Ce qui demeure.

Elle ne m’a jamais souhaité mon anniversaire.
Je n’oublie jamais le sien.

Elle ne m’a jamais souhaité mon anniversaire.
Je n’oublie jamais le sien.

J’aime ce nom. Rue du Bois Roland. Il sonne juste.
Je la prends souvent. Pour marcher. Pour respirer.
Des maisons basses. Des murs pâles. Des jardins serrés contre la rue.
Devant l’une, les belles de nuit débordent. Fleurs, graines.
Petites perles noires tombées sur le trottoir.
J’en ramasse. J’en sèmerai autour de ma cabane.
« Pardon Monsieur ! »
Voix claire. Une femme âgée dans un fauteuil roulant. Un homme la pousse.
Le bras droit immobile. Les yeux, vivants.
Elle me sourit. On s’excuse ensemble.
Plus loin, une maison bleue.
Le portail, les persiennes, les fleurs. Tout bleu.
Je touche les branches. Fines. Fraîches.
« Pardon Monsieur ! »
Encore elle. Même sourire.
— Je cherchais des graines.
— Il n’en fait pas, dit-elle. Mais je peux vous faire des boutures.
Un pot. Oui.
Elle ouvre son portail.
— N’oubliez pas.
Je promets. Le vent se lève.
Les fleurs bougent. Le bleu tremble un peu.
Et je me dis qu’il suffit d’un geste offert
pour que la vie reparte.

Jeudi 25 Septembre.
Madame H va mieux. Il y a quelques jours encore, on la relevait du carrelage froid, on l’aidait à retrouver son souffle, on mesurait sa fièvre. Aujourd’hui, elle est assise à sa table, un bouquet de fleurs devant elle. Elle observe, respire, sourit.

C’était dans les années 2000. À Moux, dans les Corbières. Là que j’ai rencontré Serge Griggio. Dans son atelier : l’ancienne épicerie du village. Aux murs, une série de toiles : « Dyptique Griggio Pirotte ». Pirotte ! Pirotte admiré. Ici, lu, commenté. En plein cœur des Corbières. Ma surprise fut grande.

Le retour d’un certain M. Fabre
À propos du livre d’Alexandre Moatti : Un certain M. Fabre – Valéry, Gide, Aragon et les autres… Éditions HD.
Lucien Fabre.
Un nom qu’on croit inventé. Et pourtant.
Goncourté, publié chez Gallimard, ami de Valéry, en délicatesse avec Einstein, flingué par Gide, haï par Aragon, courtisé par Blum, puis… effacé. Rayé des mémoires. Un de ces météores de la IIIe République qui brillent dans tous les sens avant de se consumer sans bruit.
Alexandre Moatti en fait un livre rare : ni biographie, ni panégyrique, mais une quête fraternelle. Le récit d’un homme d’aujourd’hui qui suit la trace d’un homme d’hier, par empathie plus que par nostalgie. Ce n’est pas une réhabilitation, c’est une conversation.