Le refoulé du Crédit Lyonnais.

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Il  serait quand même temps de rappeler un certain nombre de vérités à tous ces professionnels de la bonne conscience sociale et politique satisfaite de ses bonnes intentions et oublieuse de ses turpitudes. Ainsi à propos du Resolution Loans Trust (RTC), qui va reprendre les crédits douteux des établissements financiers aux Etats-Unis, ne manque-t-on pas d’ironiser à gauche en rappelant ( ils feraient mieux de se taire ) que Busch agit comme Mitterand l’avait fait en créant un Consortium de Réalisation (CDR) pour éviter la faillite du Crédit Lyonnais. Et de préciser– sans réfléchir – « c’est la nationalisation des pertes après la privatisation des profits ! » Comme si les pertes d’ une banque nationalisée française devaient être payées par quelqu’un d’autre que le contribuable! Avec cependant une différence notable  » …Fannie Mae et Freddy Mac ont été renationalisés par un Etat libéral APRES une crise systémique, alors que le CDR a été établi par un Etat socialiste pour défaire les investissements hasardeux propres d’un Crédit Lyonnais déjà nationalisé. Il était piloté par un membre de la Noblesse d’Etat lui aussi socialiste… Des deux côtés, pas plus de contrôle ! Caste d’Etat ou caste libérale, même résutats.  »  ( Cf le blog Fugue et Fouge, lire aussi le reste de l’article,épatant!… ) Sauf que, pour contrer la libérale on peut recourir à L’Etat alors que pour la première, nichée au coeur même de l’Etat central, entre caste et copinage elle déconsidère l’Etat et la politique . Cela dit, les dirigeants du Crédit Lyonnais de l’époque ont écopé d’une amende de 53 000 euros !!!, le directeur du Trésor dirige la BCE et les ministres des Finances font toujours carrière. Une conception très française de la morale dans  les affaires dès lors qu’elles sont entre les mains d’une côterie dont les bonnes intentions sociales l’absolvent de tout crime ou délit. Aux Etats-Unis, aujourd’hui, le FBI enquête…

Démocrate et républicain à la fois…

Un article paru dans le Monde qui sort du brouhaha quotidien sur la crise financière américaine. Extraits:

 » L ‘Amérique croit fondamentalement à son capitalisme.Les citoyens américains pensent cependant que celui-ci a désormais besoin de plus de régulation et que l’absence de contrôle des institutions financières a mené à la crise. 62% partagent cet avis selon un sondage du Los Angeles Times. Les citoyens soutiennent le plan du gouvernement pour sauver Wall Street et les institutions financières aux deux tiers environ, soit au-delà des frontières partisanes (enquêtes du Pew Research Center ou de CNN) « 

 » Structurellement » comme disent les sondeurs américains, l’opinion penche en faveur des idées démocrates, dans le sens où la crise actuelle renforce l’idée du besoin de régulation. Mais « pratiquement », les citoyens américains refusent de payer ce plan avec leurs impôts, toutes tendances confondues. En ce sens ils restent attachés au « tax-cut » versant républicain »

« 
Il n’est pas sûr que le discours dramatique sur l’économie soit une bonne chose outre-Atlantique. C’est une posture tactique. Mais cela ne correspond pas à l’état d’esprit profond des habitants. Les Américains restent des optimistes invétérés lorsqu’il s’agit de la confiance en leur pays. Ils le montrent aujourd’hui dans le domaine de l’économie« 

A l’exception de la première et deux dernières phrases, il aurait pu être écrit sur la France.

La leçon de Freddie et de Fanny.

Tous les médias et leurs chroniqueurs économiques se gaussent de la nationalisation de fait de Freddie Mac et Fanny Mae par  » l’administration Busch  » qui serait, au pays de  » l’ultra libéralisme « , la manifestation d’une  » divine surprise  » anti-libérale ou une ruse de la raison prouvant la nécessité d’un Etat interventionniste et salvateur. Mais, ce que ne nous disent pas les mêmes, c’est que Fanny et Freddie étaient des créatures hybrides créées de toutes pièces par l’Etat et légalement tenues de s’occuper exclusivement de refinancement de prêts immobiliers sous contrôle de l’État fédéral, en contrepartie d’avantages fiscaux. Etablissements qui, bien qu’étant officiellement privés, été considérés, du fait de leur tutelle publique et de leur rôle social ( augmenter le taux de propriétaires de logement parmi les populations à faible revenu, et notamment les minorités ) comme bénéficiant d’une garantie implicite du Trésor américain ! Contrairement à ce que prétend la vulgate médiatique, la chute de ces deux institutions est plus un constat de faillite de ce type de régulation que celui d’un marché ultralibéralisé. Marché sans régulation étatique qui n’existe que dans les fantasmes idéologiques des ultra-libéraux et des commentateurs politiques et économiques français. De nouvelles règles d’intervention sur les marchés financiers sont donc, à l’évidence et urgemment à mettre en place. Et pas seulement aux USA.

Un languedoc-Roussillon pauvre et inégalitaire.




Carte
: taux de pauvreté par département
.

