Chronique de Narbonne et de la Grande Région: Quel nom pour le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées?

 

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Dans l’Express de cette semaine, ce questionnement « anxiogène » sur le futur nom de la future Grande Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées…

Dans une contrée réputée pour son goût de la castagne, le débat sur le futur nom de la région ne dépare pas. Depuis des mois, déjà, d’Auch à Nîmes, en passant par Rodez et Perpignan, les échanges sont « virils », comme on dit au rugby. Cela se comprend. Dans le Midi, les questions identitaires sont particulièrement sensibles. Circonstance aggravante : il s’agit du seul cas où une métropole (Montpellier) s’apprête à perdre son statut de capitale régionale (au profit de Toulouse). Tout cela ne contribue pas à créer un climat particulièrement serein…

L’exercice, il est vrai, est particulièrement difficile. « Dans l’idéal, il faut respecter les identités historiques et culturelles tout en trouvant un terme court et porteur d’image à l’international », résume le président sortant de Midi-Pyrénées, le socialiste Martin Malvy. Certains ont cru trouver la solution en proposant tout simplement Languedoc. De fait, cet ensemble nouveau et immense (sa superficie équivaut à celle de l’Autriche ou de l’Irlande !) reconstitue en partie la province de l’Ancien Régime, créée après l’intégration de ces territoires au royaume, dans la foulée de la croisade contre les Albigeois.

Séduisante, l’idée se heurte cependant à deux difficultés. Premièrement, « certaines parties de l’ancien Languedoc se situent en dehors de la nouvelle collectivité, comme l’Ardèche et une partie de la Haute-Loire. Et, inversement, une partie d’entre elles n’a jamais été languedocienne, notamment le Roussillon, les Hautes-Pyrénées et le comté de Foix », rappelle l’historien Gauthier Langlois, auteur d’un blog très riche sur ces questions. Deuxièmement, l’identité de la future collectivité n’a rien d’homogène : majoritairement langue – docienne, elle est aussi gasconne, à l’ouest (1) et catalane, plus à l’est.

C’est dans les Pyrénées-Orientales que s’exprime la contestation la plus vive. « Nous n’acceptons pas et nous n’accepterons pas que la nouvelle région porte le seul nom de Languedoc. Notre catalanité doit être respectée », tonne ainsi le sénateur UMP François Calvet, qui a adressé en octobre dernier une missive en ce sens à Manuel Valls, en lui rappelant ses origines barcelonaises. Or, en raison des visées séparatistes des voisins du sud, il est peu probable que le Premier ministre accepte la proposition « Catalogne ». Mais ce n’est là qu’une hypothèse : le chef du gouvernement a refusé de répondre aux questions du sénateur comme à celles de L’Express.

D’autres penchent pour Occitanie, mais l’idée butte sur des difficultés semblables. Selon ses propres partisans, ce territoire – qui n’a jamais existé sur le plan administratif – couvre une zone beaucoup plus large que la future collectivité, allant de l’Aquitaine à la Provence, et même jusqu’aux vallées italiennes du Piémont. C’est pourquoi le maire (UMP) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, séduit par une appellation « mobilisatrice et identitaire », préconise « Midi Occitan ». « Cela éviterait de donner l’impression de vouloir accaparer toute l’Occitanie et montrerait, grâce au terme ‘Midi’, que les Catalans n’ont pas été oubliés. » Pas sûr toutefois que ces précautions suffisent à emporter l’adhésion : les Catalans comme certains Gascons, convaincus de parler des langues différentes, ne se reconnaissent pas dans le vocable « occitan ».

