2017, une bonne année de la main gauche !

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Maxime Zecchini et Paul Wittgenstein.

 
 

Connaissez-vous Maxime Zecchini ? Le jeune pianiste vient de signer chez Ad Vitam Records le sixième enregistrement de son anthologie du répertoire pour la main gauche. Le projet paraît un peu fou, voire complètement inoffensif et inutile. Car pourquoi réhabiliter un répertoire qui ne connaîtra qu’un succès de curiosité, ou combler un manque éditorial qui ne répond à aucune attente du public ? Avez-vous déjà croisé quelqu’un vous parlant de son amour brûlant pour ce répertoire ? Moi pas. Un peu comme si on traduisait La recherche du temps perdu en latin : une entreprise colossale certes, mais pourquoi ? pour qui ? Heureusement les vrais artistes ne raisonnent pas comme ça.

Zecchini nous invite à la découverte d’un continent de la littérature pour piano, celle écrite pour la main gauche. Il s’agit parfois d’œuvres spécifiquement créées pour cet appendice mal aimé (à part des gauchers dont je suis), comme les concertos écrits par Britten, Prokofiev et Ravel pour Paul Wittgenstein, frère du philosophe prénommé Ludwig et amputé lors de la première guerre.

Mais l’essentiel est composé de transcriptions d’œuvres écrites à l’origine pour deux mains (Bach, Chopin, Scriabine), ou pour des orchestres (Wagner, Beethoven). La cerise sur le gâteau, le comble de la mise en abyme étant la transcription pour la main gauche du concerto pour la main gauche de Ravel, incluant les parties orchestrales !

Le défi de la virtuosité est parfaitement relevé par Zecchini, je veux dire par là que l’on se demande inmanquablement comment il fait pour jouer toutes ces notes avec une seule main, comment il saute aussi vite des graves aux aigus. Mais l’essentiel n’est pas là. Le répertoire pour la main gauche est écrit différemment. Cette différence d’écriture est audible, et c’est une voix autre, avec sa subtilité et son identité propres que Zecchini parvient à faire sonner sur le clavier.

Dix disques sur le sujet sont annoncés par le pianiste qui, je tiens à le préciser, possède le total usage de sa main droite.

Il y aurait une anthologie à faire des artistes qui, avec d’évidentes limites physiques ont pratiqué leur art au sommet, de Django Reinhardt dont la main gauche était brûlée à Evgen Bavcar le grand photographe aveugle. Avec ses enregistrements, Zecchini écrit ainsi un hommage à l’art prétendument empêché, exprimant à quel point la contrainte est un grand moteur de la créativité.

 

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Aux amis (es) de Contre-Regard, mes vœux pour 2017 !

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À vous, amis (es), visiteurs, lecteurs habituels et « commentateurs » de ce blog – il  existe depuis plus de dix ans déjà ! – je suis heureux de vous présenter mes vœux pour 2017.  Je vous remercie aussi pour votre fidélité et votre tolérance…

Amis lecteurs, je vous souhaite un Joyeux Noël !

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Ce matin, une édifiante expérience – involontaire, je tiens à le préciser. Désirant souhaiter «Joyeux Noël !» à mes lecteurs, j’ai cherché sur Google une image correspondant à mes voeux en tapant cette expression puis Noël tout court.

Le ciel était bleu au dessus du joli petit cimetière de Bages… | Contre-Regard.com

Cimetière de Bages

Cimetière de Bages d’Aude

Samedi, le ciel était bleu au dessus du joli petit cimetière de Bages. L’air était doux aussi. Comme chaque année, nous avons déposé un vase de fleurs blanches au pied du caveau dans lequel repose Bernadette.

P. Chappert-Gaujal et sa cartographie marine au musée de Saint-Cyprien | Contre-Regard.com

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Patrick Chappert-Gaujal expose¹ à Saint-Cyprien, à la Collection François Desnoyer, le fruit d’un travail entrepris en janvier 2011 autour et sur des cartes marines. Sans doute la plus belle de ses expositions, tant par la qualité esthétique des œuvres présentées que dans sa surprenante et « géniale » scénographie. Entièrement plongée dans le noir, cette exposition nous transporte en effet dans une sorte de cabinet de curiosité qui n’offre, de manière faussement paradoxale, d’autres points de repères que d’énigmatiques « cartes » aux figures de continents imaginaires.

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