Harry Belafonte ! Il avait 96 ans. Je le croyais immortel…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Me.26.4.2023
 
Il avait 96 ans. Je le croyais immortel. Il était beau. Sa voix, douce et virile, touchait les cœurs. Son visage aux traits purs, sa longue silhouette, sa façon de se déplacer sur scène, tout chez lui exprimait une grande noblesse de caractère. Il était la classe incarnée. Naturelle, rayonnante. Il était tout cela aussi qu’il mettait au service d’une sensibilité civique sûre de ses droits. J’aimais cet homme. A un ami, je disais ma peine. Et m’interrogeais avec lui sur notre époque, si elle pouvait nous présenter un tel être aussi exceptionnellement simple et doté de tous les talents artistiques et humains.
 
 
 
 

Cinéma ! Quelques mots sur « La Conférence », un film magistral !

 
 
 
 
 
 
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Di.23.4.202
 
Cinéma : 15 heures. « La Conférence , dans la salle Art et Essai du Théâtre du Grand Narbonne.
 
Synopsis : « Au matin du 20 janvier 1942, une quinzaine de dignitaires du Ille Reich se retrouvent dans une villa à Wannsee, conviés par Reinhard Heydrich à une mystérieuse conférence. Ils en découvrent le motif à la dernière minute : ces représentants de la Waffen SS ou du Parti, fonctionnaires des différents ministères, émissaires des provinces conquises, apprennent qu’ils devront s’être mis d’accord avant midi sur un plan d’élimination du peuple juif, appelé solution finale. Deux heures durant vont alors se succéder débats, manœuvres et jeux de pouvoir, autour de ce qui fera basculer dans la tragédie des millions de destins. »
 
La veille, je publiais un billet dans lequel je m’interrogeais sur le comportement de certains jeunes gens au musée d’Auschwitz, leur usage de selfies et leur façon de se mettre en scène et en image. Et ce que, pour moi en tout cas, ces pratiques numériques signifiaient sur un plan, disons civilisationnel.
Dans la salle, pour en revenir au film, pas bien grande, au 3/4 vide, que des « têtes chenues », comme la mienne. A la fin de la projection, je me suis demandé si le jeune homme faisant le funambule sur les rails du musée, en illustration de mon billet, ou la jeune femme qui y était couchée en travers prenant la pose, son visage tourné vers le soleil, un sourire satisfait aux lèvres, aurait tenu deux heures devant ces images sans musique, ni actions. Une conférence en allemand, qui plus est, sous-titrée. Des images qui montrent comment un antisémitisme, disons désordonné, est métamorphosé par le traitement institutionnel pour aboutir à un antisémitisme de raison : sérieux, abstrait, chiffré. Le cadre : un huis clos dans le climat gris d’une villa grise dont on devine que les propriétaires ont été exécutés ; la mise en scène est tirée au cordeau, sèche, froide, et le casting – choix et jeu des acteurs – remarquable – et avec quel talent sont exprimés là tous les sentiments propres à des hommes de pouvoir au service d’un projet politique génocidaire : opportunisme, lâcheté, prédation… –, rendent parfaitement compte d’une réalité humaine et historique glaçante. Terrifiante ! Un film magistral, nécessaire. À voir !
 
 
 
 
 
 
 

Les selfies de la honte !

 
 
 
Sa.23.4.2023
 
Peut-on se photographier – ou se faire photographier – tout sourire au mémorial de la Shoah de Berlin, ou à Auschwitz jouant un funambule sur des rails et un site qui symbolisent la déportation et la mort de millions de personnes. Oui, si l’on en croit les responsables du Musée d’Auschwitz, qui ont relayé ces images, tout en appelant leurs auteurs et les futurs visiteurs à la décence et au respect de la mémoire des victimes. Ainsi, selfies et photos légères, où l’on se met en scène et au centre d’un lieu envisagé sous le seul angle d’un décor, semblent, pour les « jeunes » générations, en tout cas, une pratique médiatique banale ! Soi d’abord, et au premier plan toujours, sur un fond de réalité physique ou historique neutre. Comme s’il fallait en effacer les traces, la mémoire : trop lourdes à porter dans ce monde de l’instantané, du fluide et du léger. Et laisser l’oubli faire son œuvre, comme l’océan laisse à marée basse des bateaux nus et désarmés dans la vase.
 
