Actualités ! J’ai vu ce matin le premier de ces magnifiques seigneurs…

 
 
 
 
 
 
 
 
Ma.21.3.2023
 
Actualités.
 
Ce matin, je buvais comme d’habitude une dernière tasse de café devant ma fenêtre et scrutais un ciel très légèrement voilé. J’y ai vu quelques rapaces des mers, des corneilles, des pigeons, des étourneaux et, au-dessus de cette basse engeance, à peine visible et au plus haut du ciel, l’ombre d’un martinet isolé.
C’est ainsi que j’attends, chaque année qui passe, solitaire et rêveur devant ma fenêtre, le premier de ces magnifiques seigneurs.
 
 
 

Ce texte d’un ami sur mes petits récits : « Moments de vie »…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ve.19.3.2023
 
 
Yves Marchand est un ami. Hier, il a commenté mon dernier billet pour me dire qu’il y répondrait ce matin – dans son journal. Ce qu’il a fait avec ce texte bienveillant d’une grande élégance de ton et de forme. Un miroir fidèle de mes « sentiments » et de mes intentions. Des siens aussi. Je le remercie.
 
« Mon journal : Dédicace n°4
À cet ami qui a choisi d’inscrire dans son quotidien, et le nôtre, de courts récits intitulés « Moments de vie », pour exprimer sa tendresse, sa nostalgie et son désenchantement mais aussi sa volonté de demeurer loin des plaintes, vaines et répétitives, serinées par tant d’apprentis commentateurs de l’actualité qui, se croyant originaux, ressassent les discours de la doxa journalistique, je voudrais dire à la fois mon admiration et ma compassion.
Résistant fermement à la tentation du complexe d’Alceste, il se tient ainsi, droit dans ses bottes, sur les berges de la misanthropie, et salue au passage d’un sourire lointain le bruyant cortège des idées reçues.
Son île à lui, c’est son billet sans destinataire et sans destination, rédigé pour lui-même et lancé sur les ondes d’internet comme une bouteille à la mer avec l’espoir toujours renouvelé d’amener à la réflexion quelques cueilleurs de poésie.
Ce que j’admire en lui, c’est sa renonciation à démasquer la mauvaise foi et la sottise. Pour ma part, je ne suis jamais parvenu à me défaire de cette exigence devenue un travers après avoir été une obsession. Il me connaît depuis longtemps. Il le sait. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Sans doute le résultat d’une déformation professionnelle, peut-être même fonctionnelle, due à l’insatiable volonté de partager mes convictions et de convaincre.
Mais je compatis aussi à la désillusion instillée dans sa vie par cette renonciation.
Il n’y a que deux moyens de s’opposer à la médiocrité ambiante : le mépris ou le combat.
À choisir le mépris, on ressent nécessairement l’inaccomplissement de la tâche pédagogique qui incombe à celui qui sait.
À choisir le combat, on ressent aux échecs renouvelés la vanité de l’entreprise.
Il y aurait bien la dérision qui est une autre forme de combat. Elle convient à celui qui en use, pas à ceux auxquels elle s’adresse. Elle satisfait son auteur par le succès d’audience qu’elle peut susciter mais elle reste aussi vaine que tout autre combat.
Mon ami n’a pas choisi le combat. Il fait le dos rond et passe à autre chose. Il se tait, fait profiter ses amis de ses découvertes et les invite à participer au festin de la littérature. Il découvre des œuvres, des auteurs, les partage avec un cercle d’amis qui se découvrent au fur et à mesure qu’ils le connaissent mieux.
Cette école est celle de l’humilité qui n’impose aucune idée, pas plus celles de tout le monde prônées par le flux des tendances que celle, originale, qui pique la curiosité.
Elle est simplement partage, avec ceux qui veulent bien partager.
C’est peut-être cette humilité qu’à tort j’ai qualifiée de désillusion…. »
 
 
 
 
 
 

Revient toujours le temps des jonquilles…

 

 

Elle habite mon quartier. Mais je ne la vois qu’une fois l’an. Quand fleurissent les jonquilles. L’année dernière, elle avait calé son antique bicyclette contre un banc de pierre de la petite place située juste devant mon petit immeuble. Là, elle présentait quelques bouquets de jonquilles dans une cagette attachée sur le porte-bagages de son vélo. Ce matin, c’est au début de la rue du Pont des Marchands, côté place de l’Hôtel de Ville, que je l’ai aperçue. Assise sur la bordure entourant un palmier, elle lisait. Son vélo et ses jonquilles étaient, comme chaque mois de mars de chaque année, à ses côtés. Et je l’ai rituellement remerciée d’être encore là dans sa grande simplicité. Pendant que nous bavardions, des gens passaient devant nous, indifférents à cette innocente messagère de la fin des jours tristes et des heures courtes ; ils passaient insensibles et froids devant tout ce jaune en bouquets qui semblait appeler le soleil. Ainsi allait un monde dénaturé. Sec et sans âme.

