Entretien accordé par Marcel Gauchet et publié dans l’édition « abonnés » de la Matinale du Monde, de ce jour. Version intégrale :
La victoire de François Fillon vous a-t-elle surpris ?
Oui. J’avais remarqué, comme tout le monde, que François Fillon s’était nettement imposé lors des débats télévisés entre les candidats de la primaire, mais je ne pensais pas que l’électorat de droite pouvait se montrer aussi stratège. Il est en général plus fixé dans ses choix. Or, là, il a procédé à grande vitesse et au dernier moment, en fonction de cette offre d’un troisième homme qu’il n’avait pas vraiment perçue, à un calcul de réduction des inconvénients des deux grands favoris : Sarkozy, trop clivant, Juppé, trop consensuel.
Sylvie Pinel, la « patronne » du PRG s’est déclarée candidate, sans passer par la primaire de la « Petite Gauche ». Pour comprendre la « manip », il faut chercher l’homme.
La présentation des chiffres du chômage est devenue un moment clef de la communication gouvernementale. Que l’exécutif soit de gauche ou de droite, ces chiffres sont publiés et commentés en utilisant les catégories qui leur sont les plus favorables. Si le chômage augmente un peu sur l’ensemble des catégories, mais diminue sur la seule catégorie A, le ou la ministre de l’emploi annoncera, par exemple, que le chômage baisse.
Bien ! à trois jours du deuxième tour de la primaire de la Droite et du Centre : résumons . À la surprise générale des sondeurs, éditorialistes, commentateurs et commentateurs des commentateurs, François Fillon a écraséses principaux concurrents. Sarkozy, comme le voulait la Gauche, et Juppé, au grand désespoir de la même.
J’ai un ami tétraplégique. Il aime le rugby et son club : le RCNM, et se désespère de ne plus pouvoir assister à aucun de ses matchs à domicile, au Parc des Sports et de l’Amitié. Sa passion est toujours aussi vive, mais trop d’obstacles matériels et administratifs l’empêchent de la vivre avec intensité.