Pendant la dernière campagne des élections régionales, j’ai écrit, ici, ce que je pensais du soutien apporté par Didier Codorniou au Président sortant Georges Frêche. Un soutien qu’il a payé, avec quelques uns de ses amis, d’une exclusion du parti socialiste.Aujourd’hui, on lui demande, la main sur le cœur, de le réintégrer. Ce qui entraînerait conséquemment l’arrêt brutal de ses ambitions parlementaires. Une ficelle un peu grosse en effet. Mais là n’est pas le plus important à mon goût. Ce qui, au-delà de nos relations amicales, me le rend cette fois ci humainement et psychologiquement plus proche, s’apparente à un certain sens de la dignité. Fidèle et constant dans ses prises de positions pro-frêchistes, il éclaire, par ses déclarations de ce matin dans la presse locale, la duplicité de ses propres amis politiques locaux : « …bien entendu que je reviendrai un jour dans la famille socialiste, sauf que c’est moi qui déciderai du moment. Car je ne veux plus être dépendant du parti comme j’ai pu l’être ».On retrouve en cette circonstance le « petit prince de l’Ovalie » qu’il fut. Suerte, Didier !
Pourquoi n’est-il plus possible de faire campagne en France? Comment imaginer en effet une concurrence programmatique gagée sur croissance et dépenses publiques dans un contexte où la perte du triple A de la France ferait exploser le plan de sauvetage de la Grèce et conséquemment l’Euro? L’analyse de Jean Marc Daniel:
Nietzsche qui parfois voyait juste, avait mis en garde : « Personne ne ment autant que l’homme indigné » (Par delà le bien et le mal). Un homme qui, passé un certain âge, n’est plus seulement dans le mensonge, mais dans l’imposture. Quand on a 17 ans, on peut mentir par ignorance et idéalisme. A plus de 80, non ! Au premier, je lui reprocherais de ne pas l’être. Le second, vieux routier de la politique, me scandalise. Lui, sait ! Il sait pour qui il roule, mais ne le dit pas. Il sait que la rage, la vraie, c’est contre plus de trente ans de gabegie budgétaire qu’elle devrait s’exercer. Il sait aussi notre arrogance bien française à s’en prendre à l’Europe quand elle nous sermonnait sur nos dépenses publiques. Comme il sait à présent qu’elle seule peut nous sauver du désastre. Il sait encore qu’on ne peut reprocher à des prêteurs de se soucier d’être remboursé et de douter des capacités des Etats à y faire face. Il sait enfin que si ces « abominables marchés » s’invitent dans le débat présidentiel ce sont la gauche et la droite confondues qui en sont responsables. Comme il sait que nous n’avons plus d’échappatoire possible aujourd’hui : Moody’s vient de mettre la France sous surveillance et tout ce qui dorénavant sera dit et proposé par nos candidats sera évalué et sanctionné par cette agence de notation. Voilà ce que masque sous ses airs de vieil homme narcissique et satisfait un Stéphane Hessel et tant d’autres enchanteurs de rêves. Et qui m’indigne !Au plus haut point.
Je tape sur «Google actualités», aujourd’hui à 13 heures, et note ceci :
Première info : « En marge de la rencontre « Progreso global » organisée par la fondation Ideas à Madrid, mercredi 19 octobre, François Hollande a appelé Nicolas Sarkozy et les autres dirigeants européens à être à la hauteur de la situation lorsdu prochain sommet européen, sinon ce sera « la victoire des agences de notation »
Deuxième info : « Moody’s a abaissé mardi la note souveraine de l’Espagne de deux crans, de Aa2 à A1, avec perspective négative, jugeant que le pays restait vulnérable aux tensions de marché. »
Et de remarquer que, ce même mardi, mais le soir, François Hollande a rencontré le Président du gouvernement espagnol, son ami Zapatero, qui applique les mêmes recettes que les autres dirigeants européens.« Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tiennent au-delà ». Montaigne!
Réenchanter le rêve français ! Grandiloquence et ridicule de la formule. Et si peu adaptée aux circonstances. Comme à la personne Hollande. Qui ne peut, malgré tous ses efforts, faire oublier ce qu’elle fut. Au physique surtout, qui se prête si peu à ce genre de déclamation et l’oblige à hausser son menton, rouler des yeux et forcer sa voix (mal posée). Que ne reste-t-il sur son registre de « candidat à la candidature modeste », qui l’habille pourtant si bien. Le temps n’est plus au romantisme politique et à la geste amphigourique. Stopper et réduire les déficits publics en préalable à tout le reste commandent de ne point rêver à un miracle français. Et les mois qui viennent devront plutôt faire appel à la lucidité et au courage qu’aux illusions d’un avenir radieux et enchanté.