Chronique de Narbonne l’été. Lire « Le premier de la classe » de Benjamin Crémieux: une enfance narbonnaise…

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Longtemps j’ai écouté, tous les samedis matins, sur France Culture, loin de Narbonne, la ville natale de son père et la mienne, Francis Crémieux et son émission le Monde contemporain, animée conjointement avec Jean de Beer. Deux talents, deux personnalités aux fortes convictions ; deux voix politiquement très opposées et cependant profondément respectueuses l’une de l’autre. Journaliste communiste écarté de l’antenne en novembre 1948 en raison de sa participation à une manifestation devant les studios de la Radiodiffusion française, Francis Crémieux n’est réintégré dans son poste de rédacteur en chef qu’en 1981. Jean de Beer, lui , était gaulliste et chrétien. Ancien secrétaire général du Pen Club français, il est l’auteur de plusieurs essais tel le Tombeau de Jean Giraudoux (1952), une étude sur Montherlant ou l’Homme encombré de Dieu (Grand prix de la critique 1963) et l’Aventure chrétienne, en 1981, sur les débuts du christianisme.

Tous deux ont disparu, mais j’ai encore présente à l’esprit, non la teneur de leurs échanges, bien évidemment, mais la vivacité de ton avec laquelle ils défendaient leurs arguments et  convictions.

Des Guignols de l’info? Je « m’en tape » !…

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Pourquoi ma radio, toujours bloquée sur France Culture ou Radio Classique, avant-hier matin, à 9 heures 30, l’était sur Europe 1? Sous la douche, pourtant, j’ai laissé le flux aller par curiosité. Un supplice, jusqu’à ce que j’en finisse enfin avec ma barbe du jour. À hurler de bêtise. Le sujet traité, en continu, ad nauseam: la fin supposée des Guignols de l’info. Avec, en boucle, les réactions attendues de l’ensemble de la classe politique et médiatique , extrêmes compris: Mélenchon, Collard etc…

Si on se trouve devant une obligation de grandeur, on biaise, on l’évite, on s’écarte …

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Avec des petits trucs pour vivre et des petits trucs pour gagner sa vie, on va au jour le jour. Si on se trouve devant une obligation de grandeur, on biaise, on l’évite, on s’écarte par la tangente. Si on souffre trop, on fait un discours, ou on écoute un discours; car on est peut-être capable d’inventer le truc du téléphone, de la T.S.F. et de l’avion, mais on n’est pas capable de trouver des raisons individuelles de grandeur.

In L’Oiseau bagué. Gallimard/Folio, 1943, p.170.

 

Comment échapper au conformisme intellectuel de notre époque?

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Je viens de lire la critique de Philippe Dagen dans la Matinale du Monde de ce jour. Il nous présente l’œuvre de Mona Hatoum, dont certaines de ses « productions » sont exposées en ce moment même à Beaubourg. Obscur comme il convient quand rien ne peut être dit que de vagues clichés formant le capital intellectuel des amateurs de « performances » ; et inutile, notre critique, spécialiste de l’art contemporain et chroniqueur attitré du Monde, reproduisant dans ses « livraisons » toujours le même texte.  Mais commode ! Il suffit en effet à qui veut parcourir toutes les FIAC du monde et en rapporter ses impressions pour les offrir à ses amis et voisins de bureaux. Un minimum de mots, trois références au surréalisme et à la « vision » forcément révolutionnaire des « créateurs » exposés, et le tour est joué. Voici un échantillon de sa prose lue ce matin:

Les feux de ma Saint Jean d’été…

 

De la terrasse où j’écris ces lignes ne me parviennent que les murmures de quelques rares personnes paressant au bord d’une piscine, les trilles d’oiseaux dont je me désole de ne pas connaître le nom, le bruissement de feuilles d’arbres de diverses espèces qui me sont tout aussi inconnues. Loin des échos de la ville et du monde, à l’abri de la folie et du vacarme qui s’en empareront dès la fin du jour où l’on ne célébrait jadis que la seule victoire de la Lumière; seul ou presque au coeur d’une nature  apaisante, j’attends ce moment où apparaîtront, comme tapis, les premières lueurs ocrées sur la forêt des Albères. Les feux  de ma Saint Jean d’été…