 
 
 

Conversation de bistrot autour de l’info-divertissement…

 
 
Ma.18.4.2023
 
Conversation de bistrot !
 
La novelisation de l’info, politique surtout, a besoin de personnages clivants et transgressifs, disais-je à mon voisin de zinc. Et ceux qui font métier de scénariser l’info-divertissement se foutent de la représentativité ou de la compétence de leurs interlocuteurs, croyez moi. Pire, voyez-vous, ces qualités sont à leurs yeux de gros défauts synonymes de baisses d’audience et de pertes financières. Non ! Les profils recherchés par ces marchands de fadaises sont du type, façon de parler, de Sandrine Rousseau. Vous ne l’aimez pas ? C’est vrai, elle ne représente électoralement personne et débite des sottises, mais on lui tend toujours micros et caméras matins, midis et soirs. C’est une personnalité marginale et clivante, et cela suffit ; et elle en jouit de surcroît ! Notez que, dans cet écosystème, éditorialistes et journalistes, font bon ménage aussi avec les stars du monde des spectacles : cinéma, théâtre et autres arts du vivant. Ce qui n’a évidemment rien de surprenant. Leur métier est un art du travestissement qui les prédispose naturellement à ce jeu d’illusions et d’apparences. Les « comiques » n’éditorialisent-ils pas avec succès dans les journaux radios et télés ? Des façons de faire qu’on observe aussi sur les réseaux sociaux. Comment vous n’êtes pas sur Facebook ? Vous y verriez alors des « amis » sociologues, philosophes, écrivains d’intention ou reconnus, hauts fonctionnaires à la retraite… critiques du capitalisme et du « néolibéralisme », ou pas d’ailleurs, se lâcher en outrances et bêtises. Ça paye en like, disent-ils. Ce qui démontre, s’il le fallait, que, sur ce média social, en tout cas, l’intelligence et le savoir s’accommodent de ce genre de méthodes. Ah ! que je vous dise, les martinets ne volent plus en solitaire. Il était 8 h 30, 9 heures peut-être, je les ai vus tournoyer en nombre, dans un ciel encore en partie nuageux. Dans les jours qui viennent, ou ce soir, qui sait, ils raseront en bandes filantes les toits de la ville. Je les verrai alors de ma terrasse foncer à hauteur d’homme dans ma direction pour, au dernier moment, s’élever en criant dans les airs. Quel spectacle fascinant ! Vous voulez un autre café ?
 
 
 

Quelques images d’André Téchiné dans « Les âmes sœurs »…

 
 
 
 
 
Di.16.4.2023
 
Un moment de cinéma.
 
J’ai vu les âmes sœurs d’André Téchiné hier après midi. Au début du film, on découvre David, un soldat blessé lors de l’explosion de son véhicule blindé au Mali, dans un lit d’hôpital, aux Invalides. Il est dans le coma ! Quand il ouvre ses yeux, il doit faire face au vide de sa mémoire. Au cours de son traitement, le psychiatre qui le suit, lui confie un ordinateur portable. Il ajoute cependant : « Ne regardez pas les actualités, c’est trop déprimant ; ni du porno… ». Quelques plans plus tard, on voit David, assis sur son lit, devant son écran. Il sourit, puis rit, rit. Il regarde, et nous regardons avec lui, une scène d’un film de Charlin Chaplin. J’ai souri, moi aussi. Ainsi, en quelques images, quelques images d’une grande douceur, André Téchiné nous montre la violence du réel et ses formes hallucinatoires dans l’actualité et le porno. La perte collective de notre mémoire et la vertu libératrice du rire aussi. D’un rire à l’état pur, sans mots pour en dégrader la nature.
 
 
 
 

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