Chronique du comté de Narbonne.

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Mon très cher Oncle !

Avez vous remarqué, dans ma dernière missive, qu’au voussoiement de l’entame s’est substitué, dans ses derniers articles, le tutoiement plébéien qui faisait tant horreur à votre vénérable frère, mon très regretté père. Aussi, attendais je en retour votre lettre dans la plus grande inquiétude. Mais quelle ne fut pas ma surprise ne n’y trouver nulle allusion. Connaissant votre grande tolérance envers les mœurs de notre époque qui traquent avec un zèle insatiable signes et mots suspects d’une quelconque allégeance, j’en conclus que vous ne m’en tenez point rigueur et que vous êtes présentement converti à cette moderne façon d’envisager nos rapports « filiaux ». Sacrifions donc à ce désir de nivellement des hiérarchies sociales et familiales. Soyons les dignes contemporains de cette société du bon sentiment, si faussement naïve et si cruellement cynique. Oui ! Puisque tu me le demandes -ma plume tremble à ce tu impératif-, Monsieur Patrick de la Natte a fini d’aménager son office de porte-plume en chef de  Messire Jacques de Labatou. J’espérais le rencontrer entre Château et Rive Gauche, cette taverne où il avait ses habitudes du temps, où, gazetier en chef du Tirelire, il chroniquait à la « hache » contre le duc de Lamonyais et son fidèle intendant Lemaillet, pour lui transmettre tes malicieuses félicitations, mais les circonstances et de grandes occupations ne me l’ont point permis. Renseignements pris auprès d’un de ses anciens collègues qui ne supporte pas que sa petite queue de cheval catoganée baguenaude ostensiblement sous ses fenêtres, de La Natte serait dans une phase d’observation de son nouveau terrain de jeu. Une arène devrais je plutôt dire. Et qui promet d’être sanglante. Sais tu que le Prince, dit le petit, de Gruissan, qui pourtant est de la même famille florale que le Comte de Labatou, mais qui, surement, à de grandes ambitions, a décidé de s’emparer de sa charge à la Cour du roi. Une charge qui devait revenir à sa favorite, la pauvre marquise de Fadre, toute marrie depuis. Tant de dévouement et de sacrifices à servir son seigneur pour en arriver à cette désespérante situation ! Gageons cependant qu’elle ne se laissera pas manger une aussi gratifiante députation. Tu sais mieux que moi, pour fréquenter assidument cette engeance parlementaire, qu’à l’exception des quelques rares seigneurs susceptibles d’être choisis un jour pour siéger au Conseil du Roi, les autres ne font que parader lors des grandes joutes parlementaires. Ne me disais tu pas qu’à les voir, dans ces occasions, lancer leurs chapeaux à plume dans toutes les directions et frapper frénétiquement leurs pupitres de leurs épées, te revenaient à l’esprit certains jours de folies carnavalesque sur le mail de notre cité ? Bref, c’est la guerre dans le « camp de la Rose » ! D’un côté, des parlementaires qui furent employés aux écritures de leurs prédécesseurs et qui se transmettent la « martingale » de génération en génération ; de l’autre, un ancien et alerte joueur de ce jeu inventé par nos barbares voisins d’Outre Manche, qui, désormais, veut sa place au centre du Grand Comté de Narbonne. Deux styles aussi ! Pour les premiers, celui assez classique des parvenus de la Cour : habits sombres et lunettes de notaire apostolique sur des physiques ventripotents (la mollesse de corps et la fadeur vestimentaire souvent les définissent) ; pour le second, celui d’un homme à la ligne racée et à la mise dégagée, qui sied à ceux qui ont pour habitude de soigner leur silhouette en trottinant tous les matins. Déjà, sentant le vent tourner, des conseillers de Messire Jacques de Labatou et de la Marquise de Fadre,  ne trouvent que grâces et bonheurs dans les atours d’éloquence du Petit Prince de Gruissan. Ah ! mon oncle, que je te dise aussi qu’à la grande surprise de tous, mais non de la mienne – notre ami le duc de Lamonyais m’en avait entretenu sous le sceau du secret -, certains membres en dissidence du parti de la « Pomme » : les sieurs Fraise et Basanti, qui siègent avec lui sur les rangs de l’opposition au conseil de Narbonne, participaient à cet adoubement collectif placé sous les auspices de la très vénérée tour de Barberousse. Enfin ! de ce qu’il en reste ; pour tout dire : pas grand chose. Le premier est homme d’influence dans la mystérieuse tribu des fumeurs de havanes sur laquelle, me le disait encore tantôt l’un de ses membres, le sieur de la Brindille, les lourds nuages tabagiques qui habituellement président à leurs libations ne parviendront pas à étouffer les échos de l’homérique bataille annoncée. Voilà, mon cher oncle, de quoi satisfaire notre terrible et ex gazetier en chef de la Natte. Saura-t-il répondre aux tumultueux besoins de son nouveau maître Labatout? Pourra-t-il convaincre ses anciens porte-plumes de « Tirelire » de l’aider dans ce combat? Obtiendra-t-il du « Dépendant » une neutralité positive en échange de quelques gâteries ? Attendons qu’il soit entré dans la bataille. Car il sait tout des fortunes, celles des alcôves et les crimes commis l’éthique aux lèvres et les dagues aux poignets. Ni mage ni sorcier cependant, au cœur des luttes d’ambition et de pouvoir, il ne pourra plus se cacher sous les masques de l’indépendance et de la vérité du gazetier. Fabricant « d’images », son sort est désormais lié à celui de son maître et de sa favorite…Il est condamné à vaincre ! Mon cher parent, la nuit tombe et mes paupières aussi. On m’attend au pays des rêves et des grandes illusions. Je te quitte et ne manquerai pas de te narrer la semaine qui vient les dernières péripéties de cette petite vie narbonnaise que ses protagonistes veulent grande. Je t’embrasse affectueusement…

 

 

Norman Foster à Narbonne!

