Ne réveillez pas les éléphants !

 imagePourquoi les éléphants vivent-ils plus longtemps que les souris ? Parce qu’ils ont, proportionnellement, un cerveau plus petit  et des pattes plus grosses ? Non, c’est du côté du cœur qu’il faut trouver la réponse, nous disent les scientifiques. Les petits animaux ont une fréquence cardiaque plus élevée que les gros. Autrement dit, le temps passe plus vite pour les petits. Faut-il transposer à l’homme politique ? La réponse après le deuxième tour des élections présidentielles et le deuxième tour des législatives. En attendant, nos gros mammifères doivent trouver le temps bien long. Chut! ne les réveillez pas…  

Au théâtre ce soir.

 

Hier soir, j’ai fait le choix de François Morel et Olivier Saladin. Au Théâtre de Narbonne. Une heure d’un spectacle désopilant. François Morel aime ses personnages, qu’il « croque » pourtant sans complaisance. Des Rouchon qui écrivent aux Brochon des cartes postales postées de partout. De Venise, de Caracas, de Colombey les deux Eglises. Des Français « moyens » qui nous ressemblent avec leurs rêves de palmiers, d’azur et de hamacs légèrement balancés par de chauds alizés. Et qui, là-bas, si loin, ont la nostalgie de leurs jardins, de leurs bistrots, de leurs bouquins… Alors, pour tuer l’ennui de ces séjours formatés par l’industrie du voyage, on écrit de vaines et ridicules cartes postales. Car il ne sera pas dit aux amis et aux parents restés à la maison que l’aventure se trouve parfois au coin de la rue. On gardera ce secret au fond de sa conscience. Jusqu’au prochain voyage. A la recherche désespéré d’un bonheur qui ne peut-être donné partout et en même temps… Du grand art !

P.S : Au même moment, un autre spectacle était offert aux Français. Moins de poésie et de vérités existentielles cependant…  

Dits de Jacques Imbert.


 

Rangement de ma bibliothèque. Une façon de parler. Dérangement serait plus approprié. Un rituel pour replonger au hasard dans des textes qui ne me quitteront plus. Ainsi cet étrange ouvrage : journal, poésie, prose…de Jacques Imbert « Les jours et les autres », édité par Jacques Brémond.

Le 13 octobre 1988, il écrit ceci : « Première amabilité entendue, d’élu à élu, sur le sol languedocien : Je te couperais en tranches comme un kiwi ! ».

Six ans plus tard, le 14 octobre 1994 : «  Il nous félicite pour notre enthousiasme et je ressens aussitôt, sous l’apparence du compliment, un insondable mépris. »

Et le 25 novembre 1989 : « Ne pas oublier ce que Pierre Emmanuel appelle la préméditation de l’inconnu et à laquelle rien ne résiste, pas même les systèmes les mieux organisés. »

J’ai oublié de préciser que Jacques Imbert était aussi Directeur Régional des Affaires Culturelles. Je l’ai rencontré à quelques reprises, à Montpellier, lorsqu’il exerçait dans notre région. A une époque où la communication s’est saisie de la culture…

Pauvre Arthur!

 

Arthur-Charles Dillon, fut le dernier archevêque et primat de Narbonne dont il occupa le siège de 1763 jusqu’à son exil sous la révolution. Il mourut à Londres le 5 juillet 1806 et fut inhumé le 11 juillet suivant au Cimetière Saint Pancrace de la même ville. Saint très honoré en Corse d’ailleurs. Et plus particulièrement par les bandits « d’honneur », sous la protection duquel ils se placèrent pour des raisons que les spécialistes de l’île de beauté n’ont pas encore élucidées.

Eh bien, le voilà de retour notre Monseigneur Dillon ! Du moins ce qu’il en reste. C’est-à-dire pas grand-chose.

Point de miracle et de bandits corses,dans cette affaire, mais une farouche volonté, celle du président de la commission archéologique, J. Michaud, et,surtout, le secours providentiel d’une pelle mécanique sur le site de Saint pancrace. Les voies du Seigneur sont décidément  bien impénétrables et offrent à Narbonne, pendant ces trois jours, un décorum d’Ancien Régime.

Pompes et discours, messes et homélies, conférences et petits fours,soutanes et tenues sombres raviront tout le petit gotha républicain et ecclésiastique local réunit pour la circonstance.

On aime cultiver le passé dans nos régions. Toujours forcément glorieux… Des cathares aux archevêques en passant par les révoltés de 1907.. Une manière comme une autre d’instrumentaliser l’histoire.D’oublier un présent si trivial et qui, l’ingrat, résiste,à toutes ces mises en scène sulpiciennes.

Quant à ce que ce retour inattendu suscite un « enthousiasme certain dans l’opinion régionale » et des manifestations de ferveur dans les rues de Narbonne, comme l’espère ses promoteurs, espérons qu’il n’en sera rien. Dans le cas contraire, il y aurait de quoi s’inquiéter pour notre santé mentale collective.


Philippe


 

Philippe Torreton est un grand acteur. Un mauvais causeur aussi. A la scène, il incarne avec talent tout le génie de Shakespeare et dans la presse, le Midi Libre de ce dimanche, il s’exprime dans un français médiocre sur le tout et le rien. Un échantillon : « le service public a des exigences de volonté ». Un « service public exigeant » devait lui paraître un peu court, sans doute.

Le parler de nos comédiens se rapproche hélas de celui en usage sur les plateaux de télévision et dans les officines politiciennes. Pas étonnant, dans ces conditions, que Monsieur Torreton, qui pourtant se réclame « du génie de Jean Vilar », se laisse aller à dire qu’un mandat de député « le tenterait ». Une autre façon de faire du théâtre, après tout.