Un moment avec Flaubert le long de l’étang des Ayguades

Ve.21.7.2023

 

 

 

 

Ce matin, j’ai commencé ma randonnée matinale par le tour de l’étang des Ayguades pour ensuite filer droit le long des plages jusqu’à Saint Pierre la mer. Je l’ai commencé aussi avec cette première image d’un homme grattant à mains nues le fond de ce plan d’eau calme et plat. Image qui m’a au sens propre du mot saisi. La veille au soir en effet je m’étais arrêté sur un texte de Flaubert qui semblait l’anticiper. Il est vrai que la vie est souvent faite de ces hasards, songeais-je. Hasards heureux qui confondent souvenirs de lecture et scènes du quotidien. Et hasards tellement ambigus d’ailleurs, qu’on ne sait plus très bien qui, du texte conservé en mémoire ou de l’image apparue plus tard dans le cours de la vie, anticipe ou précède son apparition – dans l’ordre de la pensée en tout cas.
Ainsi, pour en revenir à ma petite histoire, Gustave Flaubert, que je lisais hier soir, n’écrivait-il pas à Louise Colet, le 7 octobre 1846 :
« Moi je suis l’obscur patient pêcheur de perles qui plonge dans les bas-fonds et qui revient les mains vides et la face bleuie. Une attraction fatale m’attire dans les abîmes de la pensée, au fond de ces gouffres intérieurs qui ne tarissent jamais pour les forts. Je passerai ma vie à regarder l’Océan de l’Art où les autres naviguent ou combattent, et je m’amuserai parfois à aller chercher au fond de l’eau des coquilles vertes ou jaunes dont personne ne voudra; aussi je les garderai pour moi seul et j’en tapisserai ma cabane. »
Mon pêcheur n’était pas de perles, certes, mais je venais de quitter ma cabane quand je l’ai vu plonger ses mains dans les bas-fonds d’un étang. C’était un mercredi matin d’octobre. En 1846 !…

Lettres à Louise Colet. Rivages poche (Kindle)

 

 

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