«Samedi, la soirée de gala du Festival des saveurs en Aude Pays cathare a réuni plus d’une centaine de convives dans le cadre de la Barbacane, le restaurant gastronomique du célèbre hôtel de la Cité. Une fois encore, le chef, Jérôme Ryon, a su ravir les palais les plus délicats avec un menu raffiné et inventif, accompagné des vins de l’Aude. De nombreuses personnalités (élus, artisans, chefs d’entreprise…) étaient présentes à ce rendez-vous de la convivialité. » Et André Sylvestre, président de la Chambre de métiers de l’Aude, de s’enthousiasmer : « Je voudrais remercier chaleureusement la Région Languedoc-Roussillon qui a subventionné cette manifestation à hauteur de 60 000 euros ». Une pincette d’euros généreusement ajoutés par G.Frêche à ce pince fesse et chipés dans les poches de contribuables qui, eux,tirent la langue. Et satisfaire ainsi le goût de petits notables départementaux asservis aux saveurs enivrantes du pouvoir. Un avant-goût aux relents d’amuse-gueule des festivités pré- électorales du printemps prochain qui nous attendent et dont nous devront bien un jour régler la facture. Salée soirée !
La communication institutionnelle et politique (souvent la même) envahit nos écrans, pollue nos radios, engorge nos boîtes à lettres et s’insinue, sournoisement ou ostensiblement, sous la plume de journalistes de plus en plus pressés ou incompétents. Des journalistes qui, plutôt que de faire un vrai travail d’information se contentent de reprendre des dossiers de presse généreusement distribués par des « services com » tout entiers mobilisés sur l’image de leurs « patrons ». Il faut habiter en province, et en Languedoc-Roussillon en particulier, pour mesurer à quel point cette crétinisation des esprits, est devenue un phénomène de masse, notamment avec la décentralisation. Un exemple parmi cent : le bilan touristique estival de cette année. Eh bien, leComité Régional du Tourisme, annexe de la Région et piloté par un fidèle de George Frêche, nous « informe »qu’après : « l’embellie constatée au mois d’août, le mois de septembre suit la même tendance avec de très bons résultats enregistrés pour le tourisme régional… » Avec de plus : « Une fin de saison estivale exceptionnelle marquée par le retour des clientèles étrangères en Languedoc-Roussillon … Les professionnels du secteur hébergements (41%) constatent une progression de leur activité…les hôtels (40%) observent des résultats nettement en hausse. » Et l’ensemble (!!!) de nos quotidiens régionaux (deux seulement, avec des rédactions de même tonneau) de reprendre en chœur l’idée générale de ce communiqué : l’exceptionnalité du tourisme en Languedoc Roussillon, pour y associer, ce faisant, dans le reste du « cerveau disponible du lecteur », celle de George Frêche. Objectif atteint ! Alors qu’il suffisait pourtant de contrer ce genre d’instrumentalisation en allant voir un peu plus près sur lesite de l’INSEEqui, lui, titre « Une activité hôtelière déprimée », pour préciser ensuite :« En août 2009 par rapport à août 2008, en Languedoc-Roussillon, la tendance à la baisse de l’activité hôtelière se poursuit avec un recul des nuitées de -2,1 %, proche de la moyenne nationale (-2,5 %). Sur l’ensemble du territoire métropolitain, la fréquentation est en baisse dans 2 régions sur 3.» A la condition de le vouloir, évidemment ! Au risque de se transformer en filiales d’agences ou de services de communications missionnés pour la seule gloire d’élus plus soucieux de leur égo que de la « vérité » de leurs infos…
«Le non cumul des mandats, tout le monde en parle,tout le monde le réclame (plus de 70 % de votes favorables lors de la dernière consultation du PS début octobre et une proposition de loi à l’Assemblée déposée par l’UMP en juin), et pourtant personne n’en veut.»En Languedoc-Roussillon, comme partout en France où seuls 68 députés et 68 sénateurs n’ont qu’un seul mandat.
Le bavardage médiatique est décidément de tous les instants, dans tous les domaines et dans toute la presse. Y compris celle qui se prétend de référence. Ainsi, dans « le Monde », où on apprend plus grand-chose, Jean-Baptiste de Montvalon, qui nous explique, pour s’en désoler : « Alors que le lien potentiel entre crise et radicalisation est dans tous les esprits – crise de 1929 oblige -, M. Perrineau a constaté que, aujourd’hui, « la dynamique militante des extrêmes est très faible ou inexistante ». »Et d’en conclure, c’est le titre de sa chronique, que :« Le malaise social met en cause les règles du jeu institutionnel. ». Une mise en cause, enfin, qui résulterait du fait que : « Dans notre République monarchique, un homme, un seul, gouverne le pays en crise. Il est de tous les déplacements, de tous les arbitrages et de toutes les annonces, ou peu s’en faut. Le gouvernement agit sous ses ordres. » CQFD
Bref, au lieu de pointer que la dynamique militante des extrêmes ou pas est très faible ou inexistante, contrairement à 29, parce que l’ensemble des pays touchés par la crise, directement ou indirectement, ont su répondre collectivement en usant des principes et des moyens habituellement utilisés par la social-démocratie. Que cette dernière se trouve désormais, partis et syndicats confondus, dans une position où il lui est quasiment impossible d’offrir une alternative fondée sur son fond de commerce habituel. Que les perspectives de croissance et les montants des déficits publics à vingt ans, lui interdisent de le conserver (son fond de commerce) en le bonifiant « d’un toujours plus » d’impôts, de dépenses publiques, de fonctionnaires… Qu’il lui reste a inventer de nouveaux outils pour dégager des marges de manœuvres budgétaires pour satisfaire son électorat et rester fidèle à ses valeurs. Qu’elle ne peut plus rester campée sur la défense des droits acquits… Au lieu donc d’inventorier ce qui devrait changer dans le camp de l’opposition pour que vive une authentique démocratie, on nous serine sentencieusement ce qu’on reproche à la gauche en général de faire « ad nauséum » et qui se résume à une seule et simple formule : « c’est la faute à Sarko ». Et d’ajouter ainsi au malaise social constaté par l’auteur de cet article, un malaise intellectuel qui, du coup, contribue à l’anesthésie générale de nos élites.
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]