Contre-Regards

par Michel SANTO

La claque des syndicats de Véolia.


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« N
ous ne pouvons accepter qu’à des fins purement politiciennes, certains continuent à dénigrer notre Groupe au travers d’attaques personnelles contre son ancien PDG….Les représentants syndicaux des Organisations syndicales présentes au sein du Comité de Groupe France de VEOLIA ENVIRONNEMENT ne peuvent que dénoncer ce genre de polémique qui ne rapporte qu’à certains politiciens et aussi à certains concurrents économiques. »

Texte signé par tous les syndicats de VEOLIA, y compris la CGT. Un coup de tonnerre dans le mundillo médiatico-politique. Et qui renvoie les Bayrou, Hamon et d’autres, trop nombreux pour être cités (sans oublier l’immense cohorte des éditorialistes prétendument informés) dans le sac de politiciens prêts à tout pour tenter de conquérir quelques parts de marché idéologiques. Une chose était de critiquer la double rémunération de Proglio, ce que j’ai fait, une autre de contester sa légitimé à cumuler une fonction non exécutive chez Véolia et ses responsabilités opérationnelles à EDF. Un « cumul » motivé par la volonté des deux entreprises de nouer des partenariats stratégiques. Non seulement pour elles, mais aussi pour la France et sa filière énergie-environnement. Demain, (j’écris ce billet pendant que se déroule l’émission de TF1 : « Sarkozy et les français ») on ne pourra plus dire ou penser que les syndicats ont le réflexe nécessairement démagogique. Pour le coup, ceux de Véolia viennent de donner une sérieuse leçon à la gauche politique. Une leçon de sérieux. Sous la forme d’une claque qui devrait résonner encore longtemps dans l’arène politique. Comme celle donnée sur les fesses d’un cancre. Pour le sortir de ses rêves…

Le professeur et la burqua.




Dominique Rousseau est professeur des Universités. Il enseigne le droit. Il parle sur France Culture et ses « réflexions » sont régulièrement publiées par Libération et le Monde. Le dimanche, il dispose de trois colonnes dans le Midi Libre qui ne l’est pas trop, où il bâcle des chroniques (dans la dernière, cette perle parmi d’autres : « l’Etat veut une loi… ». L’Etat en lieu et place du gouvernement ou de députés de l’Assemblée !!!) qu’il termine régulièrement en « appelant » à la révolte du peuple. Pas dans la dernière de ce jour, où il nous assène à propos du port de la burqua : « Rajouter une loi serait aussi ridicule qu’interdire la mort par une loi. »  (Midi Libre du 24/01/10, page 8) Ainsi, pour notre expert, cette prison vestimentaire serait du même ordre qu’un phénomène naturel et irréversible. Une fatalité. C’est fort ! Ça sonne ! Et c’est c… Rappelons lui, quand même, à notre éminence professorale, que Badinter, lui, a osé l’interdire, la mort, quand elle était donnée au nom de la justice. Et que je ne vois pas pourquoi on s’interdirait le droit de légiférer contre ceux et celles qui ont décidé de « tuer symboliquement » un certains nombre de valeurs propres à notre démocratie. La loi n’est pas en effet qu’une norme technique, elle a aussi et surtout une portée culturelle et symbolique. Qu’il faut avoir le courage et la lucidité d’utiliser quand les adversaires de la République ont décidé de l’attaquer sur ce terrain là.

L’imposture et Lagarde.




Henri Proglio renonce donc à son deuxième salaire chez Véoglia. L’information est tombée jeudi en fin de soirée. Dans cette même journée Estrosi, Lagarde et avant eux Chatel et Eric Woerth, j’en oublie sans doute, nous expliquaient qu’il était justifié. J’imagine leurs têtes. Celle d’un avocat plaidant l’innocence de son client qui, à la fin de la plaidoirie de son défenseur, avoue son crime. Aveu qui, comme la décision du PDG d’EDF, met à nu l’absence de tout fondement éthique à leur rhétorique de circonstance. Pour en dévoiler le caractère mensonger. Ne rêvons cependant pas, point de sursaut moral dans cette lamentable affaire. C’eût été trop beau ! Seule la pression de l’opinion a permis que soit mis fin à cette « injustice ». Mais à quel prix ! Celui de membres du gouvernement pris dans les filets d’une imposture. Bel exemple d’éthique républicaine en plein débat sur l’identité nationale que nos puissants seraient bien inspirés de réapprendre. Avec pour premier principe de ne pas attenter à la dignité des personnes.

Le cumul indigne de Proglio.




« 
Le ministre du Budget Eric Woerth a justifié mercredi la double rémunération d’Henri Proglio
qui a une « double responsabilité » en tant que Pdg d’EDF et président du Conseil d’administration de Veolia, tout en déclarant comprendre la polémique sur ce sujet. », nous dit l’ A.F.P. Eh bien moi, je ne comprend pas cette double rémunération et trouve justifié qu’on s’en indigne. Comment en effet défendre l’idée que l’on puisse diriger deux ensembles industriels de cette importance pour expliquer cette double « rémunération »? Non, cela n’est pas sérieux et démontre, encore une fois, que nos dirigeants ne se rendent pas compte, dans une société ouverte comme la nôtre, de l’importance d’actes et de pratiques aux effets « symboliques » désastreux. Et qui minent et « désespèrent » la communauté nationale. Dans nos sociétés en crise, il appartient à nos « élites » , aussi et surtout, de donner l’exemple par le respect d’un certain nombre de valeurs éthiques constitutives de notre vivre-ensemble. Au risque de légitimer tous ceux qui s’en réclament pour contester le principe même d’une république démocratique fondée sur « l’économie de marché ».

Au travail, Martine!





« Changer le système », c’était dans les années 70. « Changer la vie », c’était dans les années 80. Aujourd’hui, Martine Aubry nous dit, en demandant aux socialistes de se mettre au travail, qu’il faut
« repenser un autre modèle que ce modèle libéral qui s’est cru le maître du monde ». Et qu’en 2012, elle proposera aux français de le changer, lui aussi. La vie, après 1981, ayant continué son cours sans que la gauche la change, si elle revenait au pouvoir en 2012, le modèle économique et social ne changerait évidemment pas plus. Il n’existe pas de modèle alternatif au modèle capitaliste-libéral et le rôle de la gauche et du PS est de le réguler et de lutter contre les inégalités qu’il génère. C’est sa vocation. Affirmer le changer, c’est prendre les électeurs pour des… imbéciles. C’est mentir en toute connaissance de cause, sauf à s’allier avec Besancenot et aller dans le mur. C’est tout autant faire preuve d’autisme, les français, d’après les sondages, considérant que la gauche ne ferait pas mieux que la droite si elle revenait au pouvoir. Ce n’est donc pas avec des discours totalement décalés de ses pratiques que le PS va retrouver un peu de crédibilité. Il est encore temps de se mettre sérieusement au travail, Martine !
Enfin…