Lire André Blanchard, un dimanche: « Et ne nous faîtes pas honte, hein, votez bien! »

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« Ni fielleux, ni bilieux, il joue jusqu’au bout du rouleau la partition du désespoir gai, du nihilisme fugueur. Il est rare qu’on sente autant, en pleine lecture, la chance qu’on a d’être un lecteur. » C’est pour ces lignes de Beigbeder, que je lis en ce moment, le matin, tôt de préférence, les derniers « carnets 2009-2011 » d’André Blanchard publiés sous le titre « À la demande générale », aux éditions « Le Dilettante ». On y trouve ceci, à la page 101 :

Pierre Mauroy est mort, une certaine gauche aussi !

 

 

 

 

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Pierre Mauroy est mort ! Qu’on le laisse en paix. Il voulait, avec ses amis et ses camarades  » Changer la vie  » des français. On sait ce qu’il advint deux ans après que les  » Lumières  » eurent vaincus   » les Ténèbres « . L’homme avait du panache et de la gentillesse, naturellement. On ne le voyait pas aller s’encanailler dans quelque Carlton exotique, ouvrir un compte dans un paradis fiscal ou ne plus mettre sa Cartier au poignet pour présenter aux journalistes une modeste Swatch. Professeur de collège technique, il n’avait pas non plus l’arrogance propre aux énarques et polytechniciens qui ont investi le vieux parti socialiste dans les années 70-80 pour lui inculquer la culture des temps d’aujourd’hui. Une culture de grande consommation à base de gadgets produits incessamment par l’industrie médiatique. Cette nouvelle bourgeoisie désormais aux commandes pense entre Roland Garros, Cannes et Laurent Ruquier. Elle fait foule pendant des nuits  » blanches  » et s’étale sur le sable de Paris Plage; et quand elle parle du peuple et de ses souffrances, ses mots sonnent comme sonnent ceux d’animateurs de télé marketés , faux . Avec la mort de Pierre Mauroy, après celle de George Marchais, c’est tout un pan de l’histoire politique et culturelle de ce pays qui s’écroule. Qui, aujourd’hui, à gauche peut encore se réclamer de ce mouvement ouvrier là ? Hollande et ses amis ? Faut-il le regretter pour autant ? L’histoire est ainsi faite qu’elle se reproduit toujours sous la forme d’une farce. Laissons là donc elle aussi en paix. Devant nous se profile un autre horizon marqué par un continent Europe qui ne représente plus que 7 % de la population mondiale,  produit 25 % du PIB et doit financer 50 % des dépenses sociales mondiales. Le paradoxe de la gauche au pouvoir aujourd’hui est d’engager des réformes de structures qu’elle refusait hier pour adapter notre pays à cette nouvelle réalité du monde. Une gauche désormais clairement engagée sur la voie du social libéralisme… Si loin de celle dont a longtemps rêvé Pierre Mauroy !

Mais qu’ils sont cons !

 

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Vraiment, qu’ils sont cons ! Encore sous le choc de la  mort dramatique du jeune Clément, tué par un groupuscule de fous furieux au QI de punaise et à la nuque raide, et au lieu d’exiger l’arrestation, le jugement et une sanction exemplaire de ces nazillons connus des services de police, on lit, sur Facebook et ailleurs sur le Net, on entend, sur les ondes et à la télé, des Ber et des Verts, que les responsables de ce crime odieux seraient les manifestants contre la loi Taubira, la droite, les cathos, Marine le Pen et que sais je encore… Pour ceux qui prétendaient vouloir pacifier des relations sociales tendues à l’extrême par leurs prédécesseurs, se lancer dans de pareils amalgames alors que les difficultés de toute sorte s’aggravent, que le chômage grimpe et que des sacrifices sont tous les jours demandés aux français, c’est tout simplement, je me répète, con. Cyniquement con! J’ajoute qu’à ce niveau de bêtise intéressée, l’instrumentalisation politique de la mort de Clément par nos professeurs de vertu n’a d’égale que la débilité mortifère de ses assassins… 

Pathétiques primaires à l’UMP !