Eviter un intitulé à rallonge qui se réduirait vite à ses initiales

La seule solution consisterait-elle à énumérer toutes les identités de ce vaste territoire? Pas sûr. Car la démarche, louable en soi, entraînerait alors un autre risque : déboucher sur un intitulé à rallonge du type « Languedoc-Catalogne-Gascogne ». Avec pour conséquence certaine de voir celui-ci se réduire très vite à ses seules initiales : LCG…

Pour éviter ces multiples écueils, certains, comme Martin Malvy, suggèrent de quitter les chemins de la brûlante Histoire et des passions culturelles pour se tourner vers la plus tranquille géographie. « C’est une simple hypothèse, mais pourquoi pas Pyrénées-Méditerranée ? » lance-t-il. De la même manière, Damien Alary (PS), son homologue de Languedoc-Roussillon, suggère d’utiliser un terme magique à ses yeux : le Sud. « Soit Sud tout court, soit Sud-Méditerranée, soit Sud de France. Cela permettrait d’éviter les sigles, type Paca, et d’opter pour un nom porteur à l’international, associé à l’art de vivre et à la convivialité. »

Las ! Son idée est frontalement refusée par Dominique Reynié, tête de liste investie par l’UMP : « Il serait paradoxal qu’une région dotée d’une histoire si riche se replie sur une marque commerciale, glaciale, sous prétexte qu’il serait trop difficile de respecter la diversité de nos cultures », tranche le politologue originaire de l’Aveyron. Persuadé que « les questions identitaires sont aujourd’hui majeures », il dit réfléchir à « une combinaison de dénominations et de signes afin d’exprimer la diversité de ce territoire ». Et de citer – à titre d’exemple – « le nom Languedoc, associé aux couleurs du drapeau catalan ».

Plus prudente, la secrétaire d’Etat Carole Delga, chef de file des socialistes et favorite du scrutin dans une région qui penche très fortement à gauche, se retranche de son côté derrière l’idée d’une consultation. « Je la lancerai en juin, après ma démission du gouvernement. De ce fait, je ne vais pas fermer le débat en indiquant ma préférence dès aujourd’hui. La seule chose que je puis dire, c’est qu’il ne faut pas un nom trop long qui, à terme, serait remplacé par des initiales. Des propositions ont été avancées : Sud, Midi, Languedoc, Pyrénées-Méditerranée… D’autres le seront. Les citoyens trancheront. »

Encore faudrait-il que les-dits « citoyens » expriment un choix clair. Pour le moment, les enquêtes menées par la presse régionale n’ont pas permis de dégager le moindre consensus.

(1) Le Gers, les Hautes-Pyrénées, sans oublier une partie de la Haute-Garonne et de l’Ariège.

Lire aussi, sur ce même sujet, l’excellent article de Gauthier Langlois, notre ami blogueur de Villemoustoussou : ici sur son site ( remarquable!).

Chronique de Narbonne. Qui veut « couler » le restaurant « Le Pavillon » à la Nautique?

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Je croyais les Tartarins de la Société Nautique Narbonnaise, mis à quai et au pas par Didier Mouly, et Robert Déjean son Président, enfin convaincus de ne plus agiter des eaux, que leur concessionnaire, voudrait semble-t-il plus calmes. Eh bien non! Les voilà  maintenant partis pour une nouvelle bataille nauticarde: envoyer par le fond le restaurant « Le Pavillon ». Ce qui figurait, me dit-on, dans leur programme. Comme le championnat d’extrême glisse, que le maire de Narbonne s’est empressé de rétablir après qu’ils l’eurent dézingué à trois mois de son commencement. C’est ainsi que la nouvelle majorité de la SNN a  condamné, par un « mur » de jardinières – décidément, on les aime les jardinières dans cette ville! -,  sans demander d’autorisation à la Ville de Narbonne, l’accès au parking public de la concession.

Chronique de Narbonne et de la Grande Région. Reynié renierai-il les Républicains, pour les régionales?

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C’est ce vendredi que la tête de liste des Républicains aux élections régionales, Dominique Reynié, officialisera sa méthode de travail. Il aurait opté pour le principe de 13 référents, un par département, qui seraient chargés de coordonner les candidatures de ceux et celles qui voudraient figurer sur les listes. Et ça tangue! Sérieusement. Et pas seulement dans l’Hérault où sa méthode est vigoureusement contestée par le patron de l’instance départementale du parti. Dans le Gard, le sénateur-maire de Nîmes, Fournier, sur un autre registre le dit publiquement: Reynié n’est pas légitime pour conduire les Républicains. Après Grand, lui aussi sénateur, dans le département voisin, ça commence à faire beaucoup, et du lourd… Dans l’Aude, Py, le chef de file des Républicains, n’apprécie guère, lui non plus, que Reynié organise, le 13 de de mois, sauf clash d’ici là, un rassemblement des élus de droite et du centre à Narbonne … chez Didier Mouly, qui déjà se voit nommé par Reynié « référent départemental »  et tête de liste. Ce qui serait un comble, et provoquerait un véritable séisme dans les rangs des militants et électeurs de l’ex UMP; et ouvrirait un véritable boulevard pour le FN, voire une liste labellisée par Philippe Saurel, s’il décidait de concourir… Bref, c’est un peu la panique dans les rangs de la droite. Au point que certains évoquent déjà un retrait de Reynié. Ici, en Languedoc-Roussillon, la tension monte. Comme la température… En Midi-Pyrénées, pire, le vent d’autan forcit. Le temps est aux orages…

