Contre-Regards

par Michel SANTO

Les loups sont entrés dans Paris !

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Incidents pour « le Monde », affrontements, violentes échauffourées, émeutes pour d’autres. Bousculades pour Valls, hier ; incidents graves aujourd’hui. Des voyous, des délinquants, des jeunes des banlieues, des hooligans même, nous dit-il, qu’il espère être durement sanctionnés par la justice

A ces mâles propos, on attend ce qu’en pense Madame Taubira dans son style habituel : « c’est la faute du chômage et de la société qui le crée ». A l’écouter, Manuel, un autre mot était au bord de ses lèvres, qu’il étouffait à grande peine : racaille ! Non, jamais ! Et pourtant, c’est bien elle qui vient de sauter à sa gorge. Comme pour lui donner une leçon. Il ne suffit plus en effet d’édulcorer les mots pour pacifier un état de violence barbare qui ne cesse d’enfler dans nos quartiers, ou de l’imputer au pouvoir d’une droite qui ne l’exerce plus, comme à la seule évolution de la courbe des demandeurs d’emplois dont Hollande nous promet une inversion à laquelle plus personne ne croit. Et puis, souvenons nous ! C’était Ségolène qui prophétisait son explosion si par malheur elle était battue. Son ex à l’Elysée, la voilà qui surgit comme un fauve en pleine « fête » du PSG au Trocadéro. Des bandes entières qui prennent d’assaut des bus et dévalisent leurs occupants. Images terribles tournant en boucle dans toutes les capitales : une nouvelle « idée » d’une « douce France », qui ne l’est plus depuis longtemps. Il fut un temps où ces cohortes d’individus étaient désignées et combattues, sans aucune honte, par les marxistes, comme appartenant au lumpenprolétariat, ce vivier de toutes les formes d’idéologies politiques ou sociales fondées sur la violence. Cela n’est hélas plus possible tant notre société est bourrée de mauvaise conscience au point d’accepter toutes les injures faites à sa culture, sa morale et ses mœurs. Aussi, s’il est ridicule de demander la démission du Ministre de l’Intérieur, son prédécesseur aurait pu se trouver dans la même situation, il est urgent d’enfin nommer les choses et les faits tels qu’ils sont et d’y répondre avec l’arsenal politique, répressif et juridique approprié. Il n’est jamais trop tard, pour la gauche, de retrouver les mots de son patrimoine linguistique, et, pour la droite, de ne plus se sentir coupable de l’être. 

 

De l’ utilité malgré tout des partis.

 

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Mauriac n’était pas fou des partis : « Encombrants, inutiles, ne pouvant plus servir à rien, les partis politiques traditionnels en France ressemblent à ces plantes d’appartements, dans leurs cache-pot énormes, qui ornaient les salons bourgeois de 1895, et que les dentistes de ce temps-là cravataient volontiers d’un ruban rose… Les vieux partis traditionnels français ressemblent de plus en plus à ces chrysalides vides que l’insecte laisse derrière lui, à de diaphanes peaux de serpents, à ces queues coupées de lézards qui remuent encore mais qui n’intéressent plus le lézard » !…Pour autant Mauriac aurait-il salué l’avènement d’une démocratie d’opinion ? Pas sûr. Et moi encore moins! Mais sa critique résonne encore. Il est vrai cependant qu’ils ont changé de forme. Finies les « masses » encartées et formées par des perspectives idéologiques et historiques à des changements de société lourds et radicaux. A présent, ce sont plutôt des organisations d’élus et de collaborateurs d’élus construites comme des machines à conquérir le pouvoir. Ils n’ont plus, ou si peu, ce rôle de lien et d’influence auprès du corps social, que détiennent désormais les grands médias et les instituts de sondage. Quant aux options programmatiques, elles sont élaborées ailleurs : dans des Thinks-Tanks, selon la méthode anglo-saxonne. Accordons leur cependant encore la sélection « d’élites » politiques, dont les plus importantes, pour les partis dits de gouvernement, ont été formées bien avant dans les mêmes grandes écoles (ENA, surtout !). Et puis enfin, dans le cadre d’une démocratie représentative, et malgré tous leurs défauts, ils constituent les seuls vecteurs par où se construisent et circulent les grandes options sociales. Cela dit, les opposants aux « mariages pour tous », récemment, ont démontré qu’un fort courant d’opinion pouvait désormais se passer d’eux. Epiphénomène, qui ne me semble pas remettre en cause fondamentalement cette fonction « d’expression » sociale, qu’elle soit par eux directement  rationnalisée, ou récupérée. Alors certes, Mauriac a des mots toujours d’actualité, mais, comme beaucoup d’autres choses, des partis, on ne peut, décidemment, en démocratie, s’en passer.

Journalistes et pouvoirs locaux .

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Qu’ils soient attachés de presse, « dircom », consultants ou conseillers en communication, ils sont particulièrement présents dans toutes les collectivités de l’univers politique ( Etat, Régions, Intercommunalités, Communes…) Ils filtrent les relations entre les professionnels de la politique, les autres conseillers, les fonctionnaires des administrations… et les journalistes. Les journalistes, poussés à produire des articles en nombre croissant et le plus vite possible, sans beaucoup de moyens et toujours en quête d’information s’en remettent d’autant plus à ses communicants toujours prêts à produire des discours sur mesure. Combien de dossiers de presse ai-je préparé et construits, et quasiment lus le lendemain dans la « page » Région du Midi Libre ou de l’Indépendant ! Journalistes et communicants sont ainsi rivaux et associés. Les premiers se focalisent sur les dysfonctionnements du monde social tandis que les seconds valorisent les pouvoirs et leurs occupants. En province, et ici même, à Narbonne, force est ce constater que la rivalité est faible, pour ne pas dire quasi absente, même s’il peut arriver, que, pour des raisons personnelles ou politiques, une rédaction ( Midi Libre ou l’Indépendant ) entre en guerre ouverte avec les pouvoirs locaux. L’exemple de Patrick Nappez est encore présent à l’esprit de beaucoup dans ma petite ville! S’ils ne courent pas les mêmes enjeux (leurs relations sont faites de tensions, en effet), notre couple partage tout de même des  ressources identiques. Chacun a besoin de l’autre, les communicants pour forger une bonne image de leur « patron »,  les journalistes pour disposer d’informations. Ainsi leurs relations sont souvent faites de séduction où se mêlent tutoiement, invitations (Ah ! ces voyages !) et confessions personnelles. Et, il arrive souvent que certains, malgré un reste de mélange de répulsion et d’attirance, franchissent le Rubicon, deviennent directeurs de cabinet ou de la communication et gèrent des stratégies de communication qui passent forcément par des médias rendus les plus complaisants possibles afin d’y promouvoir l’image de leurs nouveaux « patrons ». Journalistes et communicants sont donc complices et opposés. Ils savent qu’ils se retrouveront demain, et n’ont d’autres choix que de négocier. Un champ de négociation beaucoup plus faible en province, au plus près des pouvoirs et dans leur dépendance financière (publicité institutionnelle, abonnements groupés etc.), idéologique, voire affective et familiale…