Un petit-déjeuner avec la Cie Dérézo au Jardin des Archevêques…

     

Je.9.6.2022

9 heures. Petit déjeuner au Jardin du Palais des Archevêques, à l’invitation du Théâtre Scène Nationale du Grand Narbonne. Une trentaine de personnes étaient installées autour d’un étroit comptoir de forme rectangulaire et deux serveuses-comédiennes : Anaïs Cloarec et Véronique Héliès, vêtues de noir, officiaient dans le grand espace central : l’une blonde au teint clair, ses cheveux nus tirés sur la nuque, l’autre brune de peau, coiffée d’une toque noire. Elles étaient comme les deux figurations opposées, mais unies, de ce temps intermédiaire entre la nuit et le jour, l’ombre et la lumière, la vie et la mort ; ce temps où flotte dans nos esprits encore brumeux « des restes de rêves, des lambeaux de sommeil, la nostalgie des draps ou de la chaleur de la couette » ; où le corps encore engourdi enchaîne les gestes automatiques : l’ouverture d’un journal ou d’une radio pour communier dans les eaux obscures et tumultueuses du monde. Il était donc 9 heures, ce matin, quand a commencé ce vrai-faux petit déjeuner théâtral. Le ciel était sans nuages, mais le vent était fort et froid. Et nous étions parfaitement réveillés, très attentifs à revivre ce temps perdu de nos petits-déjeuner pour le retrouver et le partager en textes et en voix avec ces deux magnifiques comédiennes. Nous avons beaucoup ri et souri. Légèrement, cependant. Comme il convient à table, en bonne compagnie. Celle de Proust, notamment, retrouvant le temps de son enfance à Combray avec une madeleine trempée dans du thé, de Barbara, qui, un matin, partit « au bois cueillir les premières fraises de bois… tant pis pour moi le loup n’y était pas » , et de Lewis Caroll, ou d’Alice, qui parfois croyait « jusqu’à six choses impossibles avant le petit-déjeuner »… Sur les visages autour de nous affleuraient tous les signes d’une belle et saine empathie. La confirmation, en quelque sorte, qu’on « ne partage pas le petit déjeuner avec n’importe qui. » Le prendre ensemble, en effet, c’est partager bien plus qu’un repas. C’est aussi, comme le dit si bien Thierry Bourcy, dans son « petit éloge… » : « saluer comme il convient la journée qui vient de naître, en une manière de carpe diem qui serait comme une prière d’action de grâces. » Ce moment de grâce, Anaïs Cloarec et Véronique Héliès nous l’ont merveilleusement offert. On ne dira jamais assez que l’art, la création et le style ont ce pouvoir de tenir à distance, de sublimer, l’amer du monde. Et c’est plus léger et ouvert que nous nous en sommes allés.

Les prochaines représentations de la Cie Dérézo auront lieu à : Saint-Pierre-la-Mer le vendredi 10 juin – Promenade du front de mer, devant la Mairie annexe ; Sigean, le samedi 11 juin – Jardin public, 50 av. de Perpignan ; Bize-Minervois le dimanche 12 juin – Le Pré, sur les berges de la Cesse.

     

NUPES invente la politique quantique !

 
 
 
 
 
Ils s’appellent C., J., T. N. ou V. et appartiennent à la « petite bourgeoisie intellectuelle » : enseignant, intermittent du spectacle, médecin, fonctionnaire territorial… L’un est socialiste, chacun des autres, séparément : écologiste, communiste ou insoumis, et militent ensemble pour l’élection d’une candidate NUPES et « verte ». Je constate aussi qu’ils ont aussi en commun un rapport très troublant – dans tous les sens du terme – aux faits, à la réalité politique.
Font-ils un jour la promotion de Mélenchon au poste de Premier ministre pour mobiliser les électeurs antisystème, qui souvent s’abstiennent aux législatives, que le lendemain, on les voit battre le rappel de l’électorat du PS et d’EELV, en proclamant le caractère essentiellement local de ces mêmes élections. À croire que celui qui a tordu les bras de leurs partis respectifs en les soumettant à son leadership serait comme le « chat de Schrödinger» dans deux états contraires à plusieurs endroits à la fois !
J’ai beau leur dire que le futur Premier ministre serait Jean-Luc Mélenchon, et personne d’autre, et que cela est écrit dans l’accord de coalition signé au lendemain de l’élection présidentielle par les représentants de tous les partis impliqués, rien n’y fait. Ils jouent l’esquive et plongent dans un univers parallèle où la réalité prend des formes fantasmatiques. Les plus lucides, qui sont les plus malins, cependant, surfent à la godille sur le mouvement dans l’espoir d’obtenir quelques gratifications statutaires ou « symboliques ». Leur morale est simple. Elle se résume à l’axiome énoncé par feu Georges Frêche : « Les électeurs sont des cons ! »
À par ça, le détestable Mélenchon ne sera jamais premier ministre et NUPES n’obtiendra pas une majorité le 19 juin prochain. Mais chaque voix pour un candidat NUPES ne fera hélas ! qu’amplifier son ressentiment, ses frustrations, son agressivité, ses délires et l’autorisera, à la tête de sa « coupole », à contester la légitimité du Président et de sa majorité pour appeler la « rue » à l’insurrection sociale et politique. « La conquête de l’hégémonie politique a un préalable : il faut tout conflictualiser ! » clame-t-il sur les estrades numériques. Le « chaos » est en effet son ordre !
 
