Hollande et le complexe d’ André Gide.

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Conférence de presse de François Hollande hier, et confirmation d’une manière d’être, qui, comme celle de son prédécesseur, ne me semble pas correspondre à ce qu’attendent les Français d’un chef d’Etat ; mais peut-être que je me trompe. Soit! Disons alors plus précisément que son style ne me convainc pas, même si je lui accorde bien volontiers le relatif courage de privilégier une « stratégie de l’offre », que déteste une grande partie de ses troupes, plutôt qu’une relance de la croissance par la « demande », que réclame nombre de ses soutiens; y compris dans son propre parti. Mais cela est dit d’une telle manière et mis en oeuvre avec si peu de moyens, qu’il réussit le tour de force ne ne convaincre personne; à la seule exception, dans la presse de ce matin, de « Libération » ( Au train où va ce quotidien, qui fit recette dans l’anti-sarkozisme primaire et secondaire, je ne donne pas cher de sa survie économique…). Pour en revenir à son style, ou à sa méthode, c’est le terme (!) préféré de nos éditorialistes, je ne saurais mieux le décrire que ne le fait Simon Leys dans son abécédaire consacré à une de nos « icônes » du monde littéraire. Je le cite: ( « Son indécision, ses vacillements, ses hésitations et ses contradictions étaient légendaires parmi ces intimes. Avec lui nulle décision, n’était jamais ferme, ni définitive; parfois, d’une même haleine, il réussissait à opter simultanément pour une ligne d’action et pour son exact opposé…l’ambiguïté était son élément naturel, il se complaisaient dans l’équivoque… chaque affirmation étant tempérée d’une réserve, et chaque réserve remise en question par une réflexion après coup, qu’il était impossible de savoir s’il approuvait ou désapprouvait la thèse.  Il adoptait cette même attitude à l’égard de toutes les questions grandes et petites…  il eût certainement souscrit à cette antique sagesse persane : « quand vous entrez dans une maison observez toujours où est la sortie. » Plus profondément  cependant, son indécision permanente reflétait son refus de choisir car chaque choix entraîne un sacrifice et une perte… Il opposait le mot de Stendhal: « J’ai deux manières d’être: un bon moyen d’éviter l’erreur. »  pages 111 et 115 de l’édition Folio: voir image ) On aura deviné qu’il s’agit là de celui qui régnât longtemps sur les « Lettres française », l’auteur des « Faux monneyeurs »: André Gide! 

 

Des élus transparents ?

 

 

 

 

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En me rasant, tous les matins, contrairement à d’autres, je ne me rêve pas assis dans le fauteuil occupé par Jacques Bascou, le maire de ma petite et charmante ville qu’il prétend « faire grande ». Je note en passant que la communication institutionnelle en dit souvent plus sur ses commanditaires que sur les objectifs et les réalisations politiques qu’elle est censée promouvoir. Pour comprendre la personnalité d’un G. Frêche, rien de mieux que l’examen de ses campagnes publicitaires successives, par exemple. Mais ce n’est pas le sujet de ce billet… Je disais donc qu’en me rasant ce matin, j’écoutais distraitement une nommée Carlotti, qui, paraît-il est ministre, jusqu’à ce qu’elle prononce cette phrase de haute teneur philosophique : » les électeurs veulent des élus transparents « . Conséquemment, entendant cette énormité, je me suis taillé le menton ( Grrr!) Des élus transparents ! Après leur patrimoine, qui, dans une poussée délirante de déshabillage collectif, s’est avéré plus opaque qu’il ne l’était dans le passé, voilà qu’une dame de cette même confrérie d’élus voudrait que leurs corps et leurs âmes le soient aussi. Des espèces de spectres, en quelque sorte. Des êtres sans formes ni contenus; sans corps, sans rien quoi ! Le vide et l’inconsistance élevés au rang des plus grandes vertus républicaines. Si j’avais été dans ce studio de Radio Classique, j’aurais pu lui dire que ses voeux étaient déjà grandement  réalisés et que les électeurs, contrairement à ses dires, désiraient au contraire plus de consistance, de netteté et de franchise dans l’expression de leurs représentants. Faut dire qu’avec Hollande, ses mots et ses silences, il joint, si cela se pouvait, le vide à l’ambiguité. Je le crois pourtant assuré dans ses convictions. Vraiment! et certainement plus à l’aise avec des chefs d’entreprise qu’aux côtés de manifestants emmenés par la CGT. En héritier politique de Jacques Delors et en pur produit de la haute administration, il sait aussi que celle ci ne connait jamais de rupture… Qu’il s’assume, bon sang! Cet après midi, il conférence devant le quatrième pouvoir. En sortira-t-il avec des habits neufs? Ceux d’un véritable chef d’ Etat, capable de redonner de la confiance à un pays qui n’attend que ça ? J’en doute; mais ne désespère  cependant pas. Je ne suis pas du genre à me réjouir, en effet, de la situation dans laquelle nous sommes; même si elle m’offre, par delà mes colères, l’occasion d’en relever, par l’écriture, son comique et ses absurdités…Comme ce matin! 

