Quel nom pour la nouvelle Région ? Votez ! C’est le concours lancé par la Dépêche, l‘Indépendant et Midi Libre, notamment. L’Express déjà l’avait fait, ainsi que Gauthier Langlois, mon ami blogueur de Villemoustoussou : ici sur son site ( remarquable!). J’en avais tiré un billet (1) qui montrait toute la difficulté de l’exercice. Et, sur d’autres supports, j’avais notamment critiqué un fort courant d’opinion en faveur de « Occitanie », proposition illogique et incohérente. Ses propres partisans concédant que ce territoire – qui n’a jamais existé sur le plan administratif – couvre une zone beaucoup plus large que la future collectivité, allant de l’Aquitaine à la Provence, et même jusqu’aux vallées italiennes du Piémont.
Le poète Yves Rouquette s’est éteint le dimanche 4 janvier, il avait 78 ans. Serge Bonnery, dit de lui, dans une belle présentation de l’homme et de son oeuvre, qu’il fut « un inlassable porteur de langue. Sa langue, l’occitan, il la voulait sur le papier, dans les livres, en chansons, au théâtre, dans la rue, dans les manifestations contre l’injustice et l’oppression, dans les arbres, sous le soleil ouvertement. L’Occitanie perd l’une de ses plus grandes voix. » Comme dans ce texte, qu’il faut lire à haute voix précisément …
Jésus ? je suis de sa bande. Sans réserve, je suis son homme. Avec les églises ou les sectes qui se réclament de lui, c’est évidemment une autre paire de manches. Elles, non. Mais lui : oui, oui, oui. Je parle du Jésus des Evangiles, bien sûr. Des Evangiles « sine glosa, in extenso, in excelsis« , et point final.
Les questions que soulèvent les travaux des historiens ou des exégètes, des archéologues ou des littérateurs, des illuminés ou des cuistres sont sans effet sur moi. Est-il ressuscité ou non ? Est-il mort sur la croix ou de vieillesse ? N’aurait-il pas fait l’amour avec Madeleine ? Sa mère était-elle vierge avant, pendant et après qu’elle le mette au monde ? Et Jean, le disciple bien aimé, n’aurait-il as été son amant ? Ce ne se dit pas trop encore, mais je sens que ça vient.
De tout ça, je me fiche. Autrement plus revigorante est la bonne nouvelle, vieille comme les textes attribués à Matthieu, Luc, Marc et Jean. Elle tient en peu de mots : Dieu est mort en Jésus. Elle n’affligera que ceux qui s’étaient fabriqué un Dieu fait de cervelle d’homme. Un Dieu en forme de souverain au superlatif : créateur et souverain maître de toutes choses, du monde et de l’Histoire, roi des rois, Dieu des armées, législateur en dix articles, expert comptable des crimes et châtiments, juge suprême et implacable.
Ce Dieu-là, Jésus l’abandonne à ceux qui vont avoir sa peau. Lui qui se définit comme « le vrai chemin vivant qui mène au ciel » ne l’a visiblement jamais rencontré.
Le seul dont il parle est père. C’est le Père, son père et le père de tous, juifs ou pas juifs. Un père qui attend ses enfants au bout de leurs errances, de leurs erreurs et de leurs méfaits. Un père qui, comme dans l’affaire du fils prodigue, a gardé un « veau gras » pour le retour de celui qui l’avait quitté et lui a préparé la chambre pour la vie qui n’en finit pas.
Avec Jésus, surgit un Dieu enfin aimable : peu puissant, comme le sont les pères d’ici-bas, suprêmement dépendant, d’infinie douceur, d’infinie patience, tout amour et dont l’amour aura raison de tout. « Qui me voit, disait Jésus, voit le père ». Soit ! Voici donc Dieu sans un caillou pour reposer la tête, accueillant le publicain, la fille publique et l’étranger, pardonnant à tour de bras, emmenant avec lui dans son royaume – le premier de tous ! – le voyou qui l’en prie …
J’ai peine à croire que, pour ce Dieu-là, Jésus soit mort sur une croix en sacrifice : son père n’avait pas besoin de victimes. De même, il m’importe peu qu’il soit ressuscité ou non : Jésus a désormais des milliards de visages. Il est vous, moi, n’importe qui. L’Absolu n’est plus au ciel, mais dans les êtres. Dans les vivants.
Si nous sommes jugés, ce n’est ni Dieu ni Jésus qui jugeront. C’est ceux que nous avons respectés ou méprisés, pardonnés ou condamnés, aidés ou abandonnés. L’oeil pour oeil dent pour dent n’a pas cours chez le père de Jésus. Dieu est mon prochain, il est dans mon prochain.
Au fait, connaissez-vous le nouveau commandement, le tout dernier, le dernier paru ? Le voici : « Aimez-vous les uns les autres ». Il est signé Jésus de Nazareth, apatride. C’est du feu.
Yves Rouquette, le 21 novembre 1999, dans « La Dépêche du Midi ».
Hier avait lieu le colloque «l’Occitanie à l’heure de la réforme territoriale», organisé par Païs Nostre, à Narbonne, en présence de nombreux élus du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées. Décevant, de l’avis même d’un des conférenciers du matin. Et, finalement, recouvrant leurs interventions fort intéressantes, un recyclage de vieilles thèses occitanistes enrobées d’une langue de bois politicienne, l’après midi. À l’exemple de cette sortie de Gérard Onesta, vice-président du conseil régional Midi-Pyrénées : «Il ne faut pas chercher midi à 14 heures De même qu’il est tout à fait logique que cette région s’appelle Languedoc, il est aussi légitime que cette nouvelle région compte deux assemblées, une à Toulouse et une autre à Montpellier, exactement comme à l’époque où Toulouse abritait le parlement du Languedoc et Montpellier l’intendant du Languedoc». Deux assemblées pour une seule région! La démagogie s’exprime aussi en occitan … Retenons seulement de Païs Nostre son accord pour une seule Région, et, accessoirement, rappelons leur, quand même, que notre région c’est aussi le Roussillon, le grand oublié du jour, et qu’on y parle le catalan …
Serge Bonnery l’ignore sans doute, mais nous avons un ami commun, Michel Arcens. À sa demande il a écrit un texte (12 janvier 2014) consacré à la mémoire de Joë Bousquet pour son blog : L’Instant dédié à la littérature, la poésie, la philosophie, le jazz et les arts plastiques sous leurs formes les plus variées. Un texte que je reproduis ici dans l’espoir de susciter auprès de mes lecteurs le désir de plonger dans l’univers littéraire de Joë Bousquet. Et de l’aimer…
Un article fort intéressant , et instruit, sur la fusion des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénnées , que nos élus régionaux, dont l’inculture historique et géographique laisse pantois , devraient lire – il ne prend que quelques minutes – pour ne plus nous assommer de pauvres arguments afin de justifier, dans un front régional inédit rassemblant le PS, l’UMP et le Front National, un statut quo dont plus personne ne peut désormais ignorer la seule logique corporatiste et rentière.