Profitons de ce mois d’Août pour réfléchir sérieusement à la réalité sociale et économique de la région Languedoc-Roussillon présentée, par son Président, ses amis et ses inconditionnels soutiens, comme la première de la classe. Précisons aussi, comme je l’ai déjà fait dans des billets précédents, que le tableau figurant ci-dessus aurait pu être présenté en 1990 ou en 2000, pendant le mandat de Jacques Blanc. Et qu’il sera toujours d’actualité à la fin de celui de G. Frêche. J’en fait le pari aujourdhui. Tout cela pour dire enfin que, sur ces questions, pour ce faire une opinion, disons informée, mieux vaut ne pas lire la presse régionale et les bulletins de propagande de la collectivité régionale. On sera plus avisé, en effet, d’aller voir les analyses d’un
Olivier Bouba-Olga, par exemple. De faire travailler ses méninges plutôt que de se prélasser sur la plage. Ce qui, j’en conviens, par ces temps de canicule, suppose un esprit de sacrifice plutôt orienté vers la sieste… 

« Si l’on s’accorde sur l’idée que l’objectif économique essentiel de tout territoire est d’assurer à l’ensemble des habitants un niveau de vie élevé et croissant, ces données (celles d’ Insee Première d’octobre 2007
, c’est moi qui précise ) permettent de repérer les régions qui atteignent mieux que d’autres cet objectif, étant entendu que quatre possibilités existent : régions riches égalitaires, régions pauvres égalitaires, régions riches inégalitaires, régions pauvres inégalitaires…

Les quelques calculs que j’ai pu effectuer sur les données Insee disponibles en ligne montrent que la corrélation entre niveaux de vie et degré d’inégalités est mauvaise, au niveau des régions comme au niveau des départements … j’ai donc construit un tableau croisé régions riches/pauvres en ligne (niveau de vie supérieur/inférieur à la moyenne simple), et régions égalitaires/inégalitaires en colonne (rapport interdécile D9/D1 inférieur/supérieur à la moyenne simple). On obtient le tableau suivant :



Régions
« Egalitaires »
« Inégalitaires »
« Pauvres »
 
Auvergne
Champagne-Ardenne
Picardie
Limousin
Poitou-Charentes
Basse-Normandie
Bourgogne
Pays de la Loire
Lorraine
Corse
Languedoc-Roussillon
Midi-Pyrénées
Nord-Pas-de-Calais
« Riches »
Aquitaine
Bretagne
Franche-Comté
Haute-Normandie
Centre
Alsace
Ile-de-France
Provence-Alpes-Côte d’Azur
Rhône-Alpes
 
Aquitaine, Bretagne, Franche-Comté, Haute-Normandie, Centre et Alsace sont, sur la base de ces calculs, les régions les plus performantes. La Corse, le Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Nord-Pas-de-Calais, en revanche… « 

Les faits ( pour Lénine ) et les chiffres ( pour l’Insee )  sont têtus..

L’étau se resserre…



Plutôt que de lire les commentaires ( affigeants ) du commentaire ( navrant ) de Sarko sur la décision de la BCE d’augmenter symboliquement ses taux, deux extraits de la version longue de l’entretien de ( l’excellent ) Jean Quatremer avec l’économiste ( un vrai, ça change! ) Jean Pisani-Ferry, qui dirige le « think tank »
Bruegel, dont le siège est à Bruxelles et qui fut conseiller de Dominique Strauss-Kahn lorsqu’il était ministre des finances

 » Pourquoi la BCE a-t-elle si peur d’une augmentation générale des salaires ?

Un choc pétrolier, c’est un prélèvement extérieur sur le revenu national. Ainsi, en 2007-2008, la totalité des augmentations de revenus générées par la croissance dans l’ensemble de la zone euro va être absorbée par l’alourdissement la facture pétrolière. Si on répercute la hausse du pétrole dans les salaires, cela veut dire qu’on refuse de payer ce prélèvement. Mais ça n’est pas possible. On entre alors dans une spirale inflationniste et, à la fin, on ne gagne rien en terme de revenu parce que l’inflation est un jeu de mistigri à l’intérieur d’une économie qui ne change rien au fait que le prix d’une ressource venue de l’extérieur a augmenté.

La décision de la BCE vous paraît-elle justifiée ?

Elle était inévitable à partir du moment où l’inflation atteint 4%, le double de l’objectif fixé par la Banque centrale, et où certains signes font craindre une remontée des anticipations d’inflation : par exemple, les salaires négociés ont nettement augmenté, particulièrement en Allemagne. Or, la BCE est très attentive aux effets indirects de l’inflation, ce que l’on appelle les « effets de second tour » qui sont susceptibles de s’enclencher dans la zone euro. Reste que ce n’est pas avec 25 points de base en plus qu’elle va combattre l’inflation : la décision d’hier est avant tout un signal. La BCE gère les anticipations en montrant qu’elle est prête à augmenter davantage ses taux pour casser une spirale inflationniste. Elle espère ne pas avoir à le faire. »

Et
Alain Lambert, ancien Ministre,d’enfoncer le clou:  » Nous voudrions que la BCE amortisse notre mauvaise gestion : ça suffit ! La France est, en zone euro, le pays qui dépense le plus et qui alimente lui-même l’inflation. »

Bon! Après cela, une petite sieste et direction la plage…