Contre-Regards

par Michel SANTO

L’illusion comique.

 

 

Laurent Fabius, François Hollande, Ségolène Royal, tous les « éléphants » le clament, dès le retour aux affaires, ils rétabliront ce que DSK nomme le dogme des 60 ans. Mais, mais : « Cela ne signifie pas de donner une retraite à taux plein pour tous les salariés à 60 ans, comme a voulu le faire croire le gouvernement », reconnaissait Martine Aubry mardi dans « Le Parisien ».  Partir à 60 ans, oui, mais en touchant moins ! Inversement, le projet socialiste promet des pensions plus élevées à ceux qui cotiseront plus de 41 ans.Une reprise inattendue du « travailler plus pour gagner plus » sarkoziste !. Que ce soit  le PS qui propose le libre choix et la prime au travail quand les cortèges crient à la logique libérale du projet gouvernemental n’est pas le moindre des paradoxes. On se croirait au théâtre. Celui de « l’Illusion comique ». 

Le jardin d’Epicure.

 

 

Pour ouvrir cette nouvelle rubrique : « Mes pages », celle-ci, d’Anatole France, extraite du « Jardin d’Epicure », pages  20 et 21 en version numérique :

 

« C’est une grande erreur de croire que les vérités scientifiques diffèrent essentiellement des vérités vulgaires. Elles n’en diffèrent que par l’étendue et la précision. Au point de vue pratique, c’est là une différence considérable. Mais il ne faut pas oublier que l’observation du savant s’arrête à l’apparence et au phénomène, sans jamais pouvoir pénétrer la substance ni rien savoir de la véritable nature des choses. Un œil armé du microscope n’en est pas moins un oeil humain. Il voit plus que les autres yeux, il ne voit pas autrement. Le savant multiplie les rapports de l’homme avec la nature, mais il lui est impossible de modifier en rien le caractère essentiel de ces rapports. Il voit comment se produisent certains phénomènes qui nous échappent, mais il lui est interdit, aussi bien qu’à nous, de rechercher pourquoi ils se produisent. Demander une morale à la science, c’est s’exposer à de cruels mécomptes. On croyait, il y a trois cents ans, que la terre était le centre de la création. Nous savons aujourd’hui qu’elle n’est qu’une goutte figée du soleil. Nous savons quels gaz brûlent à la surface des plus lointaines étoiles. Nous savons que l’univers, dans lequel nous sommes une poussière errante, enfante et dévore dans un perpétuel travail; nous savons qu’il naît sans cesse et qu’il meurt des astres. Mais en quoi notre morale a-t-elle été changée par de si prodigieuses découvertes? centre de la création. Nous savons aujourd’hui qu’elle n’est qu’une goutte figée du soleil. Nous savons quels gaz brûlent à la surface des plus lointaines étoiles. Nous savons que l’univers, dans lequel nous sommes une poussière errante, enfante et dévore dans un perpétuel travail; nous savons qu’il naît sans cesse et qu’il meurt des astres. Mais en quoi notre morale a-t-elle été changée par de si prodigieuses découvertes? Les mères en ont-elles mieux ou moins bien aimé leurs petits enfants? En sentons-nous plus ou moins la beauté des femmes? Le cœur en bat-il autrement dans la poitrine des héros? Non! non! que la terre soit grande ou petite, il n’importe à l’homme. Elle est assez grande pourvu qu’on y souffre, pourvu qu’on y aime. La souffrance et l’amour, voilà les deux sources jumelles de son inépuisable beauté. La souffrance! quelle divine méconnue! Nous lui devons tout ce qu’il y a de bon en nous, tout ce qui donne du prix à la vie; nous lui devons la pitié, nous lui devons le courage, nous lui devons toutes les vertus. La terre n’est qu’un grain de sable dans le désert infini des mondes. Mais, si l’on ne souffre que sur la terre, elle est plus grande que tout le reste du monde. Que dis-je? elle est tout, et le reste n’est rien. Car, ailleurs, il n’y a ni vertu ni génie. »

L’effet papillon.

 

Un pasteur. Un fou, un seul, et un vent de panique secoue l’ensemble de la planète diplomatique. Des corans qu’il menace de brûler, et une tornade hystérique ébranle l’ensemble du monde islamique. Ailleurs dans le monde des bibles et des lieus de cultes de différentes confessions sont détruits, et personne ne s’en émeut. Un petit groupe de fanatiques américains aura donc suffit pour que l’asymétrie des relations inter-civilisationnelles et religieuses s’exprime dans toute sa violence. Et du piège dans lequel se trouvent enfermés ceux qui la refusent. Se taire et traiter par le mépris cet autodafé, c’était offrir aux islamistes de tous poils une occasion supplémentaire d’attiser la haine de l’occident. Et le condamner, comme cela a été fait, c’est conforter les extrémistes de tout bord dans leur pouvoir de nuisances. Décidément, l’onde de choc du 11 septembre 2001 n’en finit pas de produire ses effets destructeurs…

La politique fait rire.

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Il y a 6 ans on pouvait lire ceci, qui n’était pas qu’un bon mot de Michel Serres, en page 28 de cet ouvrage de Comte-Sponville :  » Il y a trente ans, lorsque je voulais intéresser mes étudiants, je leur parlais politique; lorsque je voulais les faire rire je leur parlais religion. Aujourd’hui, c’est l’inverse… » Depuis, Didier Porte et Stéphane Guillon en ont fait un marché…

La part manquante.

Combien de jours déjà sans écrire une seule ligne ? Six, sept ? Et le sentiment de n’en éprouver aucun qui ne vaille de s’en émouvoir. Sinon celui de ce soudain désir d’en taire l’expression. Aussi vaine et dérisoire que celle là même dont elle s’est fait l’objet. Cette espèce de soupe qui nous est à toute heure balancée sur nos têtes. Ce jus insipide et grossier, cette rumeur du monde où la bêtise satisfaite du plus grand nombre nourrit l’agressive arrogance de quelques uns. Et qu’un sourire retrouvé suffit à démentir…