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Le Monde publie une infographie très intéressante qui donne une idée de ce à quoi pourrait ressembler le paysage politique audois au soir du 18 juin. Avec quatre blocs très proches en nombre de voix au premier tour de la présidentielle – En marche ! (EM) le Front national (FN), Les Républicains (LR) et La France insoumise (FI) –, même avec 40 % d’abstention, en « projetant » les résultats du premier tour il pourrait y avoir trois triangulaires – 82 triangulaires en France ! Des triangulaires qui sont le moyen pour le Front national d’accéder à la victoire sans avoir besoin de plus de la moitié des voix.
Mélenchon ne dira pas ce que sera son vote avant le 7 mai. Contrairement à son «appel» de 2002, il ne fera donc pas barrage au FN et à sa candidate d’aujourd’hui. Pas de «front républicain», est son nouveau mot d’ordre ! La seule consigne officielle de vote exprimée jusqu’ici émane du petit cercle de ses proches collaborateurs : pas une voix à Marine Le Pen.
Lors du dernier rassemblement de Benoît Hamon à Toulouse, Madame Delga lançait fort imprudemment en direction d’Emmanuel Macron et de son mouvement En Marche, une attaque diplomatiquement, si je puis dire, – et politiquement – stupide :
« Au centre c’est partout et nulle part. On attrape tout et n’importe quoi. C’est une auberge espagnole dans laquelle s’est attablée une clique d’anciens couteaux de la Chiraquie et dont deux tiers des soutiens sont nés avant la Ve République »¹.
Ce n’était pas faire preuve d’une claire conscience de l’état dans lequel se trouve le PS aujourd’hui, en effet, que de sous-entendre ainsi que Manuel Valls (qu’elle a pourtant soutenu lors de la primaire), Le Drian, Collomb, et tant d’autres, et non des moindres, à gauche, comme les députés PS sortants, ou pas, de la Région Occitanie : Monique Iborra, Jean Claude Perez, Anne-Yvonne Le Dain, Vignal, Cresta… appartiendraient eux aussi à la clique cacochyme du « tout et n’importe quoi ». Et, surtout, de ne pas voir et comprendre le profond mouvement de recomposition politique à l’œuvre à Gauche et à Droite, qui dynamite les deux « grands partis de gouvernement » autour desquels se constituaient depuis les années 70 des majorités d’alternance. Les résultats du premier tour viennent de tomber… et le PS – qui a frisé avec à peine un peu plus de 6% la liquidation de bien et la vente de Solférino – et les Républicains – en morceaux… – ne seront pas au second !
Dans ce contexte, comme prévu donc, madame Delga se voit contrainte d’appeler « les démocrates et républicains » à voter au second tour sans états d’âme pour le jeune dirigeant « d’une clique d’anciens couteaux… », pour contrer Marine Le Pen, tout en déclarant « qu’il est temps de passer à un nouveau cycle, d’en finir avec l’entre-soi et, surtout, de donner des preuves concrètes d’un nouvel âge politique tant en matière d’éthique, d’exemplarité et de transparence, en lien permanent avec les populations. » Éthique, exemplarité, transparence, certes, mais « principes » auxquels j’ajouterais celui de cohérence politique, et qui, appliqués à elle-même auraient dû l’amener à un peu plus de circonspection pendant cette campagne des présidentielles plutôt que d’en rajouter dans une posture de néo-convertie à la ligne hamonienne.
Autre preuve de cette cécité politique est sa proposition de reconstruire le PS en prenant un peu de Mélenchon et un peu de Macron, de « se situer entre les deux » ; bref de passer à un « nouveau cycle » en continuant à rouler comme avant avec l’homme ou la femme providentielle de la nécessaire synthèse au guidon ! Comprenne qui pourra… Quoi que l’on pense par ailleurs de Manuel Valls, en tout cas, son diagnostic, lui, est beaucoup plus clair et beaucoup plus juste : « Ceux qui ne partagent pas les mêmes idées, ceux qui ne sont pas d’accord sur l’Europe, l’économie, l’entreprise ou la laïcité… Peuvent-ils encore être dans la même famille politique? Personnellement, je ne le crois pas ». Et Monsieur Kléber Mesquida, le président du Conseil Départemental de l’Hérault, d’enfoncer le clou à sa manière toujours empreinte d’une grande élégance : « Dès aujourd’hui, ceux qui ont failli à leur parole ou à leurs écrits, comme Manuel Valls, n’ont plus leur place. Nous devons assainir. Pour refonder avec des gens de foi, pas des opportunistes. » Clac!