Les loups sont entrés dans Paris !

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Incidents pour « le Monde », affrontements, violentes échauffourées, émeutes pour d’autres. Bousculades pour Valls, hier ; incidents graves aujourd’hui. Des voyous, des délinquants, des jeunes des banlieues, des hooligans même, nous dit-il, qu’il espère être durement sanctionnés par la justice

A ces mâles propos, on attend ce qu’en pense Madame Taubira dans son style habituel : « c’est la faute du chômage et de la société qui le crée ». A l’écouter, Manuel, un autre mot était au bord de ses lèvres, qu’il étouffait à grande peine : racaille ! Non, jamais ! Et pourtant, c’est bien elle qui vient de sauter à sa gorge. Comme pour lui donner une leçon. Il ne suffit plus en effet d’édulcorer les mots pour pacifier un état de violence barbare qui ne cesse d’enfler dans nos quartiers, ou de l’imputer au pouvoir d’une droite qui ne l’exerce plus, comme à la seule évolution de la courbe des demandeurs d’emplois dont Hollande nous promet une inversion à laquelle plus personne ne croit. Et puis, souvenons nous ! C’était Ségolène qui prophétisait son explosion si par malheur elle était battue. Son ex à l’Elysée, la voilà qui surgit comme un fauve en pleine « fête » du PSG au Trocadéro. Des bandes entières qui prennent d’assaut des bus et dévalisent leurs occupants. Images terribles tournant en boucle dans toutes les capitales : une nouvelle « idée » d’une « douce France », qui ne l’est plus depuis longtemps. Il fut un temps où ces cohortes d’individus étaient désignées et combattues, sans aucune honte, par les marxistes, comme appartenant au lumpenprolétariat, ce vivier de toutes les formes d’idéologies politiques ou sociales fondées sur la violence. Cela n’est hélas plus possible tant notre société est bourrée de mauvaise conscience au point d’accepter toutes les injures faites à sa culture, sa morale et ses mœurs. Aussi, s’il est ridicule de demander la démission du Ministre de l’Intérieur, son prédécesseur aurait pu se trouver dans la même situation, il est urgent d’enfin nommer les choses et les faits tels qu’ils sont et d’y répondre avec l’arsenal politique, répressif et juridique approprié. Il n’est jamais trop tard, pour la gauche, de retrouver les mots de son patrimoine linguistique, et, pour la droite, de ne plus se sentir coupable de l’être. 

 

De l’ utilité malgré tout des partis.

 

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Mauriac n’était pas fou des partis : « Encombrants, inutiles, ne pouvant plus servir à rien, les partis politiques traditionnels en France ressemblent à ces plantes d’appartements, dans leurs cache-pot énormes, qui ornaient les salons bourgeois de 1895, et que les dentistes de ce temps-là cravataient volontiers d’un ruban rose… Les vieux partis traditionnels français ressemblent de plus en plus à ces chrysalides vides que l’insecte laisse derrière lui, à de diaphanes peaux de serpents, à ces queues coupées de lézards qui remuent encore mais qui n’intéressent plus le lézard » !…Pour autant Mauriac aurait-il salué l’avènement d’une démocratie d’opinion ? Pas sûr. Et moi encore moins! Mais sa critique résonne encore. Il est vrai cependant qu’ils ont changé de forme. Finies les « masses » encartées et formées par des perspectives idéologiques et historiques à des changements de société lourds et radicaux. A présent, ce sont plutôt des organisations d’élus et de collaborateurs d’élus construites comme des machines à conquérir le pouvoir. Ils n’ont plus, ou si peu, ce rôle de lien et d’influence auprès du corps social, que détiennent désormais les grands médias et les instituts de sondage. Quant aux options programmatiques, elles sont élaborées ailleurs : dans des Thinks-Tanks, selon la méthode anglo-saxonne. Accordons leur cependant encore la sélection « d’élites » politiques, dont les plus importantes, pour les partis dits de gouvernement, ont été formées bien avant dans les mêmes grandes écoles (ENA, surtout !). Et puis enfin, dans le cadre d’une démocratie représentative, et malgré tous leurs défauts, ils constituent les seuls vecteurs par où se construisent et circulent les grandes options sociales. Cela dit, les opposants aux « mariages pour tous », récemment, ont démontré qu’un fort courant d’opinion pouvait désormais se passer d’eux. Epiphénomène, qui ne me semble pas remettre en cause fondamentalement cette fonction « d’expression » sociale, qu’elle soit par eux directement  rationnalisée, ou récupérée. Alors certes, Mauriac a des mots toujours d’actualité, mais, comme beaucoup d’autres choses, des partis, on ne peut, décidemment, en démocratie, s’en passer.