Madame H va mieux. Il y a quelques jours encore, on la relevait du carrelage froid, on l’aidait à retrouver son souffle, on mesurait sa fièvre. Aujourd’hui, elle est assise à sa table, un bouquet de fleurs devant elle. Elle observe, respire, sourit.
C’était dans les années 2000. À Moux, dans les Corbières. Là que j’ai rencontré Serge Griggio. Dans son atelier : l’ancienne épicerie du village. Aux murs, une série de toiles : « Dyptique Griggio Pirotte ». Pirotte ! Pirotte admiré. Ici, lu, commenté. En plein cœur des Corbières. Ma surprise fut grande.
À propos du livre d’Alexandre Moatti : Un certain M. Fabre – Valéry, Gide, Aragon et les autres… Éditions HD.
Lucien Fabre. Un nom qu’on croit inventé. Et pourtant. Goncourté, publié chez Gallimard, ami de Valéry, en délicatesse avec Einstein, flingué par Gide, haï par Aragon, courtisé par Blum, puis… effacé. Rayé des mémoires. Un de ces météores de la IIIe République qui brillent dans tous les sens avant de se consumer sans bruit.
Alexandre Moatti en fait un livre rare : ni biographie, ni panégyrique, mais une quête fraternelle. Le récit d’un homme d’aujourd’hui qui suit la trace d’un homme d’hier, par empathie plus que par nostalgie. Ce n’est pas une réhabilitation, c’est une conversation.
Il passe tous les jours devant ma cabane. Vers quinze heures. Trente ans peut-être. Blond. Le visage doux. Il dit « Bonjour » sans insister. Toujours avec la même jeune fille. Discrète. Ils se ressemblent. Il tire une petite remorque. Parasols, chaises, serviettes. Et tout ce qu’il faut pour pêcher. Sur la plage, ils s’installent un peu à l’écart. Ils se baignent. Moins que les autres. Lui, il prend un masque et un tuba. Il part loin, chercher des appâts. Elle l’attend. Puis lui caresse les cheveux. Il rêve. Quand la plage se vide, il plante ses cannes dans le sable. Lentement. Seul. Parfois il prend deux dorades. Trois, rarement plus. Ce soir-là, le ciel était rose, lavé de bleu. Benjamin ne bougeait presque pas. Ses gestes épousaient le murmure des vagues. Il respirait avec la mer. C’était le dernier souffle du jour.
Déjeuner à l’Auberge des Jacobins. Nous y avons nos habitudes. Vanessa est à l’accueil. André est en cuisine. Ils sont jeunes. Ils sont sympathiques. La cuisine est simple. Les prix sont […]
Hier matin, boulevard Gambetta. M… Avec lui, c’est comme ouvrir une radio. Toujours la même musique : ce qui casse, ce qui brûle, ce qui rate. Le reste, ce qui fonctionne, ce qui tient encore debout, […]
Il était assis là, droit comme il pouvait encore l’être. Une doudoune, un souffle un peu court, les gestes comptés. Sur ses genoux, un petit chien. Léger. Silencieux. Les yeux tournés vers la porte, […]
Je croyais que la culture était un bien commun. Une respiration. Je découvre qu’elle est surtout un territoire. À défendre. À verrouiller. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime […]