Le jasmin et la rose.

Jusqu’au 17 janvier 2011, Ben Ali et son parti étaient membres de l’Internationale Socialiste. Ce qui ne manque pas de sel dans ce moment politique tendu où le PS ne cesse de vilipender les hôtes de Matignon et de l’Elysée présentés comme les complices du Président tunisien aujourd’hui déchu. Comme sont particulièrement « gonflés » (le mot est faible !) les commentaires de ses deux derniers dirigeants (F.H et M.A), qui revendiquent à présent des demandes d’exclusion de ladite Internationale qu’ils se sont bien gardé de proposer à l’époque. Des allégations évidemment très difficiles à vérifier, l’Internationale socialiste ne publiant pas de comptes-rendus précis de son activité. Il serait bien intéressant en effet de connaître le nombre de demandes d’exclusion, le nom de ceux qui les ont faites et les raisons de leurs refus. Des questions qui n’auront évidemment jamais de réponses. Le Secrétaire national du PS en charge des Relations internationales, Jean-Christophe Cambadélis se contentant de taper en touche d’abord : « L’Internationale socialiste, c’est le conseil de sécurité de l’ONU multiplié par 160, et il faut l’unanimité pour prendre une décision. » et sur Ségolène ensuite : «  il faut poser la question à Ségolène Royal, qui siège au bureau… » (De l’Internationale Socialiste, faut-il le préciser, et ce depuis son échec au dernier congrès du PS). Une élégance dans la défausse et l’attaque que ne manquera pas d’apprécier la candidate aux primaires. Enfin ! Tout cela, pour regretter une fois de plus que l’on nous prenne pour des imbéciles alors qu’il aurait été si simple et si respectueux à l’égard de la vérité d’admettre que, sur la Tunisie et son système de gouvernement, le consensus régnait sur la presque totalité de notre classe politique. Que, dans son esprit,  la balance avantages-inconvénients penchait plutôt en faveur des premiers, qu’elle n’a pas vu venir, et sous estimé, la demande sociale pour plus d’égalité et de libertés et que le reconnaître publiquement eut été plus honorable plutôt que de nous présenter le spectacle désolant d’un parti de gouvernement incapable d’assumer ses propres erreurs de jugement. Quant à celui qui gouverne, le voilà condamné à porter la croix de sa Ministre des Affaires Etrangères, madame Alliot-Marie… Toujours aussi subtile et racée la dame!

Le mammouth est toujours vivant.

 

 

À la sortie du CM2, un enfant sur cinq ne maîtrise pas ses fondamentaux. Afin de les détecter le plus tôt possible, un système d’évaluation a été mis en place. Que les syndicats d’enseignants (1) refusent. Les plus militants d’entre eux donnant les réponses aux tests sur internet. Les raisons ? Toujours les mêmes : le pouvoir cherche à « stigmatiser » les mauvais élèves, les mauvaises classes, les mauvais établissements, les mauvais directeurs etc…Pourquoi ? Pour mettre en concurrence tout le système éducatif et promouvoir les meilleurs. Les meilleurs élèves, les meilleures écoles, collèges etc… Toujours la même antienne. Et toujours la même réponse de ce qui se disent appartenir à la « communauté éducative » : plus de moyens, plus de postes, moins d’élèves etc… Problème : la France est, au sein de l’OCDE, le pays qui consacre les budgets par enfants scolarisés les plus élevés et celui qui obtient les moins bons résultats. Cherchez l’erreur ! Et puis pourquoi donc opposer les moyens à la prévention ? Le réel serait-il criminogène et sa représentation un assassinat politique ? Décidemment le Mammouth est toujours vivant. Vivant et fossilisé. Enfermé dans les glaces idéologiques d’un monde a jamais perdu.

(1) : A noter cependant la position un peu plus nuancée du syndicat SE. UNSA

Petra nous libère!

 

Une statue en silicone d’une policière en train d’uriner est au coeur d’une petite polémique à Dresde (Allemagne). Petra, c’est son nom, est en métal et en silicone, dans un uniforme anti-émeutes vert foncé aux couleurs de la police allemande. Accroupie, fesses à l’air et pantalon partiellement baissé. Sous elle, une flaque en gélatine. Cette oeuvre «étonnante (…) montre très bien qu’il y a une différence entre sphère publique et sphère privée», explique la représentante du  jury, qui l’a sélectionné. Comme si pisser sur un trottoir ou contre un mur suffisait à l’établir. Laissons de côté cela auquel  je  ne comprends rien, pour retenir de cette mise en scène que,  sous l’uniforme, le casque et la matraque, de la personne publique impersonnelle, se tient une femme, une personne privée, avec ses humeurs et envies de toute nature.  Ses faiblesses aussi.  Une façon, assez forte, il faut en convenir, pour « l’artiste », de briser l’apparente force de dissuasion et de répression de tous les uniformes de tous les pouvoirs. Et pas seulement policiers ! On imagine assez une ou un Pétra  du monde des médias ou de la politique de nos contrées gauloises, siliconés et accroupis de la même manière. Ou se rasant ou se maquillant tous les matins. Comme tout le monde… Finalement, cette Petra n’est pas qu’une banale provocation. Elle peut modifier notre regard sur toutes ces « idoles » qui aliènent nos vies. Nous libérer de nos « peurs » et dépendances.

Un monde halluciné d’êtres digitaux.

 

 

Conversation de ce matin au « Soleil Noir ». Avec un ami. De ceux avec lesquels je m’écartent du temps présent pour en extraire quelques aspects ou objets qui en définissent le sens. Ainsi de cet i phone en particulier et des Smartphones en général. Des téléphones dont la fonction principale n’est plus de téléphoner mais de « glisser ». Nos contemporains passant plus de temps à surfer du bout de leurs doigts sur des images qu’à transmettre des infos utiles à leurs correspondants. Un mouvement venu des plages californiennes et qui semble transformer toutes nos manières de faire et d’agir. On glisse sur l’eau, sur la neige, sur le net. On le fait à présent sur les écrans de téléphone portable. L’ivresse de la vitesse et de la légèreté étant désormais recherchée et vécue comme l’expression même du bonheur. Un artefact de bonheur siglé et présenté en toutes circonstances et en tout lieu. A table, devant la télé, au boulot, dans le métro et jusqu’au dodo… Un objet qui fixe dans les esprits un monde lisse, sans adhérences et pesanteur. Un monde de « glisse » dans lequel l’ivresse du moment présent emporte tout sur son passage. Un monde halluciné « d’êtres digitaux »…

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