PS; Quelques heures après la mise en ligne de ce billet et l’article du Midi Libre auquel il est référencé, les réactions ne se sont pas faites attendre. Midi Libre en rend compte (ici) sous le titre « Clash interne au sein du camp Républicains »…

Chronique de Narbonne et d’ailleurs. Le « système » Nicollin mis à nu dans l’Express par Manuel Cudel …

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Formidable dossier dans l’Express de cette semaine, conçu et écrit de main de maître par Manuel Cudel, le rédacteur en chef de l’agence narbonnaise du Midi Libre. À sa lecture, rien de nous est plus étranger des relations de toute nature de « Loulou », le « roi des poubelles », avec ces mondes du sport, de la politique et des affaires aux frontières disons poreuses . Sarkoziste militant au vocabulaire puissant et dévastateur, Nicollin , la larme à l’oeil, ne se rend-il pas deux fois par an sur la tombe de l’ancien président socialiste de Région, George Frêche?  Il est vrai cependant que ces deux fortes personnalités entretenaient de réelles et sincères relations d’amitié. Et à bientôt 72 ans, le président du MHSC est bien connu pour avoir fait d’un ancien club de quartier de Montpellier un champion de France de football. Un investissement et un succès fondé sur un principe simplissime résumé par l’intéressé « Je sponsorise dans les villes où je travaille ». Sponsoring auquel il consacre un budget de 2 millions d’euros par an. Une arme d’une efficacité redoutable dans la conquête de nouveaux marchés qui l’amène à dire, le 3 novembre 2014: « On aurait les poubelles à Béziers, ça me déplairait pas de m’occuper à nouveau de l’ASBH». Ce que le maire, Robert Ménard, confirme à demi-mot. Manuel Cudel résume ainsi l’art de Loulou: « Dans ses relations avec le pouvoir, le patron du groupe Nicollin se montre, malgré sa corpulence, aussi habile qu’une danseuse étoile. » Homme de réseau, ce dossier nous éclaire aussi sur ses relations avec tout ce qui compte, à Montpellier notamment. S’il demeure, par exemple, le plus vieil apprenti maçon de France, il n’en est pas moins un des plus influents dans cette petite galaxie des quelques clubs gravitant aux frontières de l’économie et de la politique. De tout cela, comme du management de son entreprise, de la gestion de sa succession, de sa réussite et de ses échecs; de ses coups de coeur et de ses coups de gueule, rien n’est laissé dans l’ombre par Manuel Cudel et Sylvain Morvan. Le tout dans un style clair et imagé, qui ajoute un vrai plaisir de lecture à cette enquête approfondie, sans être pour autant à charge. Un dossier qui restera comme une référence pour tous ceux qui s’intéressent à la vie économique, politique et sportive de cette région… Du très bel ouvrage!

Le prodige de l’Europe | Le Blog de Nathalie MP

  

Voilà un texte dont je ne partage ni tous les postulats, ni toutes les conclusions mais qui me semble utile à la réflexion sur un sujet devenu aujourd’hui passionnel…

… En 1992, j’avais lu le petit livre de Philippe Séguin contre le traité de Maastricht et à bien des égards je l’avais trouvé intéressant, en particulier sur l’apparition inutile d’une Europe des régions, en concurrence les unes avec les autres au sein d’une même nation. Mais s’il est de bon ton de louer la pensée visionnaire de Philippe Séguin ainsi que sa parfaite connaissance de l’Histoire de France, je n’adhère pas à sa vision des périls que l’intégration européenne ferait courir aux peuples d’Europe. 1. Je ne crois pas du tout que les ambitions nationales ne soient pour rien dans le déclenchement des guerres.