 

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Cette dernière semaine se sont déroulées les primaires de l’UMP pour désigner celui ou celle qui affrontera la candidate désignée à la succession de Bernard Delanoë, Anne Hidalgo. A cette heure, on ne connait pas le résultat du vote des militants. La seule chose que l’on sache est que cette consultation fut et restera comme la marque des tensions idéologiques et culturelles qui traversent ce parti. Peu importe qui en sortira vainqueur, le résultat est pathétique… Contestations, bugs, fraudes pour certains ; et la presse, ravie, appelée en témoin intéressé…comme Marine le Pen, ce matin , sur Radio Classique, aux anges, si on peut dire… Sans vouloir jouer les devins, je prédisais ce scénario. Paris est en effet la scène emblématique d’un combat qui n’est pas seulement celui des ambitions et des talents. J’écrivais ceci le 22 mai: 

 » Tout juste commence-t-on a mesurer l’amplitude des tensions et des clivages idéologiques au sein de l’UMP. Le  » débat  » sur le mariage pour tous , la mobilisation de la quasi totalité des troupes militantes et de nombre de ses élus pour en empêcher le vote, témoignent à l’évidence d’un repli conservateur ( au sens politique du rejet du libéralisme, à tout le moins sur les moeurs et les valeurs ) . L’offensive, en interne, des tenants d’une ligne droitière affirmée sont à la manoeuvre et tente de conquérir des positions de pouvoir ou de faire battre des personnalités de sensibilité libérale. Paris et les primaires pour désigner le candidat ou la candidate de l’UMP pour tenter de ravir la mairie au PS, sont , à cet égard, particulièrement emblématiques de cette lutte fratricide. Le jeune leader de la  » Droite forte « , G. Peltier, vient ainsi d’appeler tout récemment ses soutiens à tout faire pour que NKMorizet n’ait pas l’investiture de son parti. Ce qui, compte tenu du faible engouement des militants pour ces primaires et de la forte mobilisation des anti NKM risque fort de se produire; et assurerait de ce fait l’élection d’Hidalgo quasiment sans combat. Les  » chefs  » de l’UMP ont perçu le danger et ont illico condamné cette manoeuvre. Mais au delà de la scène parisienne, se joue en réalité un autre combat beaucoup plus important pour l’avenir de ce parti: celui des tenants d’une ligne  » à droite toute « , qui veulent faire la jonction avec des thématiques jusqu’ici exclusivement proposées par Marine Le Pen, et ceux qui, tout en prenant en compte ces dernières, veulent  préserver son noyau libéral, y compris sur le plan des moeurs… Les investitures pour les prochaines municipales seront un test grandeur nature du rapport de force entre ces deux grands courants, sous la pression des organisateurs des grandes manifs contre le mariage pour tous; voire la naissance d’une sorte de Tea Party à la française. Décidément, on n’a pas fini d’en parler ! « 

Je ne retire ni n’ajoute une seule ligne

Leipzig, Rodez, Bruxelles, Paris ou la trajectoire du flou .

 

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Longue séquence allemande pour Hollande. Leipzig la semaine dernière; Paris, hier, avec Angela; Rodez, mercredi, chez Bosch. Jeudi, il dit à Madame Merkel, qui ne cesse de le répéter, qu’il fallait plus d’intégration européenne, harmoniser nos systèmes fiscaux , la politique sociale, les minima salariaux et améliorer la compétitivité. Elle le prend évidemment aux mots ! Comment comprendre alors, la veille, en Aveyron, qu’il fesse la Commission pour  avoir oser adresser aux pays membres des recommandations allant dans ce sens ? Ce n’est pas Bruxelles qui menace notre souveraineté; mais bien plutôt notre endettement et notre déficit de compétitivité. Sauf à imaginer que notre Président est à l’esprit l’idée saugrenue d’imposer aux Etats membres, par ce qu’il appelle un gouvernement économique européen, nos propres standards sociaux et salariaux, bref notre exceptionnel !!! modèle, pour égaliser les niveaux de compétitivité. La bonne blague! Toujours la même histoire finalement: un discours dans chaque poche. Plus d’Europe à Paris et Bruxelles; et moins à Rodez ou à Brive. Mais a-t-il vraiment le choix ? Ne rien dire contre la Commission à un an des élections européennes, c’est en effet laisser le champ libre aux souverainistes de droite et de gauche, et vivre le cauchemar de 2005 quand il dirigeait le PS… On se met deux secondes à sa place ( oui, j’ose ! ) et on se dit qu’il n’a pas d’autres choix. Un grand écart quasiment imposé.