» Les vieillards sont amenés à louer le temps passé et à blâmer le présent. « 

« Ce pourquoi il me semble que les vieillards sont dans la même condition que ceux qui, partant du port, ont les yeux fixés sur la terre, et il leur semble que le navire ne bouge pas et que la rive s’en va, alors qu’il en va tout au contraire; car le port, et pareillement le temps et les plaisirs, demeurent en leur état, et nous, fuyant avec la nef de la mortalité, nous nous en allons l’un après l’autre vers cette mer tempétueuse qui engloutit et dévore toute chose, et il ne nous est jamais plus permis de revenir à terre, mais, continuellement battus par des vents contraires, nous finissons par rompre notre vaisseau contre quelque écueil. Parce qu’il n’est donc plus apte à beaucoup de plaisirs, l’esprit du vieil homme ne peut plus les goûter; et de même que tous les vins, encore qu’ils soient bons et délicats, paraissent amers à ceux qui ont la fièvre, à cause de leur goût qui a été gâté par les vapeurs corrompues, de même, chez les vieilles gens, à cause de leur inaptitude, à laquelle pourtant ne manque pas le désir, les plaisirs semblent fades, froids et fort différents de ceux qu’ils se souviennent avoir éprouvés, bien que les plaisirs en soient les mêmes. C’est pourquoi, se sentant en être privés, ils se plaignent et blâment   le temps présent comme mauvais, et ne perçoivent pas que cette mutation procède d’eux et non du temps. Au contraire, faisant revenir en leur mémoire les plaisirs passés, ils se souviennent aussi du temps où ils les ont eus, et pour cette cause ils le louent comme bon, parce qu’il semble qu’il apporte avec lui une odeur de ce qu’ils sentaient en lui quand il était présent.

Car nos pensées effectivement ont en haine toutes les choses qui ont été compagnes de nos déplaisirs, et aiment celles qui ont été compagnes des plaisirs. Au moyen de quoi il advient qu’un amoureux prend parfois grand plaisir à voir une fenêtre, bien qu’elle soit fermée, parce qu’une fois il aura eu la faveur d’y contempler sa maîtresse; pareillement il aura plaisir à voir une bague, une lettre, un jardin, un autre lieu, ou quelque chose que ce soit, qui lui semble avoir été le témoin complice de ses plaisirs. Au contraire, souvent, une chambre bien décorée et belle sera abhorrée par celui qui y aura été emprisonné, ou qui y aura souffert quelque autre déplaisir. J’en ai connu certains qui jamais ne boiraient dans une coupe ressemblant à celle dans laquelle, quand ils étaient malades, ils avaient pris quelque médecine; car, de même que la fenêtre, ou l’anneau, ou la lettre, représente à l’un la douce mémoire qui lui est si agréable, parce qu’il lui semble qu’elle a été autrefois une part de ses, plaisirs, de même il paraît à un autre que la chambre ou la coupe, avec le souvenir, ramène la maladie ou la prison. Je crois que pour cette même raison les vieillards sont amenés à louer le temps passé et à blâmer le présent. »

 

Qui s’y frotte s’y pique, en effet!

La période actuelle est propice à la floraison de propos démagogiques, notamment dans le domaine économique et financier. Les Yacas et Fauquons occupent les plateaux de télé, les experts médiatiques rivalisent d’approximations et les candidats à la magistrature suprême promettent tout et son contraire ( souvent en tout cas! ).

Aussi vais je me permettre, de temps à autres, ce genre d’intervention afin de décrypter, avec de bons spécialistes, des propositions, des affirmations ou des analyses aux conséquences ignorées, au mieux , ou cachées , au pire .

Commençons donc par cette idée de réformer la fiscalité locale et par la solution imaginée par F.Hollande présentées ici par Pierre Tarly ( qui fut un temps directeur de cabinet de Michel Rocard ). Avec au passage un micro cours sur notre histoire fiscale et les rapports entre Etat et Collectivités, le tout en 4 minutes. Remarquable!


Impôt local sur le revenu : qui s’y frotte, s’y… par debateco

Quand la Chine s’éveille!