Midi Libre, ce matin : « Selon nos sources, c’est Norman Foster, architecte de renommée mondiale, qui a été retenu à l’hôtel de Région, parmi les cinq derniers candidats en lice, pour la maîtrise d’œuvre du Musée de la Romanité de Narbonne. »

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Une bonne nouvelle, quoique l’on pense de l’opportunité de ce projet. J’ai toujours défendu l’idée, sans être écouté ni entendu par ceux qui détenaient le pouvoir à l’époque, que la signature d’architectes de renommée internationale comme Foster, Nouvel, Bofill, Wilmotte ou Kurokawa  valaient, en termes de notoriété, tous les festivals Trenet du monde, par exemple.

Un « quadripôle » narbonnais!

   

« Quatre pôles ont été mis en place dans le cadre du renforcement de l’organisation et de la conduite du changement du Grand Narbonne. » C’est une gazette locale qui nous l’annonce en grande pompe, comme s’il s’agissait d’une information capitale pour l’avenir de notre territoire. Et le journaliste commentateur des actes administratifs de la Communauté d’Agglomération de nous présenter… un organigramme ! A Monsieur…, le pôle « ressources humaines », Monsieur…, celui de  «  l’aménagement du territoire », etc. Des pôles de circonstances- quatre – plutôt que d’intérêts ou de compétences nouvelles, qui masquent en réalité un petit jeu de chaises musicales pour caser un transfuge de la mairie ! Pas de quoi bouleverser l’économie locale, intensifier son dynamisme et attirer de nouvelles entreprises  créatrices d’emplois, quand même ! Cela seul nous intéresse, nom d’une pipe ! et cela seul devrait intéresser nos localiers. Quant aux mouvements du personnel de la Collectivité, son journal et son service communication suffisent largement à en faire la promotion. Comme du reste d’ailleurs ! Il est vrai que je ne le lis pas ; mais ce n’est pas une raison pour que l’Indépendant s’en fasse le relais. Non, mais !

Bonne chance, Codor!

 

 

 

Pendant la dernière campagne des élections régionales, j’ai écrit,  ici, ce que je pensais du soutien apporté par Didier Codorniou au Président sortant Georges Frêche. Un soutien qu’il a payé, avec quelques uns de ses amis, d’une exclusion du parti socialiste. Aujourd’hui, on lui demande, la main sur le cœur, de le réintégrer. Ce qui entraînerait conséquemment l’arrêt brutal de ses ambitions parlementaires. Une ficelle un peu grosse en effet. Mais là n’est pas le plus important à mon goût. Ce qui, au-delà de nos relations amicales, me le rend cette fois ci humainement et psychologiquement plus proche, s’apparente à un certain sens de la dignité. Fidèle et constant dans ses prises de positions pro-frêchistes, il éclaire, par ses déclarations de ce matin dans la presse locale, la duplicité de ses propres amis politiques locaux : « …bien entendu que je reviendrai un jour dans la famille socialiste, sauf que c’est moi qui déciderai du moment. Car je ne veux plus être dépendant du parti comme j’ai pu l’être ».On retrouve en cette circonstance le « petit prince de l’Ovalie » qu’il fut. Suerte, Didier !

 

L’affaire des goudronneurs de Narbonne.

 

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Après un directeur d’OPHLM s’indignant dans la presse locale d’un travail de sape qu’orchestreraient certains de ses collaborateurs malveillants, voilà que des employés du centre technique municipal de Narbonne manifestent aussi leur colère, par la même voie médiatique, au motif que deux de leurs collègues goudronneurs ont été mis en garde à vue pour cause de « travail au noir ». Ce qui, pour le porte parole, scandalisé, de ces « malheureux fonctionnaires territoriaux » serait  d’usage courant et moralement légitime. Et toléré, puisqu’il semblerait, à son dire, qu’une enquête aurait été diligentée en interne par la municipalité, et « qu’il n’y aurait eu aucune sanction » ! Résumons donc :  le travail au noir serait pratiqué par des employés municipaux en pleine connaissance du maire et de ses services . Circulez ! Il n’y a rien à voir, nous disent aujourd’hui les premiers. Le silence, pour l’heure en tout cas, régnant chez les seconds. La presse locale, quant à elle, prudente et réservée, comme d’habitude, assurant le minimum syndical (chut !!!). On imagine d’ici ses titres et ses chroniques si cette rocambolesque et pathétique affaire des goudronneurs de Narbonne avait éclaté sous l’ancienne municipalité. Mais bon ! la presse est libre, n’est-ce pas ? Restent les Pandores locaux pour l’éclairer. En espérant que nos malheureux lampistes ne porteront pas seuls le chapeau …