Contre-Regards

par Michel SANTO

Chronique du comté de Narbonne.

Mon très cher parent!

Quand vous lirez cette lettre, Monsieur Patrick de la Nappe, que vous connûtes  lorsqu’il chroniquait sur les embouteillages créés par l’édit du seigneur de l’époque, notre estimé duc de Lamonyais, qui crut bon d’interdire alors la circulation de carrosses dans le centre de notre cité, Monsieur Patrick de la Natte donc, disais je, sera lui, quand vous me lirez, tout content de revêtir, ce tantôt, sa vêture espérée de porte-plume en chef de  Messire Jacques de Labatou, comte de Narbonne et seigneur de ces terres prises au susdit Lamonyais en l’an 2008 de notre ère; des terres dont je vous ai si souvent vanté les couleurs et les pâles vertus. La vigne et le rythme singulier de sa culture, imprègnent ici, en effet, les esprits et les mœurs de tous ceux qui y vivent . Un étrange mélange de nonchalance attristée et de frondeuse contestation les poussent ainsi, je vous l’ai maintes fois écrit, par une implacable logique où l’intérêt se pare des idéaux de la «  communauté », à se soumettre aux seigneurs  les plus adroits et les plus généreux dans la distribution de prébendes, faveurs et privilèges. Mais je m’égare! Pour en revenir à notre Monsieur de la Nappe, ni les cloches de Saint Just, ni les trompettes de la cour n’ont encore sonné pour saluer l’arrivée du nouveau chevalier à la propagande seigneuriale qui, jadis, fut celui, farouche, d’une information plébéienne exprimée en toute liberté. Seuls, pour l’heure, ses amis gazetiers ont aligné quelques  fades et précautionneux traits. Il est vrai qu’ils n’ont pas oublié ses féroces assauts, menés, du haut de sa monture de premier Scribe en Chef d’une des deux gazettes locales, quand il sabrait, du glaive de sa vérité, le mal et le mensonge qu’incarnaient, alors, à ses yeux, le duc de Lamonyais et son intendant, le sieur Lemaillet. La prudence, mère de la fortune, naturellement s’imposait à nos échotiers ! Mais, déjà, tu ne me croiras pas, dans les tavernes, les guinguettes et devant les étals du marché, on ne murmure le nom de Patrick de la Nappe qu’avec crainte et fascination. Est ce à cause du souvenir de sa haute silhouette, de son visage acéré, de sa petite queue de cheval dégageant le haut de son crâne dégarni, ou de ce style si particulier qui donnait à ses écrits une autorité implacable ? Sans doute un peu de tout cela ! Je ne suis pas sur, ce disant, que  les prétendants au « trône » du comte, forts nombreux et dispersés comme un nuage de sansonnets, en soient les plus affectés. Nenni ! j’entends plutôt, en effet, des bruits de cour, certes aujourd’hui mesurés,  mais qui demain, sans aucun doute, feront trembler les murs, les plafonds et les tourelles du « Château ». Monsieur de … me l’assure, intendants, surintendants, valets et «  petits ducs » affuteraient distraitement dagues et fleurets.  A ce propos, j’ai appris ce matin, qu’un dénommé Le Noir, au visage lourd et onctueux, avait désormais les yeux et les oreilles du comte de  Narbonne. Alain de Paréo, l’ancien économe du palais, ayant été répudié par son maître, tenterait, me dit-on, d’oublier sa déconvenue dans les nuages tabagiques d’une étrange tribu de fumeurs de Havane !  Tribu dans laquelle s’ébroue et se console aussi De la Brindille, éphémère gouverneur du Roi, frappé de déchéance et plein de ressentiment envers sa majesté Nicolas Sarcoti. Toute cette petite compagnie ripaillant dans la joie narcissique d’appartenir à une confrérie bénie par les dieux du pouvoir, et, pour certains, de l’argent. Comme tu peux le constater, mon cher Oncle, la vie de la cour, dans cette petite ville qui se veut grande, est très agitée. Il ne passe pas une journée sans que n’entrent ou sortent, dans les conversations de table, courtisans et flatteurs déchus ou honorés. Mais il se fait tard, et je connais ton impatience à me lire. Je connais aussi ton goût pour les courtes missives. C’est donc avec le plus grand respect que je dois à ton âge, que je te laisse méditer ces petits jeux de la « haute société » narbonnaise. Je ne manquerai pas non plus, d’adresser à Patrick de la Natte tes vœux de bonheur dans ses nouvelles fonctions. Tu m’avais dit qu’il devrait, un jour, les exercer en récompense de son zèle passé à saborder les travaux de l’ancien seigneur des lieux, le duc de Lamonyais. Ton flair, et ta connaissance des hommes, encore une fois, n’ont pas été pris en défaut ! A bien y réfléchir, il devrait s’y épanouir. Seule la distance, en effet, sépare son ancien office de celui qu’il va demain occuper.Je t’embrasse affectueusement et ne manquerai pas de te narrer très bientôt les prochaines tribulations de la petite – mais elle se veut grande ! – société narbonnaise. Couvre toi bien ! Le vent est toujours froid, malgré un fort redoux.

Ton fidèle neveu.

 

Un procureur ( ex ) et ses amis « Facebook ».