 

 

 

 

 

« Les argentiers des grands pays émergents -Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (BRICS) -ne versent pas dans la philanthropie. Un temps espérée, l’aide de ces nouvelles puissances économiques par l’achat de titres de dette ne se fera pas. Du moins pas officiellement, et sans doute pas avant d’avoir certaines assurances qu’ils ne subiront pas de pertes sur leurs éventuels investissements dans la zone euro. » Les Echos

Qui, il y a dix ans (si l’on excepte Alain Peyrefitte et son « Quand la Chine s’éveillera) à peine, aurait imaginé un scénario pareil: L’Occident, et l’Europe en particulier, sa croissance et son standard de consommation et de protection sociale dépendre de l’épargne de puissances émergentes anciennement dominées ? Des pays qui n’accepteront de placer leurs liquidités dans nos Etats perclus de dettes qu’en contrepartie d’une plus grande place dans les instances de régulation mondiale, notamment au FMI. Vain aussi de s’attendre à les voir doper leur consommation interne pour tirer l’économie mondiale. Comme il est illusoire enfin de penser qu’ils ne réagiront pas sévèrement au rabotage des montagnes de dettes des pays industrialisés par des politiques inflationnistes aux effets désastreux pour leur propre expansion économique et commerciale.

Mao, ne disait-il pas « qu’il fallait d’abord compter sur ses propres forces » ! Nous en restent-ils encore ? L’épreuve de vérité approche, qui verra l’état psychologique et moral réel de nos vieux peuples continentaux. Et du nôtre en particulier…

 

 

Recentraliser la fiscalité locale!

 

C’est dans  » les Echos  » et c’est signé Jean-Francis Pécresse. Pourquoi donc réécrire ou plagier ( pratique courante dans la blogosphère…) cet article aussi pertinent sur le fond qu’élégant dans sa forme. Le voici:

 

 » Le calme après la tempête : après avoir gonflé sans vergogne, au beau milieu de la crise financière, la facture fiscale des ménages, les collectivités locales semblent revenir à un peu plus de sagesse. C’est ce que montre l’enquête effectuée par « Les Echos » au moment où les avis d’imposition locale arrivent dans les boîtes à lettres. Il y a deux raisons de penser que cette accalmie va durer… au moins jusqu’en 2012. Elle traduit d’abord la fin d’un cycle d’investissement. Commencé en 2005, celui-ci s’est emballé en 2009 sous l’effet d’un plan de relance de l’économie qui a poussé les exécutifs locaux à dépenser pour s’équiper, en leur remboursant par avance leur TVA. L’assagissement des collectivités tient ensuite au cycle électoral : la perspective de l’élection présidentielle de 2012 – une grande majorité de ces collectivités étant gérées par la gauche -et des municipales de 2014 exerce déjà un effet de modération fiscale.

Mais, en sens inverse, deux autres éléments n’incitent guère à l’optimisme. Le premier est que les dépenses de fonctionnement des collectivités, toujours grosses pourvoyeuses d’emplois de fonctionnaires, continuent de galoper. La seconde est que le dynamisme retrouvé des droits de mutation est menacé par l’avenir incertain du marché immobilier. La petite rémission fiscale des collectivités territoriales est trop fragile pour ne pas se donner les moyens de prévenir de nouveaux emballements.

Beaucoup a déjà été fait pour limiter ce pouvoir indûment consenti par la nation à ses élus locaux de lever l’impôt. La réforme de la taxe professionnelle illustre cette stratégie, encore sournoise, qui consiste à priver les collectivités du pouvoir de voter les taux et à remplacer leurs recettes propres par des dotations affectées. Cette voie mérite d’être encouragée et assumée. Les communes de la libérale Angleterre ne sont-elles pas financées par un impôt économique national, réparti par l’Etat en fonction des besoins de chacune ? En France, remplacer la taxe d’habitation par une majoration d’impôt sur le revenu dont le produit serait reversé aux collectivités ne heurte que le principe d’autonomie fiscale, érigé en droit par la république girondine. Ce serait pourtant un gage d’équité, tant les écarts de taxe d’habitation sont excessifs d’un bout de l’Hexagone à l’autre. Nationaliser l’impôt local permettrait aussi de mieux maîtriser une composante trop dynamique de la dépense publique. Ce n’est pas un luxe. « 

Il n’y pas de miroir pour l’esprit.

   

 

Mes pages: Celle ci de Bathazar Gracian, dans  » L’homme de Cour « . Toujours et encore…

 

LXXXIX. Connaître parfaitement son génie, son esprit, son cœur, et ses passions.

L’on ne saurait être maître de soi-même que l’on ne se connaisse à fond. Il y a des miroirs pour le visage, mais il n’y en a point pour l’esprit. Il y faut donc suppléer par une sérieuse réflexion sur soi-même. Quand l’image extérieure s’échappera, que l’intérieure la retienne et la corrige. Mesure tes forces et ton adresse avant que de rien entreprendre ; connais ton activité pour t’engager ; sonde ton fonds, et sache où peut aller ta capacité pour toutes choses.

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