Contre-Regards

par Michel SANTO

L’Or de Cendrars.

Il est tôt ce matin, et je tombe sur ces deux remarques de Sylvain Tesson, toujours dans le même numéro de la NRF, le 588, ( 400 pages quand même! ) à propos de l’Or ( le roman de Cendrars, celui d’un prophète! ).
1°  » Et si l’Or était le  premier roman de la mondialisation? … le premier ( livre ) à faire entrer dans la littérature ce que Heidegger appelait l’arraisonnement du monde, c’est à dire la mise en demeure adressée à la Nature de nous livrer ses ressources. »
2°  » Cendrars savait que la Nature était bonne mais aussi que l’Homme était fou. Et l’Or, en ce sens, est un roman écologique. Non pas un prêche environnementaliste à la Thoreau, ni un appel londonien à la régénérescence dans les vertes forêts des âmes débilitées par la civilisation. Mais une peinture de la démesure de l’homme qui mène à la destruction de la Terre. L’écologie selon Cendrars, ce n’est pas panser les plaies de la Nature. C’est d’abord guérir l’Homme de sa voracité. Pour  faire tomber la fièvre. « 
Ce sera tout pour aujourd’hui!

« Teddy Riner, chef d’une meute ambitieuse »

C’est le titre d’un article paru dans un grand quotidien national. Un titre consternant!  Chef de meute, Teddy Riner . Un « colosse » guadeloupéen qui plus est, nous dit-on. Et qui, comme Céline Lebrun, n’a sans doute pas perdu « sa rage de vaincre ».  Une rage partagée par ses co-équipier(e)s de la horde. Que l’on imagine la bave aux lèvres  se jetant sur leurs proies. Une représentation de l’athlète animalisé, rejeté du côté du pulsionnel, du biologique, du primitivisme. La reconnaissance certes d’une supériorité, mais d’une supériorité d’opérette, faite pour le cirque sportif et l’amusement des foules. Celle d’une compétence (sportive) qui, paradoxalement, exclut. Pour, dans l’imaginaire des foules et des lecteurs, instiller l’idée d’une spécialisation « raciale ». Je ne dis pas que telle était l’intention de l’auteure de cet article, mais, à utiliser certaines images ou symboles, on court le risque d’un retour de ce refoulé. Qui, toujours, à la moindre occasion, est prêt à jaillir.

Y’a de la joie à Narbonne.

Allez, ne mégottons pas notre plaisir ! Cette deuxième édition du « Festival Trenet » est plutôt réussie. Comme l’ensemble des « animations ». Quelques petits réglages ça et là, et, sur la durée, une forme, enfin cohérente et de qualité, devrait émerger et donner à Narbonne un visage estival reconnu au-delà de ses  » frontières naturelles « . Si l’essentiel du passé a été heureusement conservé : jazz, musique baroque, encore fallait-il renouveler et dynamiser le reste d’une programmation assez banale et usée.Lui donner une orientation plus festive. Les «  années folles » et  » Trenet  » y ont incontestablement réussi. Et, de surcroît et à la manière du  » fou chantant  » , le ciel n’aura pas été gris. Il aura fallu certes se lever, se laver, se vêtir. Chanter même quand on n’avait plus rien à dire. Mais, finalement, je crois que ce rêve d’août a eu du bon…Comme le dit la chanson!

Les deux faces de Montebourg.

Il y a des jours, comme ça, où on croit rêver. Où on se dit qu’il n’est plus possible de prendre au sérieux les paroles, les indignations et les leçons de vertus de certains hommes politiques. Sauf à considérer que dans ce « champ » tout est permis. Que la conquête et la préservation du pouvoir justifient tous les moyens. Que l’éthique, l’honnêteté intellectuelle et morale sont affaires de « gogos » de mon espèce. Dans cette catégorie de parvenus de la politique, il en est un qui m’insupporte particulièrement. Un jeune loup, comme le présente le Midi Libre de ce jour, qui n’hésite pas à déclarer: « On en a tous plein le dos de l’immobilisme. » en réponse à Martine Aubry qui écrivait hier dans une tribune du Monde : « Réinventer la démocratie, c’est changer profondément les pratiques et les règles politiques au sein de notre parti, notamment sur le non-cumul des mandats et sur l’organisation de primaires ouvertes pour la désignation de notre candidat. ». Faut quand même oser de la part d’un Arnaud Montebourg, cet autoproclamé « rénovateur » et pourfendeur du cumul des mandats qui, au lendemain des dernières élections, a cumulé tout ce qui se présentait devant son féroce appétit. Avec cet argument d’un cynisme consternant : « Je suis croyant mais pas pratiquant ». Religion que pratique sans troubles apparents de conscience nombre de ses amis, notamment en Languedoc-Roussillon, à la manœuvre pour, contre le désir de Martine Aubry, replacer dans son  fauteuil « le meilleur d’entre eux » : Georges Frêche…Un modèle du genre en effet !

Peillon lagaffe?

Vincent Peillon a-t-il vraiment, comme le prétend, pour s’en réjouir, Laurent Joffrin dans son édito de  Libération : « En réunissant un arc-en-ciel politique qui va du Modem au PCF, en passant par les Verts et les Radicaux de gauche, cristallisé la seule orientation stratégique qui puisse rendre un début de crédibilité au camp du changement social : la Grande Alliance, celle-là même que nous réclamions dans ces colonnes après les européennes. » ?Je n’en suis pas certain. Déjà, placer sur l’arc en ciel de cette nouvelle alliance Robert Hue (qui ne représente que lui-même, comme en son temps Charles Fiterman – quelqu’un a-t-il de ses nouvelles au fait ?) et madame Taubira  ( pour qui j’ai le plus grand respect- mais qui, a désespérément chercher une structure d’accueil, finira bien par se perdre) c’est prendre le bateau de Noë auquel fait allusion l’éditorialiste de  » Libé  » pour un bateau ivre. Quant à Daniel C.B et Martine de S, un esprit mieux inspiré (restons dans les références bibliques de Joffrin…) aurait pu relever qu’en leur faisant cadeau de cette tribune marseillaise, dans un contexte politique interne au PS marqué par une dispersion frisant l’anarchie, Vincent Peillon leur offrait sur un plateau l’occasion de gagner des parts de marché dans un électorat de gauche déboussolé tout en aggravant la pagaille dans son parti. Car on n’aurait garde d’oublier que l’enjeu pour le MODEM reste toujours d’arriver en deuxième position à la prochaine présidentielle et que les Verts « cohnbétisés » ne rêve que de casser l’hégémonie des socialistes aux futures élections régionales. Dans cette course à  » la direction  » des gauches et du centre , contrairement à ce qu’affirme la  » vox médiatique « , c’est Peillon qui s’est fait instrumentaliser. Et  «  son coup de génie »  ,selon Midi Libre, pourrait bien s’avérer n’être qu’un maladroit «  coup de pied de l’âne. »

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