2. Je ne crois pas du tout que l’Europe et sa monnaie unique ait apporté le chômage de masse, le blocage de l’investissement et l’ajustement à la baisse de notre système de protection sociale.

A propos du point 1, Jean-David Sichel (inconnu de moi, mais je me base sur son texte) nous rappelle les préventions de Philippe Seguin contre une Europe de type fédéral dans un article assez récent du Figaro Vox :« On nous presse de nous souvenir des conflits qui ont ensanglanté notre continent. » A ces arguments rabâchés, Philippe Séguin répond par des analyses historiques et philosophiques bien senties : « Force est de reconnaître que dans notre siècle, plus de malheurs nous sont venus des grandes idéologies et des impérialismes dominateurs que des ambitions nationales. »

« Arguments rabâchés », voilà comment M. Sichel caractérise la recherche de la paix en Europe. Eh bien, tant pis si c’est mièvre, mais pour moi, ça compte. Quant aux propos de Philippe Séguin, rappelons qu’ils étaient tenus en 1992, moment de notre histoire particulièrement immobile sur le plan des nations comme sur le plan des religions. L’URSS venait tout juste de s’effondrer, la guerre au sein de l’ex-Yougoslavie ne faisait que commencer et l’islamisme ne s’était pas encore vraiment manifesté dans nos vies d’Européens. La République islamique instaurée en Iran en 1979 était bien loin de nous.

Pas étonnant dès lors que ce sujet soit jugé inexistant voire trivial par certains hommes politiques de l’époque. Bien à tort, car depuis la guerre en Yougoslavie, les conflits s’enchaînent à nos frontières européennes et le nationalisme y a plus de part que les grandes idéologies dominatrices. Bien à tort, car depuis Richelieu, toute l’Histoire de l’Europe est celle d’Etats Nations qui poussent impitoyablement leur intérêt national.Sur le point 2, un autre auteur, dans un article des Echos datant de 2012 cette fois, vante la clairvoyance de Philippe Seguin qui s’inquiétait du projet de « monnaie unique sans souverain » :« Traité qui prévoit le respect de normes budgétaires tellement contraignantes qu’elles imposeront à un gouvernement confronté à une récession d’augmenter les taux d’imposition, pour compenser la baisse des recettes fiscales, et maintenir à tout prix le déficit budgétaire à moins de trois pour cent de PIB. »

C’est là que j’ai envie de parler de contre-argument « rabâché » : l’horreur économique des 3 %, l’horreur de la règle d’or, l’horreur d’une monnaie apparemment sans souverain ! Même avec souverain, frontière, nation, sceptre et couronne, les finances publiques ont toujours représenté un problème de déficit perpétuel. En France, il s’est parfois résolu par défaut souverain (et Voltaire dit qu’il y a laissé une belle ardoise) ou bien il a débouché assez directement sur la Révolution française.

Ce n’est pas l’intégration européenne et la monnaie unique qui déterminent les politiques de dépenses publiques des pays européens. Le poids de l’Etat est de fait assez varié dans le PIB de chacun des Etats membres. De plus, on a pu voir que les instances européennes se sont montrées plutôt conciliantes sur le respect du Pacte de stabilité à 3 % depuis la crise de 2008.

La France se donne maintenant jusqu’en 2017 pour y parvenir. Si la protection sociale doit être ajustée, notamment sur les retraites, c’est largement plus en raison de l’augmentation de la durée de vie que du fait de contraintes monétaires européennes. Bien sûr, quand je parle de « rapprochement » des pays d’Europe, je sais qu’il importe de définir ce que l’on entend par rapprochement. Et quand je dis que j’ai voté sans états d’âme pour le TCE de 2005, je n’oublie pas qu’en France il fut nettement rejeté (par près de 55 % des suffrages) et que sa ratification par voie parlementaire, annoncée pendant la campagne présidentielle de 2007, a laissé un goût amer à tous ses nombreux opposants.

