La dictature de l’émotion – Par Jean Pierre Rousseau.

Mandatory Credit: Photo by Richard Young/REX (100574d)  David Bowie  DAVID BOWIE AT THE CANNES FILM FESTIVAL - 1983

Mandatory Credit: Photo by Richard Young/Rex (100574d) David Bowie. Festival de Cannes – 1983

Je ne pouvais pas mieux écrire:

Un ancien président de Radio France s’insurgeait courageusement, ce matin, sur Facebook, contre le traitement réservé par France Inter à la disparition de David Bowie (plus de la moitié de la durée de la séquence 8- 9 h) et la place disproportionnée que cet événement prenait dans les journaux au détriment d’autres informations plus importantes pour l’humanité, « instance parmi d’innombrables autres de l’invasion de l’actualité « réelle » par ce qu’on appelait à juste titre les « variétés »… Et pour être clair, je suis tout à fait d’accord à ce qu'(on) lui fasse à partir de 9h10 la place que mérité ce grand chanteur dans une émission précisément consacrée à la culture, et notamment aux variétés. Mais dans les « journaux », non, non et non! On informe et on passe à autre chose!

Chronique de Narbonne, et d’ailleurs. Nouvel attentat, contre l’intelligence, dans les Halles de Narbonne…

photo 1

Croquis de Denis Carrière. Les Halles de Narbonne…

J’espérais, après que Denis Carrière, artiste-peintre de son état, ait été prié, par deux agents municipaux zélés, de sortir des Halles de Narbonne, avec son carnet et  ses feutres, au motif qu’il n’avait pas demandé l’autorisation d’y croquer, comme à son habitude, deux ou trois scènes de sa « vie », qui lui prennent tout au plus 10 minutes, que Didier Mouly se fendrait d’un communiqué, sinon d’excuses, en tout cas empreint de bienveillance envers l’intéressé  et d’étonnement devant la réaction malvenue et disproportionnée de ses services (1).

Chronique de Narbonne, et d’ailleurs. De belles images de notre région sur le site de la bibliothèque publique de New York…

Sur le site de la bibliothèque publique de New York, d’une richesse inouïe, il est désormais possible de télécharger gratuitement plus de 180.000 images libres de droit, y compris des photos de New York dans les années 1930, une collection de vingt mille cartes anciennes et des manuscrits de poètes. Par curiosité, j’y suis allé « jeter un oeil » ce matin et y ai déniché de belles images concernant notre région. Comme cette très belle carte du Languedoc du XVII siècle:

Conte de Noël: Les fées …

 
220px-SophieAndersonTakethefairfaceofWoman

Huile sur toile, Sophie Anderson (1823 – 1903), collection privée. Londres.

  Ouverture:

Ce Noël-là, le froid s’était abattu. La Bretagne était un oursin mauve et blanc, hérissé de glace. La houle torturait l’océan. Le vent sifflait, coupé par l’aiguille des pins. Les rafales froissaient la lande, battaient au carreau. Le ciel ? En haillons. Des cavaleries de nuages chargeaient devant la lune. L’eau de l’abreuvoir avait gelé. C’était rare, chez nous. La ferme était bâtie au bord d’un talus surplombant la plage de Lostmac’h. Sur le côté du chemin, un menhir montait la garde depuis six mille ans. Le jour, la mer emplissait les fenêtres percées vers l’ouest. La nuit, il faisait bon écouter le ressac à l’abri des murs de granit. La satisfaction de contempler la tempête par la fenêtre, assis auprès d’un poêle, est le sentiment qui caractérise le mieux l’homme sédentaire, qui a renoncé à ses rêves. Au-dessus de la porte, l’aphorisme de Pétrarque gravé dans le linteau renseignait le visiteur sur notre idée du bonheur : Si quis tota die currens, pervenit ad vesperam, satis est.

Conte de Noël: « Le père Noël », par Sylvain Tesson.

cover

Extrait de: Tesson, Sylvain. « S’abandonner à vivre. » Ceci encore pour vous inciter à vous faire ce cadeau, ou l’offrir…

À 18 heures, il gagna l’Hôtel d’Angleterre, près de la cathédrale. Il gelait, les rues étaient vides, les Lettons s’apprêtaient à la fête. Il avait réservé une chambre : s’il réussissait à convaincre Olga d’y passer la nuit, il aurait son cadeau de Noël. Devant la glace de l’armoire, il essaya son costume rouge avec bonnet à pompon et fausse barbe, acheté à la Bastille. Il avait des jouets pour les petits, du parfum pour la mère, du vin de bordeaux pour le père. Et, pour Olga, une édition de l’entre-deux-guerres de dessins de Mucha. En la feuilletant avant de l’emballer, il se dit que les cheveux d’Olga ressemblaient aux boucles spaghettis des filles du peintre tchèque. Le concierge lui expliqua comment gagner le port. À pied, il fallait une demi-heure. Il chercha longtemps l’immeuble, monta l’escalier de béton. Sur le palier, il se changea en Père Noël et sonna. Une dame en bigoudis ouvrit la porte. L’odeur de chou lui rappela le ferry-boat. L’appartement était plongé dans le noir. Le plafonnier de la cuisine éclairait une table de formica où un monsieur en pyjama lisait le journal. Deux enfants assez gras regardaient l’apparition, bouche ouverte  au-dessus de leur soupe. « Olga ? » dit la dame. Elle est à Tallinn cette semaine, elle revient pour Noël, le 7 janvier. » Il se souvint alors de la lettre du mois d’août où elle lui avait vaguement parlé d’origines russes et de calendrier orthodoxe.

 

Articles récents