Rendements décroissants?

Les enseignants font grève pour s’opposer à la suppression de postes et les élus de tout bords ne veulent pas entendre parler de leur diminution par la suppression des départements, par exemple, comme le prône J. Attali et, surprise, le groupe UMP de l’ Assemblée. Ce qui les unit ? la sociologie: nombre d’élus viennent de l’Education Nationale, et leurs revenus sont financés par l’impôt. Ce qui les sépare, le pouvoir que confère la loi aux élus d’appliquer aux autres ce qu’ils refusent d’appliquer à eux-mêmes. En l’espèce, la recherche d’une plus grande efficacité dans le service rendu aux contribuables-électeurs et conséquemment la diminution des dépenses publiques et l’allégement de la dette nationale. Car on ne nous fera pas croire que nos 558 102 élus de France métroploitaine, soit 1 élu pour 108 habitants, record du monde absolu et nouvelle exception française, seraient le prix de notre excellence démocratique. A l’inverse, ils marquent plutôt le conservatisme d’une offre institutionnelle pléthorique au rendement décroissant dont le coût n’a cessé d’augmenter. Ainsi,entre 2002 et 2007, les indemnités versées aux maires et présidents d’assemblées locales ont crû en moyenne de 55% ! Et depuis, avec la mise en place des nouveaux conseils municipaux et conseils communautaires, de droite ou de gauche, elles ont explosé … En pleine crise de pouvoir d’achat. Comme les revenus de près de trois patrons sur quatre de grandes sociétés françaises qui,selon une étude publiée en début d’année,ont gagné 40% de plus en 2007 qu’en 2006. Ce qui fait dire à Jean-Claude Juncker, patron de l’Eurogroupe que : « Nous courons le risque de ne plus être compris par nos concitoyens si nous leur adressons d’un côté des appels incessants à la modération salariale » pour freiner l’inflation et que,de l’autre, les chefs d’entreprise et les élus font l’inverse. Extravagants et paradoxaux comportements, en effet!

Une pension dorée.


A quelques semaines d’une journée de mobilisation de l’ensemble des syndicats pour protester contre l’allongement de la durée de côtisation des retraites, il est bon de rappeler que le gouvernement avait voulu donner l’exemple en poussant les députés à amender leur propre régime en déficit chronique (577 cotisants pour 2 004 pensionnés) et qui a coûté à l’Etat 38 millions d’euros en 2006. Résultat du travail de nos parlementaires tous partis confondus: les députés ne pourront toucher leur retraite qu’à partir de 60 ans, contre 55 auparavant et ceux issus de la fonction publique ou du privé ne pourront plus continuer à cotiser à leur caisse d’origine. Parfait! mais, car il ya un hic, le principal avantage demeure. Pendant leurs trois premiers mandats, les députés peuvent cotiser double. Ils toucheront ensuite une pension confortable de 1 500 euros par mois pour un mandat de cinq ans, 3 000 euros pour deux mandats, et ainsi de suite. Une pension cumulable avec leurs revenus d’activité sans aucun plafond de ressources. Plus que spécial ce régime de retraite. Et sans aucun doute au rendement le plus élevé de la planète… Dans les circonstances présentes, on pourrait qualifier ce privilège de caste, allez, osons le mot, d’obscène…

La fin des journaux!

 

Bernard Poulet et Vincent Giret annoncent, dans la dernière livraison de la revue « Le Débat », la fin des journaux et de la presse d’information, du moins sur support papier. Leurs arguments ! Le modèle économique qui associait information et publicité est « cassé », comme en témoigne, par exemple, la chute des ressources publicitaires des grands quotidiens. Ce qui traduit en réalité une baisse continue de la consommation d’informations, laquelle vaudrait également pour les « JT ». Une baisse nullement compensée par les journaux papier gratuits qui, au contraire, contribuent fortement à la concurrence faite aux producteurs d’information marchands.