Bien sûr, je ne suis pas béate au point de penser que tout va pour le mieux dans l’UE. Beaucoup de politiques me chagrinent, à commencer par le quantitative easing (forme moderne et compliquée de la planche à billets) décidé en début d’année. Beaucoup de fonctionnements m’atterrent, je pense par exemple au coût de tous les interprètes et traducteurs (car tout doit être traduit dans toutes les langues des vingt-huit pays membres). Et je pense aussi à l’élargissement, qui s’est fait trop vite, trop loin, sur trop de non-dits.

C’est pourquoi il me semble que la promesse de campagne de David Cameron de soumettre à référendum l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE est une possible excellente occasion pour tous les Européens et tous les pays membres de réfléchir à nouveau au sens de l’Europe et à son fonctionnement. Réélu avec une majorité absolue au Parlement, le Premier ministre britannique n’a pas perdu de temps pour enclencher le processus auprès de ses citoyens. Par la voix de la reine Elisabeth II, il a annoncé ses projets mercredi. Je les trouve particulièrement « fair » et intelligents car il pose d’entrée qu’il considère avant tout l’ensemble de l’Union :

« Mon gouvernement renégociera la relation du Royaume-Uni avec l’UE, et poursuivra la réforme de l’UE dans l’intérêt de tous ses Etats membres. En parallèle, une législation sera introduite pour fournir un référendum sur l’appartenance à l’UE avant la fin 2017. »

Les britanniques devront donc répondre à la question : « Le Royaume-Uni doit-il demeurer un membre de l’Union européenne ? »  J’espère pour ma part qu’ils y répondront positivement car j’ai du mal à imaginer que l’UE puisse être complète sans l’apport des idées, des originalités et des idiosyncrasies d’Outre-Manche. J’espère que le débat qui ne manquera pas de prendre place en Europe sera au niveau de l’enjeu pour notre avenir. A mon sens, la vraie grande question du XXIè siècle pour nous autres Européens, ce n’est pas le changement climatique, c’est de savoir si l’Europe va rester soudée ou non. Une intégration européenne envisagée sereinement par tous ses citoyens est, je pense, la seule façon de nous affirmer face aux défis qui nous guettent : vieillissement de notre population, terrorisme islamiste, tectonique des plaques nationalistes plutôt houleuse du côté de la Russie, migrants en nombre à nos portes, monde multi-polaire et estimation de la population africaine à 4 milliards en 2100. Un repli nationaliste et étatique me paraît complètement impropre à apporter la moindre réponse à ces situations complexes.

Pour finir, en écho aux « panthéonisations » de mercredi, j’aimerais citer un petit extrait, le tout début et la toute fin, du discours prononcé par Pierre Brossolette le 18 juin 1943 à l’Albert Hall de Londres pour rendre « Hommage aux morts de la France combattante »  (merci à François Miclo qui l’a porté à ma connaissance) :

« L’Histoire de notre pays n’est qu’une suite de prodiges qui s’enchaînent : prodige de Jeanne d’Arc, prodige des soldats de l’an II, prodiges des héros de la Marne et de Verdun, voilà le passé de la France. (…) Ce qu’ils(= les morts de la France combattante) attendent de nous, ce n’est pas un regret, mais un serment. Ce n’est pas un sanglot, mais un élan. »

En 1943, Pierre Brossolette n’avait certes pas idée des développements européens qui suivraient la seconde guerre mondiale. Quand il dit que les morts de la France combattante attendent de nous un serment et un élan, il pensait certainement plus à la promesse de continuer le combat pour en sortir vainqueur face au nazisme. Mais il n’est pas interdit d’y lire aussi le désir d’une Europe sans conflit, unie et réconciliée. Dans une lignée de prodiges guerriers, il arrive parfois qu’on se trompe en prolongeant les courbes. Avec la construction européenne, voilà que nous tombons sur un point d’inflexion proprement prodigieux. Je ne crois pas exagérer en disant que c’est un exemple, unique dans l’Histoire, d’abandon de souveraineté librement consenti. Pour moi, ce n’est pas la malédiction de l’Europe, c’est le prodige de l’Europe.

Source : Le prodige de l’Europe | Le Blog de Nathalie MP

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