 


Le 23 février 1965, je quittais Narbonne pour Montbéliard. Je n’avais pas 18 ans et c’était mon premier voyage. En train ! Il faisait froid. J’entrais dans la «carrière» administrative. Durant cette période de formation, les premiers enseignements reçus traitaient des «droits et obligations des fonctionnaires». Un thème parmi d’autres : «l’obligation de réserve». Une «obligation» qu’un avocat général de Bastia, ancien procureur de Carcassonne, ne semble pas, ou ne plus, connaître. Sur sa page Facebook, parmi ses amis : “L’Aude avec F. Hollande”, mais aussi deux personnalités socialistes du département : André Viola, président du Conseil Général, et Jean-Claude Pérez, député-maire de Carcassonne.». C’est Vincent Boilot, qui lève le lièvre, aujourdhui, dans le Midi Libre. A cela, qui n’est déjà pas rien, s’ajoutent des commentaires du même avocat général sur la page de son «ami facebookien» Jean Claude Perez sur des affaires judicaires en cour qu’il conduisait alors qu’il était procureur de Carcassonne. Nous sommes le 16 février de l’année 2012. Il fait tout aussi froid qu’en 1965, mais des hauts magistrats pratiquent à présent «la dispense de réserve» et brisent allègrement, car il n’est pas le seul, le lien moral et juridique de neutralité constitutif d’une bonne administration de la justice. Le signe manifeste des dérives d’une époque, où après tant d’autres dérapages de ce genre, semble sonner la fin programmée, par ses propres serviteurs, d’une certaine idée de l’Etat républicain. Je n’exclue pas, cependant, pour le cas dont il est ici question, une ivresse narcissique mal contrôlée propre aux nouveaux adeptes de Facebook. Ce qui, pour notre ex procureur avocat général, ajoute à son manque de discernement professionnel une absence évidente de tact… et de bon goû﷽﷽﷽﷽﷽﷽﷽﷽cat généralernement professionnel un manque de tact et de mauvais go ex procureur avocat généralût. «Le goût est un prince détrôné qui, de temps en temps, doit faire des protestations.» ( Elie Fréron )

Ne forçons pas les autres à penser comme nous!

      imgres De ce titre, faisons notre pensée du jour. A l’adresse de mes voisins qui me reprochent d’être gai quand ils sont tristes. Ou l’inverse! Mes pages:    Anatole France: Le jardin d’Epicure

La vérité est que la vie est délicieuse, horrible, charmante, affreuse, douce, amère, et qu’elle est tout. Il en est d’elle comme de l’arlequin du bon Florian: l’un la voit rouge, l’autre la voit bleue, et tous les deux la voient comme elle est, puisqu’elle est rouge et bleue et de toutes les couleurs. Voilà de quoi nous mettre tous d’accord et réconcilier les philosophes qui se déchirent entre eux. Mais nous sommes ainsi faits que nous voulons forcer les autres à sentir et à penser comme nous et que nous ne permettons pas à notre voisin d’être gai quand nous sommes tristes.

Une claque et un cluque…suite!

 

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J’écris des petits textes à « sauts et à gambades », sans me soucier du « qu’en dira-t-on ? ». Ni de ce qu’en feront mes lecteurs. Certains, de ces petits textes, très peu nombreux, croquent des situations, des personnages et des faits qui font le grotesque, rarement l’estimable j’en conviens, de la petite vie politique locale narbonnaise.Des lecteurs, j’en connais, s’en emparent pour les glisser dans le « débat » politique local. Qui puis-je ? 

Avant hier, j’ironisais donc sur la mésaventure d’un avocat narbonnais en première ligne d’un combat judiciaire contre l’ancien maire de Narbonne Michel Moynier ( Que ce dernier soit mon ami, qui puis je encore ? ) Bref, écrivant « Une claque et un cluque »,j’étais loin d’imaginer un tel succès d’audience : 250 visiteurs en deux jours ! Mais ce n’est pas cela qui m’importe aujourd’hui. C’est plutôt le genre de réaction adressée au responsable local d’Anticor11, qui, sans me demander mon avis et sans que je lui demande de le faire, avait cru bon de mettre en lien, sur son site, mon dernier billet.Voici un extrait de la prose envoyé par un nommé L.G à Anticor11 : « Vous n’êtes pas sans ignorer que Santo est un ami intime de M. Moynier eti que ledit santo n’a jamais caché ses sympathies pour le « Moulysme ». Cet homme s’est d’ailleurs impliqué, avec M. Pujau, dans le tissu économique et social de la Narbonnaise et du Biterrois (cf le Triangle d’Oc). »

Passons sur le style ( « Le style est l’homme même » ) où la suffisance fait la courte échelle au mépris : « ledit santo…cet homme », pour en venir à la conséquence de tels propos : « Qu’il se taise ! ». Je ne connais pas ce monsieur L.G, dont on me dit qu’il serait l’heureux gérant de garages « Mercedes » ; j’ignore ce que sont, et ce que font ses amis ; je respecte ses convictions, pour peu qu’elles soient conformes à celles qui font le socle de notre société démocratique ; je ne veux rien connaître de ses engagements et de ses allégeances politiques, de ses goûts artistiques, ses lectures et que sais je encore… Mais qu’il respecte les miens, juge les faits et non mes intentions. Et sorte, s’il le peut, du somnambulisme du militant qui toujours pense par procuration.

Il y a quelques temps, j’écrivais un billet intitulé «  Bienheureuse bêtise ?! . J’en retire ceci : « … la bêtise et le stéréotype sont liés… Et personne n’y échappe… Exemple de bêtise : celle du politique. Du militant, plus précisément, qui ne pense jamais par lui-même. Par nature, si je puis dire… » 

Je crains que, par les temps qui courrent, elle ne tende vers …l’infini.