Scènes de la vie narbonnaise…

 

Jeudi, 17h20. C’est l’heure à laquelle Mila et moi longeons le boulevard qui nous sépare du Palais du Travail. Comme tous les jeudis, nous nous rendons à son studio de danse. D’habitude, seuls des collégiens en grappes occupent les escaliers et le parvis de ce bâtiment public de style « moderne » : ils attendent leurs bus.

Scène de la vie narbonnaise (et d’ailleurs aussi) : Une terrasse place de l’Hôtel de Ville… et l’oubli !

   
Denis Carrière : café de la Paix. Capestang (34)
   

M. est un ami. Il me dit ne pas pouvoir rester assis à la terrasse d’un bistrot plus de 15 minutes ; et s’étonne toujours que je puisse y passer « deux heures » sans m’ennuyer. Comme hier où le temps était favorable à cette immobile et prenante activité.

Scènes de la vie narbonnaise : et d’un certain état d’esprit bien français !

 

   

Devant chez moi, un gros chantier de rénovation urbaine : réfection et embellissement des trottoirs, chaussées et places du quartier délimité par précisément la place des Quatre Fontaines, l’ancienne Place au Blé et la rue des Trois Pigeons. Depuis quelques jours, et pendant encore quelques semaines, ces voies de circulations, ces espaces d’agréments et de stationnement ne sont plus.

Scènes de la vie narbonnaise : signes extérieurs de richesse ; du vélo et de la bicyclette…

 
France, Aude (11), les Corbières, Gruissan-Plage, village des chalets sur pilotis construits à l’origine par des pêcheurs et rendu célèbre par le film 37,2° le matin de Jean-Jacques Beinex
   

Dans une « maison de maître » : 

Lors d’un dîner dans une « maison de maître » tenue et transformée en « chambres d’hôtes » par un couple venu vivre depuis peu dans ce village des Corbières situé près de Narbonne, j’ai entendu cette remarque, ma foi fort pertinente, de celui de nos hôtes qui présidait cette sympathique table, sur les « signes » de réussite culturels et sociaux caractéristiques de cette région et d’un certain milieu : « On a réussi, dans cette narbonnaise, quand on est l’heureux propriétaire d’un chalet à Gruissan et d’un autre aux Angles… » Et qu’on est coopté au discret, mais très « voyant », « club des amateurs de cigares », aurait-il pu ajouter…

Devant les Halles : 

Une situation assurée, une voiture de marque, une silhouette à la mode — un peu basse toutefois ! — , blonde et bronzée en toutes saisons, elle regarde la vie de haut et fait sentir à tous ceux qu’elle croise les attributs de sa surface sociale : Place ! Place ! Elle croit que tout lui appartient, que tout lui est dû. Un enfant.

Dans les Halles : 

Devant l’étal de mon poissonnier, je discute avec lui de la qualité de ses coquilles Saint Jacques. Une dame chapeautée, la cinquantaine élégante, me fixe, les yeux grands ouverts. Stupéfaite. Je m’avance en souriant :

— Oui…

— Monsieur, vous avez un sosie parfait. C’est hallucinant !

— Ah !

— Vous êtes mon cousin : même allure, cheveux, moustache… J’étais avec lui avant hier, à Toulon.

— Non !

— C’est fou ! J’ai failli buguer…

— Buguer ? Vraiment !

Rue Droite :

Ils montent cette rue qui n’est droite que de nom. De petites tailles et de grandes largeurs — du bassin, surtout — ils avancent à pas lents, main dans la main. Morphologiquement, et vus de dos, on dirait deux jumeaux. Sur leurs crânes, deux bonnets de « père Noël » pareillement pointus et pomponnés, bougent en cadence au rythme de leurs petites foulées : mollement. L’un d’eux se retourne : il présente une barbe noire coupée courte ; son conjoint fait de même et exhibe des poils identiquement taillés…

Rue du Pont des Marchands : 

Jadis, le vélo était le seul moyen de déplacement des prolos. Il fallait de l’énergie pour pousser sur les pédales d’engins lourds et grossiers. Le vin rouge, la viande et le « gras » étaient leur carburant.  Ils étaient aussi très marqués à gauche : rouge vif. La bicyclette — notez le changement de nom ! — , aujourd’hui, est légère et joliment dessinée. Elle fait la joie de petits bourgeois pâles et maigrichons, qui mangent « maigre » et boivent des « jus » — naturels évidemment. Des batteries heureusement y suppléent. Ils sont multicartes… et Verts.

     

Les mantecaos au goût plein et riche de ma tante Dolorès ne se font oublier…

 

Narbonne. 32, rue Rabelais.

 

C’est dans ces jours du mois de décembre que le souvenir de ma tante Dolorès s’insinue dans le vague de mes pensées et finit par imposer sa lumineuse présence. Je la revois préparer et confectionner ses mantecaos dans cette pièce étroite au plancher branlant qui servait de cuisine et de salle à tout faire : manger, laver les corps et le linge ; de chambre aussi à l’occasion quand s’installait chez elle un cousin venu du village de mon grand-père, Cox.

Articles récents