Contre-Regards

par Michel SANTO

Ne forçons pas les autres à penser comme nous!

      imgres De ce titre, faisons notre pensée du jour. A l’adresse de mes voisins qui me reprochent d’être gai quand ils sont tristes. Ou l’inverse! Mes pages:    Anatole France: Le jardin d’Epicure

La vérité est que la vie est délicieuse, horrible, charmante, affreuse, douce, amère, et qu’elle est tout. Il en est d’elle comme de l’arlequin du bon Florian: l’un la voit rouge, l’autre la voit bleue, et tous les deux la voient comme elle est, puisqu’elle est rouge et bleue et de toutes les couleurs. Voilà de quoi nous mettre tous d’accord et réconcilier les philosophes qui se déchirent entre eux. Mais nous sommes ainsi faits que nous voulons forcer les autres à sentir et à penser comme nous et que nous ne permettons pas à notre voisin d’être gai quand nous sommes tristes.

Une claque et un cluque…suite!

 

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J’écris des petits textes à « sauts et à gambades », sans me soucier du « qu’en dira-t-on ? ». Ni de ce qu’en feront mes lecteurs. Certains, de ces petits textes, très peu nombreux, croquent des situations, des personnages et des faits qui font le grotesque, rarement l’estimable j’en conviens, de la petite vie politique locale narbonnaise.Des lecteurs, j’en connais, s’en emparent pour les glisser dans le « débat » politique local. Qui puis-je ? 

Avant hier, j’ironisais donc sur la mésaventure d’un avocat narbonnais en première ligne d’un combat judiciaire contre l’ancien maire de Narbonne Michel Moynier ( Que ce dernier soit mon ami, qui puis je encore ? ) Bref, écrivant « Une claque et un cluque »,j’étais loin d’imaginer un tel succès d’audience : 250 visiteurs en deux jours ! Mais ce n’est pas cela qui m’importe aujourd’hui. C’est plutôt le genre de réaction adressée au responsable local d’Anticor11, qui, sans me demander mon avis et sans que je lui demande de le faire, avait cru bon de mettre en lien, sur son site, mon dernier billet.Voici un extrait de la prose envoyé par un nommé L.G à Anticor11 : « Vous n’êtes pas sans ignorer que Santo est un ami intime de M. Moynier eti que ledit santo n’a jamais caché ses sympathies pour le « Moulysme ». Cet homme s’est d’ailleurs impliqué, avec M. Pujau, dans le tissu économique et social de la Narbonnaise et du Biterrois (cf le Triangle d’Oc). »

Passons sur le style ( « Le style est l’homme même » ) où la suffisance fait la courte échelle au mépris : « ledit santo…cet homme », pour en venir à la conséquence de tels propos : « Qu’il se taise ! ». Je ne connais pas ce monsieur L.G, dont on me dit qu’il serait l’heureux gérant de garages « Mercedes » ; j’ignore ce que sont, et ce que font ses amis ; je respecte ses convictions, pour peu qu’elles soient conformes à celles qui font le socle de notre société démocratique ; je ne veux rien connaître de ses engagements et de ses allégeances politiques, de ses goûts artistiques, ses lectures et que sais je encore… Mais qu’il respecte les miens, juge les faits et non mes intentions. Et sorte, s’il le peut, du somnambulisme du militant qui toujours pense par procuration.

Il y a quelques temps, j’écrivais un billet intitulé «  Bienheureuse bêtise ?! . J’en retire ceci : « … la bêtise et le stéréotype sont liés… Et personne n’y échappe… Exemple de bêtise : celle du politique. Du militant, plus précisément, qui ne pense jamais par lui-même. Par nature, si je puis dire… » 

Je crains que, par les temps qui courrent, elle ne tende vers …l’infini.

