Articles marqués avec ‘Saint Bonaventure’

C’est un matin d’hiver où les corps cèdent à la violence…

Narbonne : jardin de la Révolution.

C’est un matin d’hiver où les corps cèdent à la violence de la Tramontane. Se courbent ! Nulles vies dans un ciel platement bleu. Très haut cependant le doux sillage blanc d’un grand oiseau d’acier.

Ce matin une amie est partie . A Dios, Dodo !

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Elle nous a quitté ce matin Dodo! Dieu qu’elle était belle … Je la revois encore devant les arènes de Béziers un après midi de Féria. À ses côtés Henri. Plein soleil d’août! Droite, élégante … Ses yeux verts et son sourire, si bienveillants! Que dire de son courage face à la maladie et la mort. Sans trembler, elle les a combattues. Digne, élégante. De verdad! Comme elle aimait qu’on combattît  » los toros « . Avec sincérité et noblesse. Elle aimait passionnement l’Espagne et son Andalousie. Un amour que nous partagions. Celui d’une terre où le tragique de la vie se conjugue avec la quête du beau  » geste « . Toujours et en toutes circonstances! À Séville, le plus beau compliment que l’on puisse faire à une dame croisée dans la rue se dit ainsi: « Que altura! ». Il dit tout du respect  que l’on doit à ce don d’exprimer  la beauté d’un corps et d’une âme. Dodo, l’avait! Elle rayonnait; elle rayonne toujours, comme ce matin dans la petite église Saint Bonaventure. Nous y sommes entrés  sur un Ave Maria « con sevillanas ». La grâce d’un dernier geste, bien dans sa manière. A Dios, Dodo !

C’était dans ma petite ville, un ami pleurait sa mère…

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C’était dans ma petite ville . Le ciel était bien  bas . Dans cette petite église, les bancs  rejetaient du monde sur les bas côtés. Les retardataires ne pouvaient y entrer. L’office y fut mené par un prêtre aux accents étrangers, comme dans tant d’autres paroisses . Des mots furent prononcés par un fils pleurant sa mère . Des mots d’amour jaillis d’un cœur brisé . Des mots qu’on redoute un jour d’avoir à dire quand l’âge de la sienne témoigne qu’il en sera bientôt le temps. À la fin de la cérémonie, comme dans tant d’autres églises, la foule en rangs compacts poussait vers la sortie. La famille  attendait pour les remerciements . Sur les côtés de cette puissante colonne, deux laïcs . Immobiles. Un homme et une femme, un petit panier d’osier à la main timidement présenté. Je vois encore le sourire  de cette dame après que j’y eusse déposé mon obole . Son panier était vide, ou presque !  Moi seul ai entendu ses paroles. Un murmure, une douce offrande . Invisible elle était aux yeux du plus grand nombre, et pourtant elle rayonnait . Mon ami, mon frère , René , cet instant, cette communion improbable, cette grâce,  je te l’offre à mon tour . J’aime à penser que ta mère en sourit encore au plus profond de ton âme . Comme la preuve d’un Dieu , le sien, pour lequel , nous disais tu du haut de la chaire, noyé dans le chagrin, elle priait…

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