 

   

Les années « Bleu Blanc Blond »…

 
 
 
 
Ve.10.3.2023
 
Nostalgie !
 
Son visage souriant et sa voix enjouée ont marqué mon enfance. Il était mince, élégant ; amical et gai. Mon père l’écoutait en boucle sur un tourne-disque de la marque Teppaz. « Bleu blanc blond » était sa chanson préférée. C’était dans les années 60, nous venions d’emmenager dans un appartement (une habitation à loyer modéré) du quartier Razimbaud : un ensemble de quatre immeubles voisinant des vignes, des jardins, et des terrains nus destinés à de futurs aménagements urbains. Dans mon souvenir, ce Teppaz et ce disque de Marcel Amont ont rejoint l’équipement du salon familial bien avant le téléviseur. Je me souviens aussi du jour où mon père s’est offert ce cadeau. Je l’avais accompagné jusque chez « Guy Radio », le « disquaire » de la rue des Ponts des Marchands. Quel choc ! J’y découvrais des objets fascinants hors de ma portée : des merveilles. Cette France là n’est plus et j’étais loin d’imaginer alors ce qu’elle deviendrait ; ce que seraient ses fulgurantes transformations. À sa manière, cette société plus sereine et plus confiante, plus fantaisiste aussi, Marcel Amont la représentait de bien belle, et tendre façon : « Blond, blond, le soleil de plomb /Et dans tes yeux/Mon rêve en bleu – bleu – bleu/Quand le vent claque la toile/De ton joli jupon blanc/Blanc, blanc comme une voile/Je navigue éperdument.
 
 
 

C’était dimanche matin, sur le cours Mirabeau.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Lu.6.3.2023
 
Moments de vie.
 

– Tu vas bien Michel. Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu. Je viens rarement en ville, il est vrai. Je te lis tous les jours, cependant. J’aime ton regard sur les choses et les gens, mais je te trouve bien mélancolique ces derniers temps. Pessimiste plutôt. Ton style reste, mais je regrette tes « vignettes » teintées d’ironie. Toujours bienveillantes d’ailleurs. Tu as des soucis ?

– Non, Alain, je n’en ai pas. Ni mes proches d’ailleurs. Que je sache en tout cas. Mais tu as raison, mes petits textes ne donnent pas de la « vie » une image riante. L’âge ou, plus sûrement, un trait de caractère, ou les deux à la fois, sans doute les orientent, les colorent. Le désir aussi de m’extraire d’un récit quotidien où abondent mièvreries, engagements et injonctions de toutes sortes. Cela dit, Alain, tu as raison. Je vais essayer de forcer ma nature…

– Promis !

– Oui !

C’était dimanche matin, sur le cours Mirabeau. Il était 11 heures environ. Il faisait un grand soleil. Les terrasses étaient animées malgré un vent du Nord faible, mais froid. Les halles l’étaient aussi – animées –, où se pressaient et se bousculaient les mêmes clients devant les mêmes étals exposant les mêmes marchandises. On pouvait y voir et entendre également de petites troupes de touristes espagnols traîner un vague ennui dans les allées ; tandis qu’aux pieds des bars, des habitués, serrés comme des harengs en caque, indifférents aux mouvements de la foule, prenaient bruyamment leur apéritif dominical. Un monde bien loin de celui anxiogène et violent présenté par nos journaux, télés et réseaux sociaux, songeai-je. Là, en effet, l’ordinaire de la vie s’y déploie à l’abri des images de guerres, des polémiques intérieures et des drames planétaires. Une oasis temporelle en quelque sorte. Banale, pleine et vide à la fois dans laquelle j’aime déambuler. Sans buts ni raisons. Surtout les dimanches.

 
 

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