Une claque et un cluque…

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Nicolas Sainte Cluque, avocat de profession et Maire-Adjoint de Narbonne, est aussi membre du bureau de la fédération PS de l’Aude. A son arrivée aux affaires municipales, en 2008, il n’a eu de cesse, avec l’aval de son maire, de fustiger le système mis en place par la précédente gouvernance qui n’était, de son point de vue, que copinage et renvois d’ascenseurs. La gestion de la ville par une majorité de centre droit ne pouvait être , pour ce Fouquier-Tinville de sous préfecture, que « du clientélisme » ; pire ! « un système de favoritisme, de passe-droit. ». La réponse du Procureur de Montpellier à ses actions en justice vient d’arriver. « Vlan ! », une grosse  et belle claque . A sa décharge, il pourra dire : « Je n’ai été que la hache du Conseil Municipal ; punit on une hache ? » Mais je doute que cela soit suffisant pour arrêter les vagues de quolibets qui viennent s’échouer jusqu’aux marches de l’hôtel de ville et de son cabinet. Je lui conseillerai plutôt de faire régulièrement, avant de se lancer dans ce genre de course judiciaire, une petite sieste. Comme celle au nom prédestiné de « cluque », pratiquée par les navigateurs solitaires. Rien de tel pour reprendre ses esprits, penser avec moins de préjugés et tenir le cap d’une raison droite…
 

 

Illustration: Roadie anglais en plein cluque 

 

Le relativisme conduit au pire…

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Je l’ai écrit ici même  à plusieurs reprises: la médiacratie, ses éditocrates et son bas clergé, loin de former l’opinion l’abrutissent. Un abrutissement qui prend le lecteur-auditeur-téléspectateur aux tripes en jouant sur ses émotions : la haine, la peur, le ressentiment, l’envie,… Les « Unes » et les titres sont ainsi faits pour fixer l’attention du plus grand nombre. Ils tournent ensuite en boucle, pour finir par s’imposer comme des évidences. Comme des vérités ! Truquage, phrases coupées au bon endroit ou sorties de leur contexte, tous les procédés sont bons.

Aujourd’hui, pour Désir et Duflot, nos « Dupont la joie » de la bonne conscience multiculturelle, il faudrait donc s’indigner des propos tenus par Claude Guéant, et résumés par ce titre dans le journal « Le Monde » : « Toutes les civilisations ne se valent pas. ». Titre, partie d’une phrase, qui se développe ainsi : «  Celles qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient ». « Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. » Montage qui illustre de façon éclatante une complicité de fait où s’allient la mauvaise foi mercantile et la basse manœuvre politicienne. Les deux au service d’un relativisme culturel et politique des plus contestable. 

A suivre nos deux histrions, si on les comprend bien, à l’inverse, toutes les civilisations se valent et l’ont peu préférer celles qui nient les valeurs et les principes qui fondent la nôtre. La notre qui me semble, au demeurant, et à l’aune des principes politiques qui la caractérise en ce siècle, plus avancée qu’elle ne l’était hier. Ce qui, au passage, démontre que les différents stades de l’évolution d’une civilisation ne se valent pas non plus – la barbarie est toujours présente en leur sein (nous ne développeront pas ici, la place nous manquerait)

Alors, pour en revenir à notre affaire, peu importe qu’il s’agisse de civilisation, de régime ou de système politique, et de Monsieur Guéant. En réalité, cette médiocre polémique qui agite le circus politicus révèle autre chose de plus inquiétant. Porter un jugement de valeur, établir une « hiérarchie » dans quelque domaine que ce soit, est en effet devenu insupportable aux fabricants d’opinion. Dans ce pays, distinguer le moins bon du plus digne serait ainsi la preuve d’un esprit vicieux, pour ne pas dire clairement réactionnaire, voire fasciste…Un état moral symptomatique d’une « passion de l’égalité (Tocqueville) » portée à son comble, qui nous vient de loin et nous distingue des autres peuples. Et qui pose, en postulant que tout se vaut, qu’en réalité rien n’a de valeur. Si une recette de cuisine est une œuvre d’art (J. Lang) et  Marc Lévy le Flaubert de ce temps, il ne nous reste plus qu’à incendier nos musées et nos bibliothèques. En toute chose le relativisme conduit au pire. Comme les bons sentiments érigés en absolu conduisent en enfer !