Ce vendredi matin, le journaliste vedette de RMC, le sieur Bourdin, recevait un personnage inconnu de ses auditeurs et du grand public, un dénommé Pierre Jacquemain, qui fut un temps le conseiller de Myriam El Khomri. Un inconnu qui ne devrait plus l’être, les grands médias se l’arrachant pour l’entendre promouvoir son bouquin : « Ils ont tué la gauche » (Ed. Fayard); un livre dans lequel il raconte que la loi Travail a été conçue puis pilotée par Matignon et Emmanuel Macron.
Disons le tout de suite : je considère que le projet de loi El Khomri, même dans sa version remaniée après des négociations menées par le Premier ministre avec la CFDT et l’UNSA , notamment, va dans le « bon sens ». Disons aussi que, face au blocage de la gauche de la gauche et des frondeurs du PS – archi minoritaire au groupe socialiste de l’Assemblée, mais décidés à tout faire pour dissuader François Hollande de se représenter en 2017 – et au vote contre annoncé de la droite et du centre déjà engagés dans le combat des présidentielles, Hollande et Valls n’avaient pas d’autre choix que de recourir au 49.3.
Ce matin, dans les « Matins de France Culture », le préposé à la revue de presse (1), Nicolas Martin, nous a sorti son dictionnaire des idées reçues pour se gausser des éditorialistes de la presse écrite, nombreux, qui auraient, selon lui, l’outrecuidance de signaler, avec plus ou moins de condescendance, l’essoufflement « d’un mouvement social », selon eux bien mignon, mais ne servant pas à grand-chose, pour ne pas dire à rien.
Myriam El Khomri en visite à Solvay, en février 2016. – KAMIL ZIHNIOGLU/SIPA
Quand même ! dans quel étrange pays vivons-nous. Des syndicats qui appellent à manifester contre un projet de loi El Khomri qui ne les concerne pas : la fédération CGT des services publics (fonctionnaires territoriaux), Sud-PTT, une intersyndicale des praticiens hospitaliers, le Snes-FSU et CGT Éduc’action ; et d’autres d’entreprises du secteur public qui, comme par hasard, les rejoignent aussi dans la grève, ce même jour, mais sur des objectifs propres.
François Hollande et Martine Aubry en visite dans l’usine de Gandrange. REUTERS/Vincent Kessler
Allons vite à l’essentiel! Depuis la sortie de madame Taubira, la gauche du PS – au Parlement, à l’intérieur du parti, et dans la rue bientôt – « la gauche de la gauche » en général et leurs « figures » présidentiables – Aubry, Montebourg, Mélenchon... – font le pari que Hollande ne se représentera pas à la présidentielle de 2017 et qu’il fallait passer à l’offensive pour l’attaquer frontalement sur sa ligne social-libérale en visant son maillon faible, le seul fusible institutionnel disponible: Manuel Valls et les projets que le Président lui demande de mettre en oeuvre.