Tout homme est responsable de son sourire…

 
 
 
 
 
 
Me.8.2.2023
 
Moments de vie. Sourires !
 
J’aime regarder les gens. Je suis attentif à leur façon de bouger et de se déplacer ; à leurs gestes et leurs démarches. À leurs visages surtout. Qui traduisent souvent leurs pensées, leurs émotions. Des visages qui deviennent, les années passant, le reflet de leurs vies. Bonnes ou mauvaises. J’en croise chaque jour des dizaines, dans la rue. Beaucoup sont penchés sur les écrans de leurs téléphones. Ceux-là ont le sourire banal ou béat. Parfois vulgaire ou insolent. D’autres sont perdus dans leurs pensées. Leur visage semble figé, triste ou mélancolique. Au contraire de ce visage souriant croisé ce matin. Celui d’une dame inconnue qui hier encore tenait par la main une personne plus âgée au visage tendu par la fatigue et les douleurs. Lors de nos quotidiennes rencontres, nous échangions un sourire de politesse. Aujourd’hui, son visage n’était pas tourné vers le mien. Il souriait dans le vide. Aux anges, dit-on. J’ai souri aussi. Sans raison. C’est Camus qui écrivait : « Au-delà d’un certain âge, tout homme est responsable de son visage. »
 
 
 
 
 
 

Mes amis virtuels sont-ils de vrais amis ?

 
 
 
 
 
Je.2.1.2023
 
Attachements.
 
J’ai des centaines d’amis virtuels sur Facebook. Je ne peux évidemment pas lire tout ce qu’ils publient sur leurs pages. Le rejet du blablabla et de la répétition, mes goûts ont fini par en sélectionner quelques-uns. D’autres aussi lisent mes textes sans que je le sache, et certains, souvent les mêmes, réagissent à mes publications. Finalement, ce commerce quotidien que j’entretiens avec ces derniers et le cercle de ceux que je fréquente régulièrement leur donne à tous un semblant de réalité. Jusqu’à m’inquiéter de leur silence. Pour apprendre un jour le suicide virtuel ou la mort réelle de l’un deux. Je sais alors qu’il va me manquer. Comme peut nous manquer un ami de chair dans la « vraie vie ».
 
 

Les Essais de Montaigne, un viatique pour notre temps.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ma.24.1.2023
 
Les Essais, un viatique pour notre temps.
 
 
Lors d’une confrontation entre André Compte Sponville (A.C-S) et François Jullien sur les conceptions chinoise et occidentale du bonheur, ce dernier disait de Montaigne qu’il était « le plus chinois des penseurs occidentaux ». Pourquoi ? Parce qu’il est un penseur du devenir plutôt que de l’être, « de la vie plutôt que du salut, de la durée plutôt que de l’éternité, du présent plutôt que de l’avenir, de la transition (voire du « procès sans sujet ni fin ») plutôt que du progrès, du réel plutôt que du sens, du « jardin imparfait » plutôt que de l’utopie, enfin du « vivre à propos » plutôt que du bonheur ! », précise André Comte-Sponville à la page 159 de son « Dictionnaire amoureux de Montaigne. ». Comme les Chinois, on peut dire que Montaigne voit toujours un peu de yin dans le yang. Ainsi des plaisirs et des biens que nous avons, « il n’en est aucun exempt de quelque mélange de mal et d’incommodité ». De sorte que l’homme, en tout et par tout, « n’est que rapiècement et bigarrure. » Il dit encore qu’il nous faut négocier en permanence notre rapport aux autres et au monde ; que la seule raison n’y suffit pas, et que tout l’humain est sollicité : « pour l’usage de la vie et service du commerce public, il y peut avoir de l’excès en la pureté et perspicacité de nos esprits » et « Les opinions de la philosophie élevées et exquises se trouvent ineptes à l’exercice. » Ce disant, Montaigne nous met en garde contre ces promoteurs d’absolu et de pureté qui, en politique, voudraient réaliser et imposer à tous le meilleur des régimes. Hier, c’était au nom du communisme, du nazisme et du fascisme ; aujourd’hui, de celui de l’insoumission politique, de l’éco féminisme politique et du national populisme. Pour eux, qui veulent tout et tout de suite, leurs vérités sont un absolu et leurs contradicteurs une incarnation du mal, un ennemi qu’il faut abattre. Or une société ne se change pas par « décret » fut-il philosophique. Et « les lois mêmes de la justice ne peuvent subsister sans quelque mélange d’injustice », ajouterait Montaigne. Par les temps qui courent, sa pensée sans système est d’un grand secours. Elle éclaire « sur ce que nous sommes, sur la vie que nous menons, heureuse ou malheureuse, et sur ce que peut, ou non, la philosophie. » (A.C-S page 181) Sur ce que peut, ou non, la politique.
 
