Clap de fin pour la rédaction de Midi Libre. L’agence de Narbonne est officiellement fermée, conséquence prévue du rachat (1) de l’Indépendant et du Midi Libre par le groupe de monsieur Baylet, la Dépêche du Midi. Ses bureaux sont vides et les ordinateurs muets. Et les personnels, journalistes et agents administratifs ont été recasés dans les autres rédactions régionales du titre. Manuel Cudel, l’ex-patron de l’agence narbonnaise, officiera (officie déjà?) désormais à Montpellier où il ne manquera pas d’y déployer toutes ses qualités de plume.
La lecture de l’Indépendant et du Midi Libre, ce matin, m’oblige à revenir sur cette dernière séquence politique narbonnaise, et audoise, au terme de laquelle Michel Py a été investi par son parti comme tête liste pour les régionales de la fin de 2015 et Gérard Larrat comme référent départemental par Dominique Reynié. J’en avais conclu, dans ma brève d’hier, que Didier Mouly, qui exigeait d’en être le leader, était tout bonnement « au tapis »; et ne pouvait que renoncer. Ce qui ne semble pas avoir été compris par le premier intéressé, ou par les deux rédacteurs des papiers de ce jour; ou par les trois en même temps.
Mettons donc un peu d’ordre dans cette apparente confusion.
Le rachat du groupe Midi Libre par la Dépêche du Midi, négocié depuis août 2014, sera finalement effectif fin juin. Midi Libre, propriétaire de L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, a été acheté pour 90 millions d’euros par le groupe bordelais Sud Ouest en 2007, mais sa cote a chuté de 15 à 25 millions suite à une crise historique, compensée par une vente au numéro augmentée de 10% le 1er juin par L’Indépendant. L’absorption en vue atteindra 100% de Midi Libre, contre 90% selon notre information du 13 mai et 52% d’après l’intention première du média du radical Jean-Michel Baylet. Cette prise de parts intégrale est provoquée par le retrait du partenaire Groupe Nicollin, spécialiste montpelliérain du nettoyage urbain et du traitement des déchets. Dès le mois de mai dernier naissant une éventualité d’hégémonie sur la future région regroupant le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, car il passera de 9 à 13 départements couverts. L’autorité administrative confirme cette hypothèse. Jeudi 4 juin, l’Autorité de la concurrence a enfin autorisé la transaction, mais «sous conditions», selon un communiqué. Alors que le schéma d’un unique grand journal par région distingue la France en Europe, l’Autorité avise que La Dépêche du Midi sera en «situation de monopole (…) dans les départements de l’Aude et l’Aveyron». Elle ne cite pas le Pays Catalan, où les médias alternatifs, quotidiens sur le web et hebdomadaires sur papier, sont plus abondants. Mais elle alerte sur une acquisition qui «risque de conduire à une homogénéisation du contenu des titres, au détriment des lecteurs qui subiraient une réduction de la qualité et de la diversité des journaux». L’autorité administrative souligne que le groupe «s’est engagé à ne pas procéder à l’harmonisation des contenus de ses titres» et à «maintenir des rédactions en chef distinctes». Cette promesse, contournable par le mimétisme rédactionnel, sera surveillée par un professionnel mandaté par l’Autorité de la concurrence.
Jean Michel Baylet, président du groupe La Dépêche du midi, a été lâché par ses partenaires (Fontès, Nicollin, Font), dans le rachat des Journaux du midi (Midi libre, L’Indépendant, Centre presse Aveyron) à Sud Ouest. La première raison serait économique. 150 suppressions de postes sont prévues et ni l’architecte montpelliérain François Fontès, ni le groupe de recyclage de déchets Nicollin SA, et l’exploitant de salles de cinémas, Jacques Font, ne souhaitent financer un tel plan social et en pâtir quant à leur réputation. La seconde est d’ordre plus politique. Depuis qu’il a perdu en mars la présidence du conseil général du Tarn et Garonne, le radical de gauche Jean-Michel Baylet offre nettement moins d’intérêt. D’autant que ces deux grandes figures montpelliéraines ont été, et sont toujours, aux avant-postes de la bataille contre la fusion du Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées. La suite en cliquant ici . Voir aussi mon billet: « L’Indépendant » dans les mains de Baylet rejoint la tradition politique de ses fondateurs…