La solution, pour financer la fabrication de l’information par des rédactions professionnelles onéreuses, réside-t-elle dans la constitution de grands groupes multimédias (sites web, TV, radios…). Pas sur, nous expliquent Poulet et Giret ! Outre le fait que l’information elle-même y occupe une place de plus en plus secondaire, ces grands groupes sont soumis en effet à des exigences de rentabilité  que les entreprises d’information ne sont pas capables de satisfaire.

Comment nos auteurs voient-ils donc l’avenir ? Expansion de la gratuité dans les années qui viennent et disparition plus ou moins rapide du papier au profit du tout virtuel ou du papier électronique, résistance des magazines papier spécialisés…Ne peut-on pas imaginer aussi que se développent sur l’Internet de nouveaux outils d’information de qualité, mais pas nécessairement moins exigeants. La véritable question étant de se demander comment peut se former une « opinion publique » dans un contexte de dispersion et de fragmentation de l’offre d’information ?

Bernard Poulet, Vincent Giret, « La fin des journaux », Le Débat, n° 148, janvier-février 2008.

Questions à Georges Frêche et à Midi Libre.

Dans cette interview vidéo, en répondant à la dernière question, Georges Frêche (G.F) nous dit qu’il   » a pris  » un Languedoc Roussillon placé au 23ème rang des régions françaises (faux: il y en a 26, et le classement en question ne concerne que les 22 régions métropolitaines), qu’il est à présent ( nous sommes en 2008!) au 12ème rang (toujours faux : voir ci-dessous)  et qu’il entend l’amener au 4ème (en prenant quel critère? Si c’est l’un des deux premiers, c’est tout simplement absurde).Et la presse régionale, toujours aussi nulle en ces matières, de reprendre ses propos comme paroles d’évangile.

Quant est-il donc exactement.

Constatons d’abord que le critère utilisé, pour le premier classement, est le PIB/habitant, et celui du second le PIB,  l’année de référence étant 2002 (source INSEE).C’est à dire une année où G.F, n’était bien sur pas aux affaires. Et que disent précisément les chiffres de cette période ? En premier lieu, que le PIB du Languedoc-Roussillon, qui représente 3 % de la richesse nationale  situe le Languedoc-Roussillon au 11e rang des régions métropolitaines. Que si l’on prend en compte le PIB par emploi, la région améliore légèrement son rang, passant à la 10e place. Enfin, qu’au niveau du PIB par habitant, la situation se dégrade sous la double influence de la faiblesse du taux d’activité et du nombre élevé de chômeurs plaçant le Languedoc-Roussillon à l’avant-dernière place des régions métropolitaines, juste avant la Corse. Eurostat, en livrant les derniers chiffres disponibles, ceux de 2005, nous apprend même que la Corse nous passe devant pour le PIB/habitant et que nous gagnons une place pour le PIB…

La manipulation est, si je puis dire, limpide et grossière : G.F prend le PIB/habitant de 2002 pour débuter son raisonnement (21ème rang et non 23ème en réalité) et charger son prédécesseur, puis il enchaîne par le PIB de la même année 2002 (11ème rang et non 12ème)  pour illustrer l’extraordinaire performance de sa gestion depuis… 2006!!! Une comparaison avec des indicateurs différents, d’une même année et sur plusieurs années (?!!), s’appuyant sur des stats, au mieux de 2005.CQFD.

Voilà comment la presse est utilisée comme un des vecteurs du plan de communication du président de la Région, concourrant ainsi à la désinformation de ses lecteurs. Autre hypothèse, les journalistes ne font pas leur travail par paresse, « jemenfoutisme », trop de stress, ou incompétence. Peu importe après tout, le résultat est le même. Qui s’en soucie? Personne.

Le Languedoc-Roussillon et le « syndrome belge ».

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Entre 1990 et 2004, le revenu déclaré des Français a augmenté de 28 %. Parmi les départements où la progression a été la plus forte, 50 % d’amélioration du revenu, ceux du Languedoc-Roussillon, qui étaient les plus mal lotis ou les moins productifs au départ. Au contraire, à 20 %, l’Ile-de-France, région la plus riche, est au-dessous de la moyenne alors que sa contribution au produit intérieur brut (PIB) du pays a augmenté. Cherchez l’erreur !

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