pas un voeu plus absurde que de souhaiter que l’ensemble des magistrats instructeurs soit accordé au même registre que celui, hier, d’un Patrick Desmures, aujourd’hui de Renaud van Ruymbeke ou de Xavière Siméoni. » Lire la suite sur son blog…

On crétinise bien les esprits!

La communication institutionnelle et politique (souvent la même) envahit nos écrans, pollue nos radios, engorge nos boîtes à lettres et s’insinue, sournoisement ou ostensiblement, sous la plume de journalistes de plus en plus pressés ou incompétents. Des journalistes qui, plutôt que de faire un vrai travail d’information se contentent de reprendre des dossiers de presse généreusement distribués par des « services com » tout entiers mobilisés sur l’image de leurs « patrons ». Il faut habiter en province, et en Languedoc-Roussillon en particulier, pour mesurer à quel point  cette crétinisation des esprits, est devenue un phénomène de masse, notamment avec la décentralisation. Un exemple parmi cent : le bilan touristique estival de cette année. Eh bien, le Comité Régional du Tourisme, annexe de la Région et piloté par un fidèle de George Frêche, nous « informe » qu’après : «  l’embellie constatée au mois d’août, le mois de septembre suit la même tendance avec de très bons résultats enregistrés pour le tourisme régional » Avec de plus : «  Une fin de saison estivale exceptionnelle marquée par le retour des clientèles étrangères en Languedoc-Roussillon … Les professionnels du secteur hébergements (41%) constatent une progression de leur activité…les hôtels (40%) observent des résultats nettement en hausse. » Et l’ensemble (!!!) de nos quotidiens régionaux (deux seulement, avec des rédactions de même tonneau) de reprendre en chœur l’idée générale de ce communiqué : l’exceptionnalité du tourisme en Languedoc Roussillon, pour y associer, ce faisant, dans le reste du «  cerveau disponible du lecteur », celle de George Frêche. Objectif atteint ! Alors qu’il suffisait pourtant de contrer ce genre d’instrumentalisation en allant voir un peu plus près sur le site de l’INSEE  qui, lui, titre  «  Une activité hôtelière déprimée », pour préciser ensuite : « En août 2009 par rapport à août 2008, en Languedoc-Roussillon, la tendance à la baisse de l’activité hôtelière se poursuit avec un recul des nuitées de -2,1 %, proche de la moyenne nationale (-2,5 %). Sur l’ensemble du territoire métropolitain, la fréquentation est en baisse dans 2 régions sur 3. » A la condition de le vouloir, évidemment ! Au risque de se transformer en filiales d’agences ou de services de communications missionnés pour la seule gloire d’élus plus soucieux de leur égo que de la « vérité » de leurs infos…

« Un débat sur l’identité nationale… Et pourquoi pas ? »

« Il n’y a pas d’essence nationale. Il y a une adhésion volontaire à des principes, qui sont ceux de la République et des droits de l’homme, comme le préconisait déjà Renan. » nous dit Laurent Joffrin dans le « Libé » de ce jour. Soit ! Il nous faudrait donc admettre, selon notre éditorialiste, que d’autres Etats que le nôtre étant tout aussi républicains et respectueux des droits de l’homme, l’idée même de nation serait par nature…trans-nationale !!! Autant dire une idée vide de sens, autre que juridico-politique. Un ensemble de droits et de principes détachés d’une histoire, d’une culture, d’une langue, d’un territoire. Une espèce d’auberge espagnole dans laquelle chacun pourrait y entrer avec son bagage culturel propre, son identité, la conserver et la défendre. Evidemment, ce point de vue, Joffrin, ne peux  l’afficher de manière aussi nette. Et de le contredire apparemment  quelques lignes plus loin en se référant toujours au même Renan, pour nous préciser «  que la nation  repose (aussi) sur une histoire et une culture communes, établies par le temps. » et, ajouterais-je, qui fondent son identité. Une identité nécessairement ouverte mais qui ne peut s’enrichir, comme le prétend notre éditorialiste, par la seule place faite  «  … aux influences du grand large dans une nation à l’humeur résolument cosmopolite? ». Car il y a en effet, comme le dit Max Gallo «  des fondamentaux qui jouent dans la vie politique qu’il est bon de rappeler ». En ce sens, le débat lancé par Eric Besson est légitime. A la condition cependant qu’il ne soit pas instrumentalisé à d’autres fins, notamment électorales, en jouant sur « les peurs » et en pratiquant l’amalgame. Cela dit, il appartient bien au «  politique » de montrer aux nouveaux Français comment leur insertion dans la communauté nationale contribue à la modifier, et réciproquement ! Dommage que la gauche refuse ce débat en brandissant comme seul argument le fantôme de Le Pen. Un fantôme qui, en l’espèce, ne pourra durablement masquer ses difficultés à affronter ses propres « obstacles psychologiques et intellectuels » sur une question laissée sans réponse depuis trop longtemps.
Note:
  Le titre de ce billet est la reprise de la question posée par L.Joffrin au début de son éditorial.

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