 
 
 
 

Nouvelles du jour à la façon de Félix Fénéon.

 


Ve.20.1.2023

Courtes nouvelles à la manière de Félix Fénéon.

Marine Tondelier, la cheffe des Verts, hier, à Paris, à la manif sur les retraites a osé : « Plus les riches sont riches et plus les pauvres sont pauvres… » Plus il fait froid et moins il fait chaud, aurait renchéri Sandrine.

À Montpellier, un dénommé Saturnin, SEDF (sans emploi ni domicile fixe) , a volé un fourgon rempli de matériel sur le tournage de la série « Un si grand soleil ». Cinéphile, Il avait froid, s’est-il excusé.

Un homme armé, aperçu près d’une banque à Lodève, s’est rendu au musée de la ville avec une arme de collection. Au dépôt, il a reconnu les faits tout en invoquant son innocence.

Après s’être échappé de la prison de Béziers et fait du stop, à défaut de trains bloqués en gare par des grévistes, ce spécialiste du vol à la tire est finalement monté dans une voiture. Elle était hélas ! conduite par des policiers en civil.

Le moment « retraites » chez Guillaume Elner et son équipe du matin sur France Culture.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Me.18.1.2023
 
Moments de vie : Avec Guillaume Elner et son équipe du matin sur France Culture.
 
Ce matin, je me suis levé un peu plus tard que d’habitude. Pendant que je préparais mon petit déjeuner dans la cuisine, j’écoutais la « Matinale » de Guillaume Elner, sur France Culture – déjà bien avancée. Les progrès de la recherche en intelligence artificielle, ses applications concrètes et ses conséquences économiques et sociales, étaient le sujet du jour. Les invités d’Elner contribuaient pour beaucoup à la qualité des échanges. J’écoutais donc attentivement les uns et les autres tout en appréciant la chaleur et les arômes de mon café. Le soleil qui entrait par les grandes baies de la pièce ajoutait au plaisir de l’écoute la douceur de sa lumière. Bref ! J’étais détendu. J’apprenais un « tas de choses » et cela seul me rendait heureux. Jusqu’à ce que l’heure du « journal » sonne. Avec en tête de gondole, bien sûr, la réforme des retraites. La journaliste de service s’est alors longuement étendue sur les manifestations de jeudi, les débats à venir à l’Assemblée Nationale, les rapports de forces politiques… Je commençais à perdre pied quand est venu le moment décisif du micro-trottoir. La perche avait été tendue à un enseignant gréviste très remonté. La retraite à 64 ans était un scandale, s’écriait-il, car ses collègues et lui, à cet âge, seraient trop vieux et de ce fait « coupés » des jeunes générations. Qu’ils ne comprendraient rien aux préoccupations, aux besoins, aux désirs et à la culture de leurs jeunes élèves ; qu’ils seraient en quelque sorte obsolètes. Stupéfait par la débilité du raisonnement qui dynamitait les raisons et les devoirs propres au métier d’enseignant, je me jetai alors inconsidérément sur une dernière tasse de café entre temps devenu hélas tiédasse, imbuvable. Que j’avalai malgré tout au risque d’aggraver des brûlures d’estomac latentes et devenues beaucoup trop sensibles aux médiocrités du « temps ». Je m’étais pourtant promis d’y rester indifférent. Mais voilà, deux, trois minutes d’inattention avaient suffi pour y céder.
Demain, donc, je garderai ma petite fille Mila. Ses enseignants font grève et son école sera fermée. Elle aura onze ans dans les prochains jours. Pour rester le plus longtemps possible auprès d’elle, de son grand frère et sa grande sœur, je suis attentif à l’évolution de leurs mœurs sociétales et culturelles. Elles ne sont pas forcément à mon goût, mais je fais l’effort de les comprendre. Je pense aussi leur transmettre une part de ce que je sais ou crois savoir du monde. On s’apprend, pour tout dire. C’est ce que j’aurais aimé pouvoir dire à ce jeune enseignant révolté entendu ce matin. Je lui aurais dit aussi, qu’à la réflexion, je le trouvais bien « vieux » pour son âge ; que je me sentais plus fort et plus jeune que lui. Et que je plaignais ses enfants de l’avoir pour maître.