 
 
 

Un dimanche en ville : Comment font-ils ces jeunes gens pour vanter NUPES et Mélenchon…

 

Reproduction d’une toile de mon ami hélas décédé Gérard Calvet

 
 
 
 
 
Di.5.6.2022
 
 
Ce matin, me baladant en centre-ville…
Mais comment fait-elle pour refouler sans troubles apparents de conscience sa soumission et celle de son parti – EELV — à LFI, à son chef et à ses ouailles locales, en candidatant pour NUPES ? Et lui, du PS, comment fait-il aussi pour rouler avec Mélenchon et tracter pour celle qui lui refusa sa main aux dernières municipales ? Car enfin, la « vérité » de NUPES, quoiqu’en pense les naïfs et les gogos, est simple. C’est celle imposée par LFI à des partis de gauche « ruinés » lors de la présidentielle et brisés, malaxés, recyclés idéologiquement par la centrale à béton de Mélenchon. Oui, comment font-ils ces jeunes gens, me disais-je, pour promouvoir de fait et sans émoi, cet admirateur de Chavez et de Poutine (un peu moins à présent ! Et pour cause) pour diriger le gouvernement de la France, sortir de l’Europe et de l’OTAN et bâtir des alliances stratégiques avec la Russie ; comment font-ils pour laisser croire à une retraite possible à 60 ans et se taire quand sa garde rapprochée Nupesienne reçoit à Paris avec émotion et fierté ce brexiteur enthousiaste et antisémite militant qu’est Jérémy Corbyn, viré de la direction du Parti Travailliste par ses anciens camarades ? Oui ! comment font-ils donc ces jeunes gens pourtant instruits – que je connais ! – pour suivre avec aisance ce rentier de la République à l’intelligence perverse qui cultive, entretient et attise méthodiquement, frustrations, ressentiments et souffrances sociales ?
 
 
 
 
 
 

Le temps retrouvé : Mady Mesplé, salle des Synodes à Narbonne…

 
 
 
 
 
 
 
 
Lu.30.6.2022
 
J’ai le souvenir, toujours vivace, d’avoir vu et entendu Mady Mesplé papoter, après son récital, dans un salon privé jouxtant la salle des Synodes, et l’avoir alors trouvé fatiguée, vieillie, et pour tout dire quelconque. Quelques minutes avant, placé à bonne distance, j’avais pourtant été ébloui par sa prestance, sa légèreté et sa beauté tandis qu’elle chantait, m’émerveillait. Une déesse drapée dans une longue robe ivoire était là, devant moi !

Rue Paul-Louis Courier, je n’ai pas voulu tenter le diable…

 

Rue Paul-Louis Courier, 11100 Narbonne.

 

Je.5.2022

Hier en fin d’après midi, un petit « crochet » sur mon parcours habituel, et me voilà devant cette entrée de garage ou de parc rongée par le temps, soumise à la nature. Fascinant îlot oublié par l’histoire dans une rue pourtant animée… Si d’aventure j’obéissais à mon désir d’y aller voir, que trouverais-je derrière ces deux grands panneaux de bois, me disais-je ? Les ruines d’une ancienne maison sur lesquelles prolifèrent arbres, buissons et « mauvaises » herbes ? Le cadavre d’une très vieille automobile où nichent et grouillent toutes sortes de vies animales ? À ces questions, les deux messages de n’y jamais stationner devant m’interdisaient d’en franchir les limites. Un médecin, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, pouvait, en effet, en sortir. Que j’imaginais vêtu d’une longue tunique noire, une faux à la main. Il était 19 heures. Je ne voulais pas tenter le diable. Aussi, ai-je continué mon chemin…

Notes : Paul-Louis Courier, né le  à Paris et mort assassiné le  près de Véretz, est un écrivain français, excellent traducteur, est également un habile épistolier. Mais il est surtout connu comme polémiste, un polémiste qui eut le tort d’être libéral et anticlérical à l’époque du romantisme et du christianisme renaissants. Une citation, au hasard : « On écrit aujourd’hui assez ordinairement sur les choses qu’on entend le moins. Il n’y a si petit écolier qui ne s’érige en docteur. A voir ce qui s’imprime tous les jours, on dirait que chacun se croit obligé de faire preuve d’ignorance. »