Patrice Prat, Christophe Cavard, Jean-Claude Perez, Monique Iborra, tous députés de la future grande région LRMP et membres de la majorité à l’Assemblée Nationale, s’élèvent, enfin, contre la proposition de loi Alary projetée à la rentrée. Tous les autres, pour le moment, mal à l’aise mais prudents, se cachent. Aucun d’entre eux, à ma connaissance en tout cas, ne s’est exprimé pour, publiquement, la soutenir. Il est vrai que l’émoi soulevé chez les militants et électeurs de gauche est considérable.
Jean Claude Pérez, le député socialiste de Carcassonne, vient de s’exprimer sur cette modification législative du Code Général des Collectivités Locales qui permettrait de satisfaire les ambitions électorales de Damien Alary et valider l’accord passé avec le PRG pour les prochaines régionales en lui attribuant , si la liste conduite par Carole Delga l’emportait, la présidence déléguée de la future grande région LRMP, qui aujourd’hui n’existe pas.
Damien Alary serait donc le porte-parole du gouvernement et tout le monde l’ignorait. Hier en conférence de presse, seul, il nous a annoncé le maintien, dans ce qui ne sera plus la capitale de feu le Languedoc-Roussillon en janvier 2016, d’un certain nombre de services de l’État à Montpellier. Ce qui était déjà acquis, comme dans d’autres régions. Difficile d’imaginer, en effet, pour de simples et seules raisons de logistique administrative que l’ensemble des services en question, et leurs agents, soient déplacés à Toulouse d’ici 2017.Les raisons politiques, elles, allant évidemment de soi, il n’est pas besoin d’en faire état ici. J’ajoute simplement qu’au delà de cette date, sous l’effet des contraintes budgétaires de l’État et des effets de synergies, qui ne manqueront pas d’apparaître nécessaires, la loi des économies d’échelle devrait se traduire forcément par des mouvements de concentration dans les services de l’État en région … Mais nous n’en sommes pas là!
Le 19 juillet, rendant compte de la délibération votée par le conseil Régional du Languedoc-Roussillon contre le choix fait par le gouvernement de donner à Toulouse le statut de capitale régionale, j’écrivais ceci:
« On se demande, à l’entendre (Damien Alary), s’il est toujours le premier vice-président annoncé de Carole Delga, dans l’hypothèse, très compromise aujourd’hui, où elle serait élue à la tête de la future grande région. À moins qu’il anticipe une reprise des négociations et un accord avec le PRG, qui l’enverrait dans les marges du pouvoir, à la troisième ou quatrième place, pour le plus grand profit de madame Pinel et de Didier Codorniou … Ce qui n’est pas à exclure – voir mon billet sur le sujet. Par cet acte et le soutien des autres élus socialistes, le message ainsi clairement adressé à Solférino serait une fin de non-recevoir. Bref, il souffle comme un vent de panique dans les rangs du PS. Et, chaque jour qui passe, ses concurrents de gauche lui prennent des parts de marché. Un, en particulier, qui n’a pourtant pas encore livré bataille, ni levé d’armée: Philippe Saurel, le Président de la métropole de Montpellier. Mais l’Art de la guerre, n’est-il pas, selon Sun Tzu, de soumettre l’ennemi sans combat… »
Le 27, donc, lors d’une conférence de presse commune, Messieurs Cambadélis et Baylet annoncent s’être mis enfin d’accord sur les points suivants, en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées: Alary sacrifié et relégué à la troisième place, affublé d’un titre honorifique de Président Délégué, et Codorniou exfiltré ou pas dans le 34 (1) comme tête de liste?, à la quatrième, derrières le binôme de tête Carole Delga/Sylvia Pinel. Le scénario que j’avais envisagé, ou à peu près… J’attends maintenant avec impatience les réactions de Damien Alary, qui disait tantôt:
« Il en est hors de question. J’irai au bout du binôme que je forme avec Carole Delga. Je reste dans ce tandem. Je suis favorable à un accord avec le PRG. Mais il ne faut pas un accord à n’importe quel prix. Ce serait une faute politique grave et inacceptable pour le Languedoc-Roussillon »
Et de la tête de liste désignée par les militants socialistes du 34, Hussein Bourgi qui, je crois savoir, était aux premières loges de cette négociation. Ses troupes départementales doivent apprécier!
Philippe Saurel, lui, a réagi illico en annonçant dans la foulée et devant le boulevard électoral qui lui est, de fait, offert:
« Je présenterai des têtes de listes départementales fin août ».
Un dernier sondage donnait 22% au PS et 16% aux Verts et Front de Gauche réunis, et 9% à Philippe Saurel sur son seul nom. Dans cette configuration, Carole Delga, tête de liste du PS, même avec l’apport du PRG est clairement minoritaire à gauche. Autre question, que proposer à la liste Onesta, Front de Gauche réunis, au second tour, les postes clefs au sein de l’exécutif étant déjà répartis entre PS et PRG. Compte tenu du rapport des forces gauche/droite, aujourd’hui, et de l’organisation de campagne des « partis » de feu la gauche-plurielle, la clef de cette élection, dans toutes les hypothèses, sera entre les mains du président de la métropole de Montpellier. Pour une présidence de la Région à gauche … ou à droite.
(1) La tête de liste du PRG dans le 34 devrait être Virginie Rozière… (mis à jour à 13heures 50)
Le Conseil régional du Languedoc-Roussillon s’est prononcé contre le projet de décret qui fixe Toulouse comme « chef-lieu provisoire » de la nouvelle grande Région, ce vendredi 24 juillet. A l’exception de l’opposition de droite (« Les républicains ») et de l’Union centriste qui n’ont pas souhaité « prendre part au vote », des élus divers gauche François Delacroix et Robert Navarro qui se sont abstenus, l’assemblée régionale a émis un « avis défavorable » sur proposition du président socialiste Damien Alary. Un Damien Alary, pourtant encore numéro 2 de la liste socialiste conduite par la « toulousaine » Carole Delga.