La séparation organisationnelle entre ces deux lignes au sein du PS, contrairement à ce que madame Delga semble penser, est donc bien à l’ordre du jour ; et elle se fera après les législatives, d’une façon ou d’une autre. Des législatives qui, dans cette région, et l’ex Languedoc-Roussillon en particulier, où le FN et la France Insoumise sont très haut, suivis de près par En Marche, risquent de se traduire par une déroute électorale des candidats labellisés PS. Signe de ce climat tendu à l’extrême chez certains députés sortants PS, cette déclaration en forme de chantage de Monsieur Assaf : « Je prends mes responsabilités, je vais appeler à voter Macron. Mais si dans trois semaines, il m’envoie un candidat au risque de faire passer le FN… Prendre ses responsabilités, cela vaut pour moi comme pour lui. » Les électeurs apprécieront ! Quant à moi, je lui souhaite, pour lui faire perdre cette arrogance mêlée à la peur de voir son « confortable office » passer en d’autres mains, de ne pas figurer au second tour de ces législatives à venir au profit du candidat d’En Marche qui sera investi… La recomposition politique passe aussi par le renouvellement de ce genre de tête là…
L’Aude, Département traditionnellement rose, s’est couchée hier soir, tard, « rouge-brun ». Souverainistes de gauche et de droite, Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon totalisent à eux deux près de 50% des voix exprimées. Benoît Hamon, lui, atteint difficilement un peu plus de 6%, très loin du score de Fillon : 15%, et encore plus loin de celui de Macron : 20%. Un véritable séisme politique pour le PS qui, jusqu’ici, jouait quasiment en « roues libres » à chacune des grandes échéances politiques, nationales ou régionales. Une situation historique d’autant plus alarmante, pour les législatives à venir, dans les trois circonscriptions détenues par le PS, qu’en additionnant l’ensemble des voix de gauche, une gauche fracturée – Que feront les soutiens de Valls ? La France Insoumise elle aussi aura elle un candidat du PCF en face etc. – on arrive péniblement à un petit 30%. De sorte que, dans ce contexte inouï, l’effet de levier du second tour de l’élection présidentielle, s’il se produisait de façon significativement forte en faveur de Macron, pourrait avoir pour conséquences de bénéfiques « répliques » politiques au plan local. Non seulement, les candidats d’En Marche, défendront évidemment, comme argument principal, la nécessité de la cohérence politique entre projet présidentiel et majorité parlementaire. Mais la logique et les gains de l’argument du « vote utile », pour éviter l’élection du candidat FN, dans le cadre de probables triangulaires, comme au premier et second tour de la présidentielle, pourrait s’avérer lui aussi décisif… C’est dire l’importance du « profil » politique et sociologique –dans ce jeu hors-normes politiques traditionnelles – de ceux ou celles qui obtiendront l’investiture d’En Marche, dans les deux circonscriptions restantes à pourvoir. À suivre !
*Le positionnement et les initiatives des élus et militants socialistes pro-Valls qui, jusqu’ici, ont joué « profil bas » la carte Hamon – au point que l’on peut se demander s’ils n’étaient pas partis en vacances ! – seront à suivre avec beaucoup d’intérêt. Alors que le PS est plus que jamais divisée entre deux lignes politiques, Manuel Valls estime en effet que ces « contradictions » ne peuvent plus durer. « Ceux qui ne partagent pas les mêmes idées, ceux qui ne sont pas d’accord sur l’Europe, l’économie, l’entreprise ou la laïcité… Peuvent-ils encore être dans la même famille politique? Personnellement, je ne le crois pas », a indiqué l’ex-chef de gouvernement.